C'est déjà Noël!

10 bandes dessinées incontournables pour les fêtes

La bande dessinée fait partie de ces indémodables sous le sapin. Qu'il s'agisse de romans graphiques ou de BD traditionnelles, elle séduist toujours. Pour les grands comme pour les petits, pour rire ou s’instruire, retrouvez les 10 albums nouveautés, incontournables de cette fin d’année.

Dans la combi de Thomas Pasquet, Marion Montaigne, (Dargaud)

Le 2 juin dernier, le Français Thomas Pesquet, 38 ans, astronaute, rentrait sur Terre après avoir passé 6 mois dans la Station spatiale internationale. La réalisation d'un rêve d'enfant pour ce type hors-norme qui après avoir été sélectionné parmi 8413 candidats, suivit une formation intense pendant 7 ans, entre Cologne, Moscou, Houston et Baïkonour? Dans cette bande dessinée de reportage, Marion Montaigne raconte avec humour ? Sa marque de fabrique ? Le parcours de ce héros depuis sa sélection, puis sa formation jusqu'à sa mission dans l'ISS et son retour sur Terre.

Pourquoi on aime ? Pendant deux ans, Marion Montaigne a suivi l’astronaute Thomas Pasquet de Cologne à Moscou, en passant par Houston. Cette bande dessinée ne se contente pas seulement de reprendre ce qu’on a vu et revu dans les médias à propos de Thomas Pesquet. Nous découvrons un travail très bien documenté, le lecteur sent qu’il y a eu un véritable échange avec lui, sur sa profession mais également sur sa vie en générale. Au fil des pages les anecdotes s’accumulent, toujours sujet à dérision. L’auteur se moque de tout, sans jamais faire de distinction. De blagues potaches aux satires parodiques, en refermant cet album deux sentiments dominent ; la satisfaction d’avoir appris énormément sur l’astronomie et sur Thomas Pesquet, et le souvenir des rires à chacune des pages. 

Les vieux fourneaux, tome 4 : La magicienne, Paul Cauuet, Wilfrid Lupano, (Dargaud)

Après une tournée d'été du théâtre du "Loup en slip", Sophie et Antoine rentrent au bercail... pour découvrir leur charmant village en pleine effervescence ! Le projet d'extension de l'entreprise Garan-Servier, qui relancerait l'économie de la région, est menacé... par une mystérieuse "magicienne dentelée" occupant le terrain. Branle-bas de combat pour les zadistes ! Cela dit, c'est un coup de bol pour les vieux fourneaux, qui peuvent enfin partir à la recherche de leur trésor oublié... Quant à Sophie, elle apprend une délicate vérité au sujet de son père...Confidence pour confidence, révélera-t-elle enfin l'identité du père de sa fille, Juliette ?

Pourquoi on aime ? Très attendu, Les vieux fourneaux revient et tient ses promesses. Dans ce nouvel opus on retrouve avec plaisir les papys hauts en couleurs et la jeune Sophie, mère célibataire. Anticonformistes, anarchistes, révolutionnaires, grincheux et impulsifs ils ne perdent rien de leurs caractères qui nous font rire depuis quatre tomes et abordent toujours avec humour les grands débats de notre société. La croissance et le profit comme thème principal, au détriment de la préservation de l'environnement. Une nouvelle fois la résistance, qui prend ici le visage d'une Zone A Défendre, est la préoccupation de nos protagonistes préférés.  On termine l’album par un éclat de rire qui confirme le talent de Paul Cauuet et Wilfrid Lupano. On attend la suite avec impatience.

Les cahiers d’Esther, tome 3 : Histoire de mes 12 ans, Rias Sattouf, (Allary)

Chaque planche, prépubliée dans L’Obs, met en scène une anecdote réelle racontée à Riad Sattouf par la vraie Esther (une véritable petite fille dont le prénom a été changé). Un recueil sera publié chaque année, jusqu’aux 18 ans d’Esther. Dans ce troisième tome, Esther entre en sixième ! L’élection présidentielle, son premier téléphone portable, Manuela son hamster, l’arrivée de l’acné, son frère complotiste, son père mélenchoniste, sa mamy lepéniste, le président Macron l’Illuminati ou son amour pour la galette saucisson-abricot… Esther grandit, c’est l’année de ses 12 ans !

Pourquoi on aime ? Les tomes se suivent et Esther grandit. Aujourd’hui elle a 12 ans, le lecteur découvre le portrait d’une enfant qui murit, mais également le portrait de la société actuelle. Avec Riad Sattouf on rit continuellement, et pourtant les thèmes ne sont pas toujours légers. L’enfant aborde les attentats, la religion, la politique mais aussi l’argent et le rapport extrêmement matérialiste des enfants avec ce dernier. La naïveté enfantine qui était l’empreinte et la drôlerie des premiers Cahiers d’Esther s’efface et laisse place à son innocence touchante et pure qui nous charme. Cette bande dessinée au concept original, peut s’adresser autant aux enfants qu’aux adultes. On se questionne alors sur ce que nous sommes devenus et sur ce que nous avons gagné ou perdu depuis nos 12 ans. L’œuvre devra se conclure sur les 18 ans de l’enfant. Nous avons hâte de découvrir la suite de la vie de cette enfant attachante.

Bug, tome 1, Enki Bilal, (Casterman)

Le nouveau récit d'anticipation d'Enki Bilal. Dans un avenir proche, en une fraction de seconde, le monde numérique disparaît, comme aspiré par une force indicible. Un homme, seul, malgré lui, se retrouve dans une tourmente planétaire. Après avoir traité de sujets politiques, géopolitiques (Les Phalanges de l’Ordre Noir, Partie de chasse, avec Pierre Christin), de destins dictatoriaux et de rêves d’immortalité (La trilogie Nikopol), de cauchemars obscurantistes prémonitoires (Le cycle du Monstre), de planète recadrant les humains (La trilogie du Coup de Sang), Enki Bilal nous prive de notre addiction digitale en nous plongeant, non sans une certaine dérision, dans un monde de désarroi et d’enjeux multipolaires…

Pourquoi on aime ? Bug est une œuvre que l’on peut qualifier de retour en force. Enki Bilal, auteur incontournable de la BD, revient avec une dystopie glaçante. L’auteur nous transporte dans un monde en 2041, où le tout numérique est devenu la mémoire collective et où un bug va tout bouleverser. Il décrit les conséquences que ce tsunami aurait sur notre quotidien et met en avant une humanité à la vulnérabilité éclatante. Ce premier tome de « Bug » concentre forcement tous les ingrédients d'une bande dessinée complétement réussie, au scénario haletant de la première à la dernière page et un univers graphique, encore et toujours avec Enki Bilal, d'une incroyable richesse. Vivement la suite de cette somptueuse BD !

Le chat, tomes 21 : Chacun son chat, Philippe Geluck, (Casterman)

En 1986, Philippe Geluck publiait le premier album du Chat, sobrement intitulé Le Chat. Nous voilà, trente ans plus tard, au tome 21, avec sous les yeux la preuve de l'incroyable vitalité de l'auteur et de son personnage ! Le Chat est dans une forme éblouissante et nous fait rire à chaque page, même si les thématiques abordées sont parfois graves. Geluck lui-même, on le sent bien, s'émerveille de la volubilité de son héros et couche sur papier les délires métaphysiques que sa créature lui glisse à l'oreille, en un cocktail explosif et subtil. Cela faisait sept ans que Geluck ne nous avait pas sorti un Chat en format classique de 48 pages. Entretemps, il s'était amusé à produire un livre de textes vachards, une Bible selon Le Chat, plusieurs coffrets... Et voici qu'il revient aux fondamentaux comme pour nous dire "Vous savez, j'ai fait tout ça pour m'amuser mais je suis toujours capable de produire un album classique dont vous me direz des nouvelles !" Et les nouvelles sont plus que bonnes, l'opus 21 est fabuleux ! Merci Monsieur Geluck et merci Le Chat ! 40 ans de carrière et des millions de fans : théâtre, radio, télévision, presse et bien sûr édition chez Casterman (20 albums du Chat, mais aussi le Docteur G., Geluck se lâche ou Geluck enfonce le clou). Devenu peintre et sculpteur, il est aujourd’hui l’un des auteurs les plus populaires de l'édition francophone.

Pourquoi on aime ? On le connait tous, et on l’aime tous, Le Chat est une valeur sûre à offrir pour les fêtes de fin d’année. Après autant de temps, il serait normal de s’en lasser, et pourtant Philippe Geluck parvient à chaque fois à conquérir le cœur de ses lecteurs avec la capacité de se renouveler continuellement et de coller au plus près de l’actualité. Tous les thèmes y sont abordés ; le terrorisme, les migrants, la religion, les handicapés, Le Chat a un avis sur tout et aime tourner en dérision chacun de ces sujets. Cette légèreté sur des sujets aussi délicats est très agréable et fait toujours mouche. Certaines cases sont en couleurs et d’autres en noir et blanc, ce choix donne un effet plutôt plaisant au style retro. Le chat est de retour et croyez nous il est en pleine forme.   

Le journal d’Anne Frank, Anne Frank, Ari Folman, David Polonsky, (Calmann-Levy)

Ari Folman et David Polonsky, scénariste et illustrateur de Valse avec Bachir, ont réalisé cette adaptation en roman graphique du Journal d’Anne Frank. Anne Frank est née le 12 juin 1929 à Francfort. Sa famille a émigré aux Pays-Bas en 1933. À Amsterdam, elle connaît une enfance heureuse jusqu’en 1942, malgré la guerre. Le 6 juillet 1942, les Frank s’installent clandestinement dans « l’Annexe » de l’immeuble du 263, Prinsengracht, où Anne écrit son journal. Le 4 août 1944, la famille est arrêtée vraisemblablement sur dénonciation. Déportée à Auschwitz, puis à Bergen-Belsen, Anne meurt du typhus en février ou mars 1945, peu après sa soeur Margot.

Pourquoi on aime ? Adapté du célèbre roman, ce roman graphique se veut fidèle à la mémoire d’Anne Franck. Que ce soit pour revisiter l’histoire de cette jeune juive pendant la seconde Guerre Mondiale ou pour la découvrir, cette BD restitue très bien le roman. A la fois ludique, drôle et émouvant l’œuvre oscille entre adaptation fidèle et liberté. Les auteurs ont choisi de ne pas reprendre la totalité du roman original, mais de cibler les passages qui les intéressaient le plus. Aussi, certains moments qui ne font que quelques lignes dans Le Journal d’Anne Frank, sont au contraire très détaillés, et inversement. Si la guerre et les événements tragiques du destin de cette jeune fille sont abordés, l’auteur et le dessinateur ont davantage axé leur œuvre sur la psychologie d’une adolescente en proie aux rêves et aux envies. A offrir aux plus jeunes, dans l’espoir que cela les mène vers l’originale.

Tombée dans l’oreille d’un sourd, Audrey Levitré, Gregory Mahieux, (Steinkis)

Grégory et Nadège sont comblés par la naissance de leurs jumeaux, Charles et Tristan. Pourtant leur univers s'effondre lorsque le diagnostic tombe : Tristan est sourd profond. Comment alors, en tant que parents entendants, aider leur fils à s'épanouir dans notre société d'hyper-communication ? Comment respecter son identité propre dans ce monde qui laisse, au final, peu de place à l'altérité ? Bref, comment prendre les bonnes décisions pour Tristan ? En racontant le combat quotidien de cette famille, ce récit autobiographique dénonce un système mal adapté à la vie réelle, animé par des acteurs qui ne sont pas toujours volontaires et à l'écoute. Il n'est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre.

Pourquoi on aime ? Cette œuvre intimiste nous invite à suivre le parcours de Tristan et de ses parents, de la maternité au service de néonatalogie jusqu’à l’entrée de Tristan au collège. Très émouvant et sincère, il amène le lecteur à s’interroger et à prendre conscience du combat que certaines familles mènent, pour lutter contre la fatalité et le découragement. L’histoire est un cri pour tous ces parents confrontés au handicap et à l'intégration de leurs enfants dans la société. Elle est illustrée par Grégory Mahieux  avec  environ deux cents planches en noir et blanc, toutes aussi éloquentes que marquantes. Le réalisme des dessins est frappant, la scène à l’école montrant l’isolement total de Tristan est extrêmement touchante. Avec ce thème insuffisamment abordé , cet album est une leçon, un hymne à la vie qui ne nous laisse pas indifférent.  

Le premier homme, Albert Camus, Jacques Ferrandez, (Gallimard)

"En somme, je vais parler de ceux que j’aimais", écrit Albert Camus dans une note pour l’oeuvre à laquelle il travaillait au moment de sa mort. Il y avait jeté les bases de ce qui serait son récit de l’enfance : une odyssée temporelle et émotionnelle à travers ses souvenirs, un récit qui, sous couvert de fiction, revêt un caractère autobiographique exceptionnel. A la recherche de ses origines, il y évoque avec une singulière tendresse son univers familial, le rôle des femmes, celui de l’école, la découverte du monde extérieur… En filigrane, on découvre les racines de ce qui fera la personnalité de Camus, sa sensibilité, la genèse de sa pensée, les raisons de son engagement.

Pourquoi on aime ? Jacques Ferrandez s’est lancé pour défi d’adapter en roman graphique le manuscrit inachevé du roman auquel travaillait Camus pendant les dernières années de sa vie. Son adaptation est d’une grande justesse. Il faut dire qu’il était assez familier avec l’univers de Camus puisqu’il a déjà adapté deux livres de l’auteur en BD (L’Etranger et L’Hôte). De plus sa famille vivait dans le même quartier que celle d’Albert Camus. Les dessins sont donc tous fidèles à la réalité. On retrouve des couleurs chaudes du Sud qui subliment cette histoire inachevée. L’artiste a d’ailleurs préféré laisser les « vides » du roman pour optimiser l’imagination du lecteur. Sous la plume, et les pinceaux de Jacques Ferrandez, Le premier homme, prend une dimension inattendue et émouvante.  

Putain de chat, tome 3, Stephane Lapuss’, (Monsieur Pop Corn)

Après avoir sévi dans deux tomes mémorables, Moustique le chat démoniaque revient dans un ultime album, accompagné de Grisbi, son némésis adorable qui risque bien de contrarier tous ses plans de domination de l'humanité. Si vous êtes l'heureux maître d'un chat, tremblez. Si vous en avez plusieurs, il est déjà trop tard.

Pourquoi on aime ? Ce dernier tome, marque la fin des aventures de Moustique, ce chat diabolique et si attachant. Fidèle aux deux premiers albums, les gags s’enchainent, et nous laisse constamment le sourire aux lèvres. Les dessins sont simples, épurés, en noir et blanc, cependant ils reflètent très bien les situations cocasses provoquées par ce chat. La relation entre l’animal et son maitre est bien exploitée. Si tous les chats ne sont pas comme Moustique, de nombreux propriétaires risquent de reconnaître leur chat.  Les réflexions de Moustique sur les humains, les politiques sont vraiment drôles, ce petit livre est plein d’humour. A offrir à tous ceux qui aiment les chats, malgré cette fin plutôt inattendue.

Primo Levi, Matteo Mastragostino, Alessandro Ranghiasci, (Steinkis)

« Vous savez, les enfants, quand j’avais votre âge, j’aimais beaucoup les chiffres... Mais je ne pouvais pas imaginer que j’allais en porter six sur le bras pendant toute ma vie » Quelques mois avant sa mort, Primo Levi rencontre les élèves d’une école primaire de Turin, celle-là même qu’il a fréquentée enfant. Comme il l’a fait sa vie durant, il témoigne auprès d’eux de ce qu’il a vécu. Avec une douce fermeté, il leur parle de l’Holocauste, leur raconte comment il a réussi à survivre à l’enfer d’Auschwitz. Question après question, les élèves ouvrent les yeux sur cette terrible page de l’histoire du XXe siècle.

Pourquoi on aime ? Les émotions marquent ce témoignage précieux et intemporel des actes horribles commis par les nazis sur le peuple juif. Les deux artistes mettent en scène la venue de Primo Levi dans une salle de classe. Les enfants découvrent l'horreur de la guerre et l'enfer de ceux qui l’ont subi. Le récit alterne entre flashbacks évocateurs et l’intervention du rescapé d’Auschwitz dans cette classe. Le lecteur se plonge totalement dans la terreur, au point parfois de rester paralysé par cette narration si simple. Le dessin apporte également beaucoup à l’histoire. Les tons de gris des cases traduisent une grande finesse. Cet album rend hommage à Primo Levi avec délicatesse, un travail de mémoire nécessaire pour qu’on n’oublie jamais ces ignominies.

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