Les traits de plume de Daniel Sarfati

« La jeune femme et la mer » de Catherine Meurisse : redevenir soi-même au pays du Soleil Levant

Catherine Meurisse a échappé de justesse à l'attentat de Charlie Hebdo le 7 janvier 2015. Depuis, il lui a fallu réapprendre à vivre, dessiner différemment, trouver de nouveaux horizons. Daniel Sarfati a été transporté par son roman graphique  « La jeune femme et la mer » (Dargaud), qui puise dans le dessin japonais, une inspiration salvatrice.

La dessinatrice Catherine Meurisse est une rescapée.

Arrivée en retard le 7 janvier 2015 à la conférence de rédaction de « Charlie Hebdo », elle échappe de peu au carnage.

Comment recommencer à vivre après un tel traumatisme ?

Comment aller au-delà de la sidération, faire son deuil ?

Il faut se remettre à dessiner.

« La légèreté, c'est tout ce que j'ai perdu le 7 janvier et que j'essaie de retrouver. […] La légèreté, c'est aussi le dessin. »

Changer de lieux, aller très loin.

Changer de culture, changer d’actualité.

Échapper aux commémorations, ne pas être la survivante d’un bataillon décimé.

Être Charlie, oui bien sûr. Mais c’est lourd à porter.

Redevenir simplement Catherine Meurisse.

Catherine Meurisse a quitté Paris, est partie plusieurs mois au Japon et en est revenue avec un magnifique album « La jeune femme et la mer ».

Fini le dessin de presse, une BD enchantée au pays du Soleil Levant.

Une rencontre avec un animal légendaire, le tanuki, qui lui offre des poils de sa queue pour en faire un pinceau.

Un peintre en mal d’inspiration, qui compose de (mauvais) haïkus en attendant de peindre un chef d’œuvre.

Une jeune femme énigmatique qui ausculte les replis de la mer pour prévoir typhons et tempêtes.

Comme Hokusai, qui lorsqu’il peint « La vague », ne fait qu’exprimer l’angoisse du tsunami qui peut tout anéantir.

Catherine Meurisse est un des personnages de cette BD très drôle et au graphisme impeccable :
« Je suis facile à dessiner : grand nez et cheveux raides.»

Certaines vignettes sont du niveau d’un grand maître japonais. Comme autant d’estampes.

Ce livre qu’elle nous offre, où elle dessine toute une flore exotique, est un bouquet qu’elle dépose sur les tombes de ses amis disparus.

Une conjuration au tsunami qui a failli l’emporter.

> Catherine Meurisse (Scénario, Dessin, Couleurs) Isabelle Merlet (Couleurs), La jeune femme et la mer, Dargaud, 11- pages, 24,50 euros >> Pour acheter le livre, cliquer sur ce lien

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Daniel Sarfati est médecin ORL, passionné par le langage, par les signes, la lecture des mots qui s’écrivent, se lisent sur une page ou sur des lèvres, les histoires qui se vivent ou qui s’inventent.
 
 
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