Mario Vargas Llosa : le scribouillard de la liberté

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par Olivia Phélip

Ainsi donc le prix Nobel de littérature 2010 a-t-il été attribué à Mario Vargas Llosa. Un prix que le célèbre auteur péruvien, installé aujourd’hui en Espagne, n’attendait plus...ni les pronostiqueurs, qui n’avaient eu de cesse d’imaginer de nombreux autres noms pour laisser supposer ces dernières heures les succès de Murakami ou de Colum Mac Carthy

 

 
Alors pourquoi ce Prix ? L’Académie du Nobel souligne« la cartographie des structures du pouvoir et ses images aiguisées de la résistance de l'individu, de sa révolte et de son échec », une formule bien compliquée pour évoquer un écrivain engagé, défenseur des libertés, qui a su écrire contre les dictatures,  et contre tous les extrémismes quelque soit leur obédience, même si certains lui reprochent d’avoir adopté des positions récentes moins politiquement « libérales » ( notamment en défendant Berlusconi). 


Pour autant, il semble que le choix de gratifier un auteur hispano- américain de l’honneur suprême ne soit pas gratuit. Par les temps agités et contradictoires que nous connaissons, l’Amérique latine offre un exemple de transformation et de progression positives. C’est aussi la reconnaissance que cette littérature qui correspond à une identité culturelle forte, du Rio Grande à la Terre de Feu, est une littérature de la modernité et de la diversité. Du reste Mario Vargas Llosa a lui-même préfacé le catalogue consacré par Gallimard aux « Bonnes nouvelles de l’Amérique latine », héraut donc d’une culture mixte aux caractéristiques singulières et pourtant fortement résonantes.


Toutefois si l’Amérique latine trouve aussi dans ce prix le reflet de sa propre image, pourquoi l’auteur de Des chiens et des loups  a-t-il été choisi pour l’incarner ? Notre hypothèse est que Llosa est un homme du réel politique, un auteur qui écrit certes raconter des histoires, mais aussi pour témoigner de l’Histoire. On est loin de la poésie ultra-subjective d’Octavio Paz, des imaginaires fantastiques de Jorge Luis Borges ou de cette luxuriance un peu baroque de Gabriel Garcia Marquez.


C’est donc un peu comme si le jury du Prix Nobel avait couronné un représentant d’une littérature « réaliste », en montrant la diversité d'une littérature souvent réduite à son goût pour "les contes magiques". Une reconnaissance qui ne peut que nous satisfaire nous français, puisqu’elle se nourrit du réalisme narratif de Balzac et de Flaubert, écrivains qui inspirèrent Llosa dans de précédents ouvrages. Réaliste. Conscient des combats du monde : tel est  donc le Mario Vargas Llosa sacré par le jury Nobel, en une nécessité de le rassembler sous une bannière unique et  forte.

 

Qu’il nous soit permis de souligner notre attachement à d'autres aspects de l'auteur, tels qu'il les a exprimés dans Tante Julia et le Scribouillard, par exemple, roman semi-autobiographie qui est autant émouvant que bourré d’humour, comme si Llosa oublia alors sa dure condition d’homme dans « la ville », pour oser être « juste » un homme dans la vie. Et peut-être encore davantage un écrivain.

 

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