Deuxième chapitre du journal de bord tenu par Charlotte Allibert ( Librinova) pour Viabooks pendant la Foire du livre de Francfort. Entre les couloirs et les rendez-vous, l'inquiétude des éditeurs est palpable et la fatigue de participants aussi..!
Le deuxième jour, la fatigue commence déjà à se faire sentir et les cernes à apparaître. Il faut dire que la soirée a été mouvementée, entre cocktails organisés par les maisons d’édition et « after » au Frankfurter Hof !
Entre les rencontres et les rendez-vous « officiels », il est intéressant d’écouter ce qui se dit dans les couloirs pour prendre le pouls de l’édition mondiale… Comme c’est le cas depuis plusieurs années maintenant, Amazon est au cœur des conversations : du conflit avec Hachette à l’annonce de l’arrivée prochaine en Europe de Kindle Unlimited, le géant de la distribution fait parler de lui. Chaque discours le mentionne (parfois sans le nommer) comme un danger pour le secteur, voire comme l’ennemi à combattre…Tout en ayant conscience de son importance dans la vente des livres.
Après tout, les éditeurs ne sont pas à une contradiction près. Quoi qu’il en soit, Kindle Unlimited pose de nombreuses questions, à commencer par celle de la rémunération et de la protection des auteurs. Sur ce sujet brûlant, une déclaration commune a été signée par des organisations européennes du livre de 14 pays de l’UE, rappelant que «le livre est la première industrie culturelle d’Europe » et que « le droit d’auteur n’est pas un ennemi, mais une garantie pour les auteurs et une condition de la circulation des œuvres et de la diversité culturelle», selon Vincent Monadé, président du Centre national français du livre.
Autre sujet d’importance et qui inquiète les éditeurs : l’autoédition. Cette démocratisation de l’accès à la publication peut-elle leur être profitable ? Les avis divergent sans nul doute entre les différentes nationalités. En tous cas, la création d’un espace dédié au sujet à la Foire de Francfort n’a pas posé problème aux éditeurs allemands, qui voient plutôt ce phénomène comme une opportunité : celle de repérer et publier de nouveaux auteurs déjà plébiscités par les lecteurs.
Enfin, un pavé dans la mare lancé par Richard Charkin, de Bloomsbury, qui déclare « Les éditeurs et agents non-anglophones devraient arrêter d’essayer de vendre leurs droits aux éditeurs anglo-saxons : notre marché est déjà saturé de publications ! ». Une déclaration pas forcément très bien accueillie dans une Foire dédiée à la vente de droits… Pourtant, la question a le mérite d’être posée : quand on connaît la grande difficulté qu’il y a à faire publier des titres français en anglais, on peut se demander s’il est pertinent d’investir dans cette activité.
En tant que start-up « sans stand fixe », les couloirs et les cafés sont nos lieux de rencontres et d’échanges, et c’est peut-être bien là, entre deux rendez-vous et autour d’une curry wurst, que de les meilleures idées émergent.
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