Le Prix de la BnF, fondé par Jean-Claude Meyer, président du Cercle de la BnF, a été décerné hier soir à l’écrivaine et dramaturge Hélène Cixous, lors du traditionnel dîner des Mécènes de la Bibliothèque nationale de France.
Qualifiée de « plus grand écrivain vivant de langue française » par le philosophe Jacques Derrida, cette autrice engagée, à l’œuvre littéraire inclassable, succède à Virginie Despentes, lauréate du prix en 2019. Pour Laurence Engel, présidente de la BnF, « C’est cette œuvre que le jury a souhaité récompenser. S’y rencontrent la profondeur d’une réflexion, l’écho d’engagements dans la vie intellectuelle, une recherche intime dans les méandres de la mémoire, une écriture d’une rare poésie. »
Née en 1937 à Oran, Hélène Cixous a publié plus de soixante-dix ouvrages (fictions, essais et pièces de théâtre) depuis la parution en 1967 de son recueil de nouvelles, Le Prénom de Dieu : une œuvre considérable, qui l’impose comme une figure majeure de la littérature contemporaine, et qu’accompagnent de multiples engagements dans la vie intellectuelle de ce temps.
Non-classable, elle agit sur plus d’une scène. Ainsi en 1968, cette brillante universitaire, autrice d’une thèse sur Joyce (L’Exil de James Joyce ou l’Art du remplacement), est-elle chargée de la création de l’Université de Paris 8-Vincennes, où elle enseigne jusqu’en 2005. Elle y institue en 1974 le premier doctorat en Études Féminines, un an avant que ne paraisse le fameux Rire de la Méduse (1975), devenu mondialement un texte culte du féminisme. Depuis 1983, elle anime son Séminaire dans le cadre du Collège international de philosophie.
Des amitiés créatrices qui nourrissent son œuvre et sa vie, sa rencontre avec Jacques Derrida est la plus décisive : il est son premier lecteur, celui avec lequel elle partage de nombreuses activités politiques et intellectuelles, et des publications croisées. Il lui offre sa longue étude H.C. pour la vie, c’est à dire... (2000). Elle écrit pour lui son Portrait de Jacques Derrida en Jeune Saint Juif (2001). D’amicales collaborations vont la lier également à des artistes contemporains, auxquels elle consacre de somptueux essais : de Nancy Spero à Pierre Alechinsky, de Luc Tuymans à Roni Horn, de Simon Hantaï à Adel Abdessemed, etc.
Autrice de théâtre, Hélène Cixous a écrit plusieurs pièces pour Daniel Mesguich, dont L’Histoire qu’on ne connaitra jamais (1994). Elle est surtout l’autrice de nombreux et magnifiques spectacles d’Ariane Mnouchkine et du Théâtre du Soleil, comme L’histoire terrible mais inachevée de Norodom Sihanouk, roi du Cambodge (1985), Tambours sur la digue (1999) ou Les Naufragés du Fol Espoir (2010).
Mais ce sont ses « fictions » qui constituent la part la plus importante de sa création, où l’écriture, travaillant la langue française de façon unique, se déploie entre l’intime et l’Histoire. Son premier roman Dedans, hanté par la mort du père, avait reçu le prix Médicis en 1969. Ses derniers livres renouent de manière bouleversante avec la mémoire maternelle allemande à travers l’évocation de la Shoah, de Gare d’Osnabrück à Jérusalem en 2016, jusqu’aux plus récentes Ruines bien rangées, publiées en 2020. Écriture et lecture sont indissociables, comme en témoignent les Lettres de fuite, premier grand volume de la publication de son Séminaire, aux Editions Gallimard.
En 2000 Hélène Cixous a choisi de faire don de la totalité de ses manuscrits et archives à la Bibliothèque nationale de France : un ensemble monumental qui s’enrichit chaque année de ses nouveaux textes.
Le Prix de la BnF, décerné depuis 2009 à un auteur vivant de langue française pour l’ensemble de son œuvre, est doté d’un montant de 10 000 euros grâce à l’initiative de Jean-Claude Meyer, président du Cercle de la BnF. Le jury est composé de Laurence Engel, présidente de la BnF et présidente du jury, Jean-Claude Meyer, président du Cercle de la BnF et fondateur du prix, Antonin Baudry, Frédéric Beigbeder, Dominique Bona, Jérôme Clément, Antoine Compagnon, Aurélie Filippetti, Georges Lavaudant, Christophe Ono-dit-Biot, Élisabeth Quin et Leïla Slimani.
Philippe Sollers (2009), Pierre Guyotat (2010), Patrick Modiano (2011), Milan Kundera (2012), Yves Bonnefoy (2013), Mona Ozouf (2014), Michel Houellebecq (2015), Jean Echenoz (2016), Paul Veyne (2017), Emmanuel Carrère (2018) et Virginie Despentes (2019).
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