Destins et maisons d'écrivains

George Sand, l'âme de Nohant

Femme de lettre française, George Sand a laissé derrière elle une œuvre romanesque remarquable, assortie de contes, de nouvelles, de pièces théâtrales, de textes autobiographiques et d’une immense correspondance. Elle s’est battue aussi bien pour son indépendance, sa liberté de penser que pour ses aspirations politiques républicaines. Sa littérature est également marquée par ses amours et ses voyages, qui lui inspirent par ailleurs de prolifiques correspondances.  Plus que tout, c'est un lieu, Nohant, qui concentre aujourd'hui l'âme de cette femme de lettres.

Légende photo : George Sand par Nadar ( Collection Musée d'Orsay/photo Wikipedia) et à droite, une vue latérale de Nohant

Une fille de bonne famille

George Sand de son vrai nom Aurore Dupin, descend de l'une des plus grandes familles d'Europe, les Königsmark. Une famille où, par tradition, toutes les filles s'appelaient Aurore. Elle naît à Paris le 1er juillet 1804. Du côté de sa mère, elle a pour grand-père Antoine Delaborde, maître paulmier et maître oiselier, qui vendait des serins et des chardonnerets à Paris, sur le quai aux Oiseaux. Aurore a donc une double ascendance, populaire et aristocratique, qui la marque profondément. Deux origines sociales opposées qui expliquent la personnalité d'Aurore Dupin et son engagement politique à venir. Ayant perdu son père à l’âge de quatre ans, elle grandit à la campagne, auprès de sa grand-mère, à Nohant. Une jeune fille de bonne famille s'élève au couvent. Aurore entre, à Paris, dans celui des Dames augustines anglaises, dont elle sort à seize ans avec une solide connaissance de l'anglais, du goût pour les amitiés féminines et une religiosité diffuse, qui lui donnera toute sa vie une vision passive de Dieu. Elle étudie les sciences et le latin tout en menant une vie champêtre à Nohant et une vie amoureuse agitée qui lui inspirera plusieurs de ses grandes oeuvres.

Une place dans le coeur des grands hommes

En 1822, elle épouse le baron Casimir Dudevant, qu'elle quittera 8 ans plus tard et auront deux enfants. Avec l'accord de son mari, elle quitte Nohant et revient habiter Paris. En 1831, lorsqu'elle eut conquis son indépendance, George Sand chercha d'abord le bonheur dans l’amour.

Le premier de ses amants, Jules Sandeau de 1831 à 1833. Il est de sept ans son cadet. Après leur rencontre au château de Coudray, ils deviennent amants et écrivent en collaboration sous le pseudonyme « Jules Sand », roman « Rose et Blanche » qui permets à Jules Sandeau de relancer sa carrière littéraire. C’est grâce à cette rencontre qu’elle adopte par la suite le pseudonyme de George Sand. Au fil de deux ans, George Sand gagne en notoriété et le couple se fragilise après deux ans de liaison. De 1833 à 1835, le célèbre Alfred de Musset à su conquérir son coeur après leur départ pour Venise. Alfred de Musset, malade, sombre dans l’alcool, leur relation se fragilise aussi. Un appel fatidique au docteur Pagallo, change sa vie et tombe amoureuse de ce dernier. Après quelques temps d’absence, leur relation reprend jusqu’en 1835. Malgré une fin difficile, cette aventure a eu une influence sur les écrits des deux écrivains, « Nuits ». Michel de Bourges, de 1835 à 1837, Une relation passionnelle, qui à la fin connaît de grands sujets de discordes. L’homme devenu froid, plonge George Sand dans des souffrances aussi bien morales que physiques. Frédéric Chopin, une relation bien plus sérieuse dans les alentours d’un amour grandissant et inspirant de 1838 à 1847. Tellement amoureuse qu’elle quitte tous ses amants en 1837 pour rester avec l’homme qu’elle appelait son « Chopinet ». Un voyage lui inspire une de ses oeuvres « Un hiver à Majorque » et un oeuvre dont elle explique les malentendus du couple « Lucrezia Floriani ». Elle s’éloigne du musicien, après une dépression de l’homme. De 1850 à 1865 est Alexandre Manceau, un graveur et auteur dramatique. Leur rencontre déclenche immédiatement une passion sans précédent, il sera pendant plus de 15 ans, un homme dévoué et attaché à la stabilité de leur couple. Des moments difficiles comme en 1860, George Sand tombe gravement malade et part en convalescence à Tamaris, Alexandre Manceau l’accompagne et prends soin d’elle. La romancière follement amoureuse lui prouve son amour en quittant Nohant et ses proches pour s’installer avec lui en à Palaiseau. Il s’éteint en 1865 dans ses bras, cet homme sera son dernier amour. Une vie sentimentale jugée trop scandaleuse et une tenue vestimentaire masculine qui lui fera adopter son pseudonyme masculin dès 1829. 

Légende photo: Le château de Nohant (Berri)  

Premiers succès dans ses premières oeuvres 

En 1832, la véritable année de la consécration pour George Sand qui se fait reconnaître avec grand succès grâce à sa plume. Son premier roman « Indiana » paraît, on parle déjà « du plus beau roman de mœurs qu’on ait publié en France depuis vingt ans ». Un roman sentimental, cette œuvre lyrique fait partie des romans dits « féministes ». L'action se déroule à la fin de la Restauration et au début de la monarchie de Juillet, en Brie et à Paris, ainsi que, à la fin, dans l'île Bourbon (ancien nom de l'île de la Réunion). Peu de temps après, elle publie le roman « Valentine » est le premier des romans champêtres de Sand. Un roman politique qui fait du saint-simonisme appliqué, appelant à la fusion harmonieuse des classes. Dans les deux cas, la cible est le mariage. Dont des nouvelles et poésies, « Le Toast », « La Marquise », « Melchior » et « La Reine Mab » qui ne feront que compléter l’année de sa reconnaissance littéraire et moralisatrice. Elle publia en tout plus de 100 œuvres. Une ampleur et une grande diversité de ses écrits dont contes et nouvelles, pièces de théâtre, articles et critiques politiques, dont vingt-six volumes de correspondances, et des autobiographies de 1834 à 1851. 

Un classique durant cette période: « L’histoire de ma vie », qui a déjà fait paraître ses plus grands romans, entreprend à 43 ans son Histoire de ma vie, elle définit ainsi son futur livre : « C’est une série de souvenirs, de professions de foi et de méditations dans un cadre dont les détails auront quelque poésie et beaucoup de simplicité. Ce ne sera pourtant pas toute ma vie que je révélerai. » Son ambition n’est pas d’inscrire sa vie dans le mouvement de l’Histoire, mais d’offrir le récit d’une existence de femme.

Des rencontres bénéfiques 

Charles Baudelaire, Jules Barbey d'Aurevilly, Henri Guillemin n'ont retenu d'elle que cela, alors que George Sand était au centre de la vie intellectuelle de son époque, accueillant à Nohant-Vic ou à Palaiseau : Liszt, Marie d'Agoult, Balzac, Chopin, Flaubert , Delacroix, et Victor Hugo qui fait la différence car il ne se sont jamais rencontré mais se vouent un respect mutuel. Après de grandes publications littéraires, elle s'est illustrée par un engagement politique actif à partir de 1848, inspirant Alexandre Ledru-Rollin, participant au lancement de trois journaux : « La Cause du peuple », « Le Bulletin de la République », « l'Éclaireur », plaidant auprès de Napoléon III la cause de condamnés, notamment celle de Victor Hugo dont elle admirait l'œuvre et dont elle a tenté d'obtenir la grâce. Elle était au centre de la vie intellectuelle de son époque.

George Sand a écrit pendant quarante-six ans, avec un objectif bien défini, celui de toucher le peuple. Elle a su proposer des des réflexions concrètes, et porteuses d'une grande modernité, à l'époque comme aujourd'hui. Son seul et unique métier: écrire. 
 

Légende photo : Vue de la salle à manger du château de Nohant

Nohant, les racines de George Sand

Construite à la fin du XVIIIe siècle, cette maison de maître et ses dépendances sont acquises par Madame Dupin de Francueil, grand-mère paternelle de George Sand. Très attachée à la campagne berrichonne dans laquelle elle passa son enfance, George Sand a modernisé sa demeure en fonction des évolutions techniques du XIX° siècle, au cœur d’un territoire isolé et resté à l’écart de la modernité. 

Cette maison à Nohant fut un cadre de vie essentiel pour la romancière. Tout au long de son existence, elle s’y entoura de ceux qui lui étaient chers, ses enfants, ses amis berrichons ou parisiens, comme  Franz Liszt, Honoré de Balzac, Eugène Delacroix, Pauline Viardot, Théophile Gautier, Gustave Flaubert…
Nohant fut aussi le lieu où s’installa périodiquement Frédéric Chopin, compositeur emblématique du siècle et compagnon de George Sand durant neuf ans. Il y composa une majeure partie de son œuvre, peut-être la plus aboutie.
Cette demeure fut surtout le cadre du travail d’écriture de George Sand. Auteur prolifique, elle consacra une partie de son œuvre à un combat d’évolution sociale, défendant toute sa vie les valeurs républicaines. George Sand s’impliqua activement dans l’essai de mise en place d’un gouvernement démocratique en 1848.
Femme de son temps au destin exceptionnel, George Sand a fait de la maison de son enfance un lieu convivial et d’émulation artistique intense.  Aujourd'hui, la maison se visite et continue de transmettre l'esprit de liberté de l'écrivaine. 

En savoir plus

>Nohant est ouvert aux visites : plus d'informations sur le site de la maison 

À lire aussi

> Lire en version intégrale Valentine de George Sand

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