Résumé
Tout sur ma mère ! Voilà l'autre titre que Karin Tuil aurait pu donner à son troisième roman. Une mère juive, qui plus est, racontée ici avec ses torts et ses travers par sa propre fille. Lectrice pour une maison d'édition d'œuvres érotiques, Emma a trente ans et vit sous l'emprise, la réprobation et l'autorité maternelle. Pas de hasard si son frère s'est installé à New York… Car voilà une mère, Nina Blum, qui ne craint pas l'outrance. Législatrice et misogyne, elle manipule l'impératif, énumère les articles de loi proches de la loi divine, joue d'un arsenal de sanctions morales, alterne chantages et menaces affectifs. Armée du titre de "bonne mère" et de digne veuve, érigée en icône, elle exige de sa fille mariage et procréation, interdit à son fils le divorce et quête sa paternité. Elle harcèle, conseille, juge, fouille la vie privée de ses enfants. Voilà une mère qui serait à la fois celle d'Albert Cohen et de Woody Allen ! Une Madame Lepic doublée d'une Folcoche. Insupportable, bavarde, verbeuse, pesant de tout son poids sur l'autel de la maternité.
Dans Interdit, son précédent roman, Karin Tuil jonglait avec le non-sens et le judaïsme. Avec Du sexe féminin, reprenant la même jonglerie, elle ajoute un sens de l'exagération en poussant le portrait maternel du côté de la caricature. C'est trop, tellement trop qu'on finit toujours par rire. Et au bout de l'exagération, le renversement des situations et des comportements n'est pas la moindre réussite du texte. --Céline Darner