Hommage

Mort de Martin Amis, auteur de «The Zone of Interest», dont l'adaptation cinématographique vient d'être présentée à Cannes

L'écrivain britannique Martin Amis vient de s'éteindre à 74 ans. Celui que le New York Times avait qualifié de maître du «nouveau désagréable» venait de voir adapté un de ses livres phares, The zone of interest, dans le film éponyme de Jonathan Glazer, présenté en compétition au Festival de Cannes.

Martin Amis, le maître du «nouveau désagréable». Portrait Wikipedia Martin Amis, le maître du «nouveau désagréable». Portrait Wikipedia

La vie est étrange. Alors que son livre majeur The zone of interest (2014) , publié en français sous le titre La Zone d'intérêt ( Paris, Calmann-Lévy, 2015) a été adapté au cinéma par Jonathan Glazer et que le film vient d'être présenté au Festival de Cannes, Martin Amis, son auteur, meurt. Comme si cette zone d'intérêt l'avait emporté à jamais vers la postérité. 

The zone of interest, glaçant et grinçant

Le film de Jonathan Glazer adapté de son livre The zone of Interest  livre un point de vue glaçant sur l’univers concentrationnaire et s’interroge sur les frontières de l’âme humaine. Il suit le quotidien d’une riche famille allemande dont la maison est mitoyenne du camp de concentration d’Auschwitz. Tandis que dans la bâtisse entourée de jardins, le commandant et sa femme jouissent d’un avenir radieux arraché à la fortune des victimes de l’Holocauste, des millions de Juifs d’Europe périssent à leur porte. Martin Amis avait imaginé un ensemble de personnes fictives, bien que réalistes, alors que le cinéaste a travaillé avec des images d'archives et filmé près d'Auschwitz. Mais le propos est là, toujours aussi cinglant et terrifiant. Comment vivre de manière insouciante lorsque l'horreur est à votre porte ? The zone of Interest est à l'image de l'ensemble de l'oeuvre de l'écrivain britannique Martin Amis, qui questionne le monde et son absurde voracité, sa conscience sans conscience. Une oeuvre qui n'a pas hésité à déranger.

Le maître du «nouveau désagréable»

Le travail de Martin Amis se focalise sur les excès apparents de la société occidentale capitaliste, dont il perçoit et satirise l’absurdité par le grotesque et la caricature. Les textes de Martin Amis ont pour décor les sociétés occidentales contemporaines, principalement anglaise et américaine. Son style, d'une grande vivacité, allie humour et cynisme. Le New York Times l'a désigné comme l'un des maîtres du « nouveau désagréable»(new unpleasantness). Selon le Guardian, « tous les critiques ont noté cette "terrible vivacité de style" que déplorait Kingsley Amis... cette constante démonstration de maîtrise de la langue anglaise ; et il est vrai que l'amis-nité de Amis est reconnaissable dans chacun de ses textes, avant même d'arriver au premier point. »

Une vie vouée à l'écriture dans la ligne de son père

Martin Amis, est né le 25 août 1949 à Oxford est mort le 19 mai 2023 à Lake Worth (Floride, États-Unis). Son père était aussi un écrivain reconnu, Kingsley Amis.  Ses livres les plus connus sont Money (1984) et London Fields (1989). Il a reçu le prix James Tait Black Memorial Prize pour son livre autobiographique Experience (2000) et a été nommé deux fois pour le Booker Prize (en 1991 pour Time's Arrow et en 2003 pour Yellow Dog). The zone of interest (2014) , publié en français sous le titre La Zone d'intérêt ( Paris, Calmann-Lévy, 2015) a reçu le Prix du meilleur livre étranger en 2014.  . Inspiré par Saul Bellow, Vladimir Nabokov et James Joyce, ainsi que par son père Kingsley Amis, Martin Amis a fortement influencé à son tour des auteurs britanniques. 

Martin Amis a été jusqu’en 2011 professeur d'écriture créative au Center for New Writing de l'université de Manchester. Le Times l’a désigné en 2008 comme étant l'un des cinquante plus grands écrivains britanniques depuis 1945.

Il meurt le 19 mai 2023 à Lake Worth (Floride, États-Unis).

Le mot de son éditeur Philippe Robinet, directeur des éditions Calmann-Levy

C’est avec une immense tristesse que nous apprenons le décès de Martin Amis, au moment même où triomphe à Cannes le film adapté de The zone of interest. Satiriste, expert en usage de l’ironie. La littérature perd un maître. « La fiction ne connaît nulle loi et sa liberté ne connaît aucune limite. La fiction, c’est la liberté. »

Le photocall de l'équipe du film The zone of Interest à Cannes

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