John Grisham surprend ses lecteurs par ce roman qui sort du genre de polars auquel il nous a habitué. La Dernière Récolte tranche avec son œuvre antérieure mais l'auteur prouve à quel point son talent est universel et dépasse la notion de genre. Ce récit, en partie autobiographique, est de toute beauté. Dès les premières pages, on est saisi par la façon simple et convaincante adoptée par l'écrivain pour relater les difficiles conditions de vie de ces "p'tits Blancs" du sud des Etats-Unis, déjà mis en scène à diverses reprises dans la littérature, notamment par Erskine Caldwell ou Harry Crews. Sous la plume de Grisham, les Chandler sont durs à l'ouvrage, bienveillants avec leurs employés, solidaires et partageux malgré leur pauvreté. Le romancier les fait vivre à travers les yeux d'un enfant qui s'éveille à la vie et ne peut pas tout comprendre, en particulier que les lois du marché alliées aux conditions climatiques rendent la profession de fermier très aléatoire. Un témoignage d'une époque qui reste encore d'actualité. --Claude Mesplède