« Avenue du Père-Lachaise »

Monique Blond :« J'aime évoquer les liens qui se tissent par les hasards de la vie »

Dans « Avenue du Père-Lachaise » (Editions Marie Romaine), Monique Blond raconte les destins croisés de plusieurs personnages en quête de vie. Le récit nous mène à leur point de convergence, dans ce cimetière emblématique, en procession derrière un cercueil vide, après d'étranges circonvolutions. Rencontre avec une conteuse des jeux du lien et du hasard.

Monique Blond photographiée chez son éditrice Marie-Romaine Panié © Olivia Phelip Monique Blond photographiée chez son éditrice Marie-Romaine Panié © Olivia Phelip

Drôle d'endroit pour une rencontre ! Le cimetière du Père-Lachaise est un extraordinaire jardin où se croisent endeuillés, curieux et habitués de la promenade. Dans Avenue du Père-Lachaise (Editions Marie Romaine), la journaliste Monique Blond a investi ce lieu mythique. Peuplé de mémoires et d'histoires.

«Il pleut sur le Père-Lachaise. (...) Pour les uns, c'est un temps de chagrin, un temps de larmes. Les autres ne voient là qu'une fâcheuse intempérie qui assombrit un peu leur balade matinale ou leur quête de sépultures célèbres, de mémorial en sarcophage, de cippe en stèle... »

« J'irai aimer sur vos tombes »

Monique Blond, qui avait montré son goût pour les émotions dans son précédent roman Le fils de l'autre ( Il est midi, 2022) revient avec un texte construit comme une série de pastilles, qui mettent en scène quelques personnes, à un instant-clé  de leur existence. Avenue du Père-Lachaise condense plusieurs récits, qui tissent autant les liens entre les protagonistes, que les sentiments qu'ils traversent. Nous sommes loin de l'ambiance de « J'irai cracher sur vos tombes » de Boris Vian. Ici, nous serions plutôt dans un esprit « J'irai aimer sur vos tombes. » Une émouvante traversée entre les destins et les regards.

Nous rencontrons Monique Blond chez son éditrice Marie-Romaine Panié. Elle est heureuse d'évoquer son récit, car son empathie pour ses personnages n'a d'égal que celle qu'elle porte à ses lecteurs.

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Légende photo : Monique Blond chez son éditrice Marie-Romaine Panié. © Olivia Phelip

Viabooks : Vous êtes en train de devenir la romancière du lien ? Racontez-nous...

-Monique Blond : Je suis depuis toujours fascinée par ce qui unit les gens et ce qui constitue leurs liens. Souvent une conjonction entre les hasards de la vie et les histoires individuelles. Il y a des rencontres qui se font, d'autres pas, alors que les personnes se croisent. A quoi cela tient-il ? Une alchimie mystérieuse. C'est donc naturellement que ce sujet m'inspire. Et qu'il s'est invité dans mon ADN d'écrivaine.

Vous avez écrit des nouvelles, puis un roman. Comment qualifiez-vous Avenue du Père-Lachaise ?

-M.B. :  C'est un texte qui se situe entre les deux. Il s'agit de plusieurs histoires imbriquées les unes avec les autres. Chaque histoire repose sur un personnage, qui a son existence propre. Mais on comprend qu'il existe un fil invisible qui les relie, un lien donc ! C'est ce lien qui en fait un roman et non pas un ensemble de nouvelles.

On a l'impression que vous aimez jouer avec votre lecteur. Comment concevez-vous cette relation ?

-M.B. : J'aime entrer en complicité avec le lecteur. C'est pourquoi je laisse traîner des indices qui lui permettent de s'immerger dans le récit et d'imaginer la suite à sa façon. Une suite que j'aime piquer de surprises afin de prendre le lecteur à rebrousse-poil. Parfois, au contraire, je lui apporte plus de fluidité pour l'aider à rester dans l'histoire.

Comment avez-vous travaillé la construction de votre livre ?

-M.B. : Quand j'imagine un roman à récits croisés, il me faut beaucoup m'investir dans sa construction. Je me trouve face à un puzzle, avec ses différentes pièces. J'ai toujours en tête le résultat final, comme dans un tableau. Ensuite, il faut que par touches (pièces) successives, je mette en place les morceaux d'histoires, tout en maintenant la continuité entre elles, de façon à ce que le lecteur soit toujours impliqué. J'aime beaucoup cet exercice. Petit à petit, je laisse glisser des éléments concernant tel ou tel événement à venir. Au fur et à mesure, je retravaille ma construction pour arriver à un juste équilibre entre pièces manquantes/pièces délivrées. 

Comment avez-vous réussi à séparer votre écriture de journaliste dans un magazine féminin de celui de romancière ?

-M.B. : Il y a une opacité entre les deux univers. Même si les deux sont de l'ordre de l'écrit. Pourtant, lorsque le premier requiert effacement et observation, le second demande implication et audace. Ce sont deux postures très différentes. J'apprécie les deux démarches. Elles sont complémentaires.

On note cependant votre intérêt pour certains détails vestimentaires, comme cette paire d'escarpins rouges : un clin d'œil à votre univers de magazine ?

-M.B. : Ils sont tellement significatifs ces escarpins qu'ils figurent en couverture ! Le personnage de Morgane est celui qui pourrait le plus  provenir de l'univers des magazines féminins que je côtoie. Je me suis amusée avec elle à restituer cette attention au look et aux accessoires. Déformation professionnelle !

Quels sont vos maîtres en écriture ?

-M.B. : Mes deux maîtres absolus sont Pierre Lemaître et Jean-Paul Dubois. Le premier pour la puissance de ses constructions dans le récit; le deuxième pour son sens de la psychologie et la manière qu'il a de nous entraîner dans des émotions profondément intimes et parfois bouleversantes. J'apprécie aussi beaucoup des écrivaines comme Sandrine Collette ou Delphine de Vigan. Ainsi que Cécile Coulon, poétesse avant tout.

Pouvez-vous nous parler de votre prochain livre?

-M.B. :  Il s'agira d'un recueil de nouvelles centré sur des récits de vies qui basculent.

> Monique Blond, Avenue du Père-Lachaise, Editions Marie Romaine, 144 pages, 15 euros  >>Pour acheter le livre, cliquer sur ce lien

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