« Israéliens, Palestiniens, les cinéastes témoignent »

Rencontre avec Janine Halbreich-Euvrard et Carol Shyman

Avec le livre Israéliens, Palestiniens, les cinéastes témoignent (Riveneuve)préfacé par Leila Shahid, Janine Halbreich-Euvrard et Carol Shyman reviennent sur le festival de cinéma, qui présente tous les deux ans à Paris une programmation exceptionnelle de films conçus par des réalisateurs israéliens et palestiniens. Une confrontation de regards qui ouvre au dialogue du Proche-Orient, dont ce livre, évoque émotions et temps forts. Rencontre avec  deux passsionnées qui osent croire que le cinéma peut aussi devenir une réalité.

Janine Halbreich-Euvrard et Carol Shyman sont les deux organisatrices du festival "Proche-Orient:que peut le cinéma?", qui tous les deux ans, propose à Paris une programmation de films conçus par des réalisateurs israéliens et palestiniens. Toutes deux ont rassemblé dans leur dernier  livre « Israéliens, Palestiniens, les cinéastes témoignent » ( Riveneuve), préfacé par Leila Shahid,  l'ancienne ambassadrice palestinienne auprès de l'Union européenne, les confrontations de 10 ans d'émotions, de rendez-vous qui ont marqué les esprits et le coeur. Que peut le cinéma pour faire avancer l'inextricable blocage du Proche-Orient ? Comment imaginer un nouvel espace d'échange, entre des réalisateurs qui filment avec un talent fou ce qu'ils vivent, ce qu'ils voient ou ce qu'ils  imaginent ? Comment montrer aussi combien l'expression cinématographique est aussi riche d'inspirations, comme un échappatoire pour dépasser les murs et les blocages... Rencontre avec deux passsionnées de cinéma, qui croient que le 7ème art peut faire bouger les lignes d'un conflit sans fin.

Quel a été le point de départ de votre engagement ?

-Janine Halbreich-Euvrard : Dans le milieu des années 70 déjà, j'avais organisé dans le cadre du Festival d'Art Contemporain de Royan, une manifestation de films de Palestine et d'Israël. C'est à ce moment-là que j'avais rencontré Leila Shahid. Ce festival a eu lieu 4 années de suite. Après une interruption de plusieurs années, grâce à ma rencontre avec Gérard et Anne Vaugeois, propriétaires à l'époque du cinéma les 3 Luxembourg, j'ai repris cette manifestation, accompagnée cette fois-ci par Carol Shyman, nous étions donc deux à la programmation. La situation chaotique au Moyen Orient nous détermina à élargir cette manifestation aux cinématographies de toute la région, en gardant cependant toujours comme pivot central le conflit israélo-palestinien. 2015 marquera notre 7è édition, celle-ci étant une biennale.

 Pourquoi avoir créé ce festival?

-Janine Halbreich-Euvrard : Parce que ces pays font beaucoup de films, parce qu'il nous semblait vital de donner la parole aux protagonistes eux-mêmes et de ce fait, d'essayer de contrebalancer l'image souvent fausse que donnent les médias de ces tragédies.

Parlez-nous de votre livre écrit à quatre mains, Israéliens, Palestiniens, les cinéastes témoignent ...

-Janine Halbreich-Euvrard : Celui-ci est le deuxième du genre. Le premier remonte à dix ans, lorsque j'étais partie en Palestine et en Israël à la rencontre d'un certain nombre de cinéastes. Cette fois-ci, en 2014, Carol Shyman et moi avons refait ce périple à deux. Nous avons questionné une vingtaine de cinéastes Israéliens et Palestiniens, le livre est ponctué par mon carnet de route.

Parlez-nous de votre parti-pris éditorial? Pourquoi avoir choisi la forme du carnet de voyages ?

-Janine Halbreich-Euvrard et Carol Shyman : La forme d'un carnet de voyage nous semblait la plus authentique et la plus vivante. L'habitude, tous les soirs, de noter tous les évènements, toutes les rencontres, et la manière nous percevions la situation dans laquelle vivaient ces populations, ceci à notre avis donnait au livre une saveur et une authenticité, une couleur supplémentaire.

Les moments forts de vos voyages?

-Janine Halbreich-Euvrard et Carol Shyman : Des moments forts, il y en a eu tant et tant qu'il est difficile de les classer par ordre d'importance, il est certain que l'émotion variait selon les lieux où nous allions, les camps de réfugiés, les conversations avec nos amis palestiniens, une tristesse nous envahissait souvent. Mais la révolte est aussi une émotion forte et certains "spectacles" dont nous avons été témoins en Israël nous ont émues: le nombre de colonies bâties sur une terre volée, l'arrogance de certains...et puis l'émotion forte et chaleureuse à la rencontre de nos amis israéliens militants qui ont beaucoup, beaucoup de courage. Tout cela se traduit en images, en souvenirs très vivants.

Vos plus beaux souvenirs de festivals ?

-Janine Halbreich-Euvrard et Carol Shyman : Quant aux souvenirs de divers festivals que nous avons organisés, c'est une émotion contenue, bien différente bien sûr de ce que nous avons vécu sur place, mais ce sont aussi des moments très forts, voir et revoir sur la toile nous replonge dans ce que nous avons constaté sur place, l'image sur écran, alors que nous sommes confortablement assis dans une salle parisienne, ne peut que déranger, remuer, bouleverser tout ce que nous avons ressenti là-bas.

Vouss souvenez-vous de moments particulièrement intenses tout au long des différents festivals ?

-Janine Halbreich-Euvrard et Carol Shyman : A travers les six éditions passées, il y a eu les moments très chauds, des confrontations verbales souvent violentes. Ce festival n’a jamais caché ses positions politiques et celles-ci ne font pas plaisir à tout le monde. De l’autre côté, un merveilleux souvenir, une haie d’honneur devant le cinéma et les applaudissements lorsque Stéphane Hessel est arrivé qui l'a suivi jusqu’à dans la salle. C’était l’année de la sortie de son livre, « Indignez-vous ! »

Comment faites-vous les choix de programmation des films ?

-Janine Halbreich-Euvrard et Carol Shyman : Peut-on comparer les douleurs, les humiliations, les terreurs que vivent les populations tant en Palestine, qu'en Iraq ou en Syrie.... En général notre sélection de films contient plus de documentaires, ceux qui ne sont pas typiquement destinés au grand public. Mais il nous arrive de montrer des films de fiction dont Paradise Now de Hany Abu-Assad, en ouverture de l’édition 2005. Ce film a été le premier film de Palestine à être présenté aux Oscars et a réussi à obtenir le Golden Globe pour le meilleur film étranger.

Finalement, avec le recul de 6 éditions de festival, que peut effectivement, selon vous, le cinéma ? Avez-vous le sentiment que les rencontres suscitées ont été utiles ?

-Janine Halbreich-Euvrard et Carol Shyman : Que peut le cinéma....rien et beaucoup, notre but a toujours été de n'être que des courroies de transmission entre les films, les cinéastes et le public. En permettant d'une part aux cinéastes que nous invitons de rencontrer le public, de bavarder avec lui et de l’autre, aux cinéastes de se rencontrer entre eux. Aussi et ce n'est pas des moindre, notre but est à travers les films, les témoignages en direct, de casser les images souvent fausses que donnent les médias de ce conflit sans fin. C'est pour ces raisons bien sûr, qu'il est impératif que les cinéastes continuent à témoigner à travers leurs films, il est impératif aussi que ces films soient distribués et ceci est un appel aux divers distributeurs. 

Quel est le programme du festival cette année, dont il s'agit de la 7e édition ?

-Janine Halbreich-Euvrard et Carol Shyman : Cette année, pour notre 7eme édition chaque soir nous nous embarquerons pour un pays différent, de la Libye et l'Egypte en passant par les pays du Levant jusqu’à l’Iran. Ces projections seront accompagnées par les analyses de spécialistes qui complèteront l’image de chaque pays et sa problématique.

Rendez-vous dans dix ans pour un nouveau livre?

-Janine Halbreich-Euvrard et Carol Shyman : Il y a eu en effet un premier livre il y a dix ans  (Editions Michalon), cette année il y a ce deuxième écrit à quatre mains cette fois, et dans dix ans, In Shaa Allah... où en sera le monde......

En savoir plus

>A lire : Janine Halbreich-Euvrard & Carol Shyman, « Israéliens, Palestiniens, les cinéastes témoignent » (Ed. Riveneuve)

>A voir : Du 20 au 29 novembre 2015 au cinéma Les 3 Luxembourg : Festival Proche Orient : que peut le cinéma? Toute la programmation sur le site du festival ou en téléchargeant le programme via ce lien.

>Visionner une vidéo sur l'édition 2013 du festival

 

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