Les nouveaux plaisirs minuscules de Philippe Delerm content inlassablement les petits moments de bonheur, saisis dans leur soudaine douceur. Son Trottoir au soleil ( Gallimard) sent bon les saveurs tranquilles et les surprises des jours ordinaires. A lire pour voir la lumière des choses derrière le gris de la vie.
Philippe Delerm n'a pas son pareil pour traquer ces petits riens qui changent tout, ces moments furtifs qui éclairent une journée grise, ces détails qui transforment l'instant anodin en "première gorgée de bière". Le trottoir au soleil ne déroge pas au genre : le dernier livre de Philippe Delerm poursuit cet inventaire des joies simples, avec peut-être un peu plus de gravité.
L’auteur a les tempes qui blanchissent, il voit le temps qui le nargue un peu parfois. Il a soixante ans déjà, heureusement qu’il avait pris de l’avance à savoir se mettre en mode pause. Il devient urgent de ne pas se presser, essentiel de profiter des bonheurs fugitifs de la vie. La mise en jubilation d’un voyage en train, de la dégustation d’une figue ou d’une promenade à Turin sonnent comme les plaisirs qu’il faut retenir à tout prix, sachant que leur abondance sera peut-être sur le déclin un jour prochain
Les textes sont courts, à peine plus de deux pages, et Philippe Delerm, y concentre l’essence du souvenir évoqué : un ballon jaune envolé dans le ciel au campo Formio à Venise, une impression d’immensité saharienne sur un chemin côtier, la mouillure d’un sexe féminin, un café bu dans un verre, la volupté de s’affaler dans un fauteuil… Chaque fois, une saynète, une émotion, arrêt sur image… et la page qui raconte. Le lecteur est le complice d’un « on » souvent employé, comme pour suggérer que nous aussi, nous comprenons chacune de ces allusions, qui de banales en deviennent universelles. Qui n’a jamais goûté au délice de secouer sa serviette sur la plage ? Lequel d’entre nous n’a pas succombé à l’appel du vert mentholé des fauteuils du jardin du Luxembourg jusqu’au soleil du soir tombant ?
Philippe Delerm en nous ouvrant la porte de son vocabulaire sensoriel nous donne accès au nôtre. Après avoir lu son livre, notre café n’a plus le même goût, la croûte de notre baguette devient succulente et ce petit morceau de chocolat volé, le meilleur moment de la journée… ici réside le talent de Philippe Delerm : par la contagion de quelques pages, nous entraîner avec lui du côté du soleil, et nous redonner le goût des choses de la vie. Le bonheur est dans le pré, cours-y vite, cours-y vite, … ou alors ne cours pas mais apprends à le regarder, semble-t-il nous dire.
Comme l’écrit Philippe Delerm dans le texte qui donne le titre au livre : « A soixante ans, on a franchi depuis longtemps le solstice d’été… C’est peut être un bon moment pour essayer de garder le meilleur : une goutte de nostalgie s’infiltre au cœur de chaque sensation pour la rendre plus durable et menacée. Alors rester léger dans les instants, avec les mots ». Léger, doux et solaire. Par-dessus les nuages du temps qui passe, et le gris des soucis. Et nous , on dit Merci pour cette jolie philosophie de la vie.
Philippe Delerm, Le trottoir au soleil, Gallimard
Du 27 novembre au 2 décembre 2024 Montreuil accueille le Salon du Livre et de la Presse Jeunesse en Seine-Saint-Denis.
L'écrivain Boualem Sansal d'origine algérienne qui a obtenu récemment la nationalité française, célèbre pour ses critiques en profondeur des d
Les organisateurs du Festival International de la Bande Dessinée d'Angoulême viennent de faire connaître leurs sélections d'ouvrages et o
Vous avez aimé Le Bureau des Légendes et Le Chant du Loup ?