Alors que son livre « Repulse Bay » (La Grande Ourse), qui a obtenu le prix du Premier roman en Novembre 2013 est en cours d'adaptation cinématographique, Olivier Lebé se livre au jeu du « selfie » pour Viabooks. Un autoportrait au service de la littérature.
Réalisation Annick Geille
Une rue parmi d'autres dans le quartier de Westwood à Los Angeles, à peu près le centre géographique de cette étendue urbaine, centre vide, sans objet, d'une banlieue indéfinie entre le désert et la mer. Paris vous donne l'impression que tout sera toujours là, que la réalité est structurée, solide, irrévocable ; Los Angeles vous rappelle sans cesse au caractère illusoire des apparences. Hier soir, la terre a encore tremblé, des secousses périodiques qui entretiennent en vous le sentiment de l'instabilité et de l'éphémère.
Ne pas le savoir, ne pas y croire, ne pas s'en préoccuper ; se garder en chemin, dans une pratique, dans cet art de la découverte qu'est l'écriture. J'aime la phrase de Marguerite Duras : « Je n'ai jamais écrit croyant le faire, je n'ai jamais aimé croyant aimer...» Il y a quelque années, il y a eu des circonstances, un déclic, un désir que je m'efforce de suivre et de préserver.
Un professeur de français m'avait incité à lire les livres en situation : j'ai donc lu Concert baroque d'Alejo Carpentier sur les ponts de Venise, La Modification de Butor dans le train Paris-Rome, Edgar Poe à la lumière d'une bougie assis sur une tombe dans un cimetière de campagne, Un taxi mauve de Michel Déon sur les différents lieux du livre dans l'ouest de l'Irlande, m'appliquant à commencer ma lecture au moment où l'avion atterrissait à l'aéroport de Shannon, la terminant, une semaine plus tard, lorsque ses roues quittaient la terre irlandaise… On prend les livres très au sérieux quand on a dix-sept ans. On a raison.
Ni déjà, ni enfin. Ça n'a jamais été un projet ou un vieux rêve que d'écrire un roman. J'ai suivi une intuition, souvent avec scepticisme, embarrassé par la vanité de l'entreprise. Et puis, j'ai fini par assumer cette forme, en découvrir toute la complexité, aidé en cela par mes premiers lecteurs.
Comme le suggère le titre, c'est un voyage dans les paradoxes du désir, l'ambivalence du sentiment amoureux. Un voyage dans une ville, Hong Kong, qu'en définitive je préfère peut-être rêver qu'habiter. On n'embrasse jamais que de loin.
"J'avais envie de vivre en Asie depuis longtemps."
"Je suis à mon poste pour voir arriver la dernière vague."
Cette "dernière vague", ne représente pas la fin des temps, mais la fin d'un temps, l'espoir d'une révélation, d'un renouveau de ce qui s'est sclérosé, d'un surcroît de vie qui nous sauverait d'une réalité réduite à l'utilitarisme et au quantitatif.
Mon premier et seul livre à ce jour ; forcément on se demande si on en a un autre en soi, un livre qui vaudrait la peine, animé par une nécessité intérieure véritable, pas simplement parce qu'il faut bien en faire un deuxième. La notion "d'œuvre", aussi intimidante qu'elle soit, renvoie pour moi à l'idée d'un territoire à reconnaître, à arpenter avec obstination, pour le faire sien. Ce territoire, c'est une invention, au sens archéologique du terme, une façon de mettre à jour quelque chose qui vous est destiné, à vous particulièrement…
J'ai écrit Repulse Bay en ligne sur Google Doc (à présent Google Drive depuis 2012), de façon à ne pas être dépendant d'un document "prisonnier" d'un ordinateur. Actuellement, je construis mon prochain livre sur le logiciel Scrivener ; le document est enregistré sur mon ordinateur portable mais sauvegardé automatiquement sur Google Drive. Je prends fréquemment des notes sur mon iPhone qui sont également sauvegardées automatiquement sur mon compte Gmail.
Je viens d'apprendre que Repulse Bay va être traduit en chinois et cela me ravit !
(Propos recueillis par A.G.)
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