L’écrivain britannique David Lodge, connu notamment pour sa peinture ironique du milieu universitaire, est décédé à l’âge de 89 ans le 1e janvier 2025. « Sa contribution à la culture littéraire a été immense, tant par ses critiques que par ses romans magistraux et emblématiques qui sont déjà devenus des classiques », a écrit son éditrice Liz Foley dans un communiqué. Daniel Sarfati lui rend hommage.
L’écrivain britannique
David Lodge est mort à 89 ans, ce premier janvier.
Je n’aime décidément pas les premiers janvier, morne no man’s land, que l’on se dépêche de franchir pour entamer une nouvelle année.
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David Lodge appartenait à une minorité en Angleterre. Il était catholique.
Il se revendiquait en littérature de deux parrains, également catholiques, Graham Greene ( l’auteur du « Troisième Homme » ) pour la gravité et Evelyn Waugh pour la drôlerie.
Car David Lodge était non seulement drôle et sarcastique, d’une grande cruauté pour les milieux universitaires qu’il avait beaucoup fréquenté, mais aussi d’une grande profondeur sur son rapport au monde.
Son humour dévastateur était un antidote à l’angoisse et à la dépression.
L’écriture, une forme de thérapie.
« Comme Graham Greene, je me dis que si je ne suis pas capable de me sortir de cet état de mélancolie par l’écriture, d’y trouver une sorte d’accomplissement, autant se suicider. »
Or, pour un catholique, se suicider c’est trahir sa foi.
Autant écrire.
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David Lodge a écrit sur le déclin sensoriel et cognitif lié à l’âge, source supplémentaire de dépression chez un intellectuel en panne d’inspiration.
Dans « La vie en sourdine », sorte d’autobiographie tragi-comique, Desmond, professeur de linguistique, perd progressivement l’audition, ne comprend plus un mot de ce qu’on lui dit et répond au petit bonheur la chance.
Ce qui pour un spécialiste du langage, est particulièrement désespérant.
« Les aveugles sont touchants.
Le chien, la canne blanche, les lunettes noires sont des signes visibles de leur infirmité qui suscitent un mouvement spontané de sympathie.
Nous autres durs de la feuille ne disposons d’aucun signe de ce genre susceptible d’induire de la compassion.
Quel serait l’équivalent d’un chien d’aveugle pour un sourd ?
Un perroquet juché sur votre épaule vous répétant en braillant dans votre oreille ce que vous n’avez pas entendu ? »
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L’écriture et la lecture sont une thérapie, même pour les sourds.
Tout est audible devant la page à écrire ou à lire.
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Daniel Sarfati est médecin ORL, passionné par le langage, par les signes, la lecture des mots qui s’écrivent, se lisent sur une page ou sur des lèvres, les histoires qui se vivent ou qui s’inventent.