Traquer la beauté au milieu des déchets du monde est l'un des objectifs que s'est fixés l'auteur de La Douleur du dollar et les Orishas, seuls, savent combien cette tâche est immense. Pour bien en prendre la mesure, la petite fille des divinités afro-cubaines débute son ouvrage sur le monologue qu'une graine de Lolita adresse à l'ombre d'un touriste dans le centre historique et partiellement réhabilité de La Havane :
J'ai treize ans mais je ne sais même pas dans quelle étape de ma vie je me trouve, ici on mûrit en un clin d'œil, je ne sais rien de la vie. "Bouge, marche…" Mais mon petit loup, tu t'imagines qu'il y a assez de bouffe, assez de protéines pour ça ? La bidoche, ici, on n'en voit pas la couleur… de toute ma vie, je n'ai jamais vu une seule vache vivante.Ne pas conclure trop vite cependant. La misère, on s'arrange avec, on la contourne discrètement. Mais si l'on quitte la grande place aux façades coloniales flamboyantes et que l'on passe l'église de la Merced, alors tout tombe en ruine. On retrouve l'adolescente traînant ses sandales, une rebelle idéaliste monnayant ses charmes avec le fantôme d'un célèbre poète et tous ceux et celles qui trafiquent les sentiments contre un instant de bonheur.
À travers ces nouvelles écrites entre La Havane et Paris, on retrouve toute la force, la gouaille, la liberté et la poésie de Zoé Valdés. Des histoires dont l'auteur sait extraire la magie, le sordide et le merveilleux, comme un écho lointain aux jeux innocents et parfois cruels de l'enfance. --Stelio Paris