Du 14 mai au 25 mai, se tient le 77e Festival de Cannes. Plus que jamais le cinéma est le lieu des fictions et des narrations, souvent inspirées de livres. Tout ce qu'il faut savoir sur cette nouvelle édition...
La 77e édition du plus grand festival de cinéma au monde a lieu du 14 au 25 mai 2024. Camille Cottin sera maîtresse des cérémonies d'ouverture et de clôture.
L'affiche officielle, déjà toute une histoire...
L'affiche officielle frappe par son originalité. C'est un appel à l'imagination, au début d'une histoire. Que regardent les personnages ? Pourquoi sont-ils ensemble ? Cette image est extraite du film Rhapsodie en août réalisé par le grand Akira Kurosawa, mort en 2010. Ce film, qui avait été présenté Hors Compétition en 1991, montre comment « une grand-mère victime du bombardement de Nagasaki le 9 août 1945 transmet à ses petits-enfants et à son neveu américain sa foi en l’amour et en l’intégrité comme rempart contre la guerre ». Ce long-métrage est une ode à « l’importance de se réunir et de rechercher l’harmonie en toutes choses ». Un message d'espoir pour le monde qui en a bien besoin aujourd'hui. Oui, le cinéma raconte des histoires, portées par la réalité, et il peut les transcender.
Qui compose le jury ?
Autour de la présidente Greta Gerwig, réalisatrice du fameux Barbie, succès planétaire de 2023 et icône du nouveau cinéma américain, on retrouve Omar Sy, Eva Green, Lily Gladstone, Kore-eda Hirokazu, Ebru Ceylan, Nadine Labaki, Juan Antonio Bayona et Pierfrancesco Favino.
Pour la section Un certain regard, c'est Xavier Dolan qui est président, entouré de Maïmouna Doucouré, Asmae El Moudir, Vicky Krieps et Todd McCarthy.
À qui l'honneur ?
Trois Palmes d'honneur vont être décernées cette année : l'une à l'immense actrice Meryl Streep, l'autre à George Lucas le génial réalisateur de La guerre des étoiles et la dernière au Studio Ghibli, célèbre studio d'animation japonais fondé par Hayao Miyazaki et Isao Takahata en 1985, à qui l'on doit notamment Le garçon et le héron ou Le voyage de Chihiro.
Les 22 films en compétition pour la Palme d'or
En compétition, 22 films (dont seulement quatre réalisés par une femme) se disputeront la Palme d'Or, pour succéder à Anatomie d'une chute, de Justine Triet. Quelques grandes pointures comme Francis Ford Coppola, David Cronenberg ou encore Paolo Sorrentino sont très attendues. Trop ?
- Megalopolis - Francis Ford Coppola
- The Apprentice - Ali Abbasi
- Motel Destino - Karim Aïnouz
- Bird - Andrea Arnold
- Emilia Perez - Jacques Audiard
- Anora - Sean Baker
- Les Linceuls - David Cronenberg
- The Substance - Coralie Fargeat
- Grand Tour - Miguel Gomes
- La plus précieuse des marchandises - Michel Hazanavicus
- Marcello Mio - Christophe Honoré
- Caught by the Tides - Jia Zhang-Ke
- All we imagine as light - Payal Kapadia
- Kinds of Kindness - Yórgos Lánthimos
- L'Amour Ouf - Gilles Lellouche
- Trois kilomètres jusqu'à la fin du monde - Emanuel Parvu
- Diamant Brut - Agathe Riedinger
- Les graines du figuier sauvage - Mohammad Rasoulof
- Oh Canada - Paul Schrader
- Limonov - The Ballad - Kirill Serebrennikov
- Parthenope - Paolo Sorrentino
- The Girl with the needle - Magnus Von Horn
Les cinq inspirations littéraires du Festival
- Oh Canada de Paul Schrader est adapté du roman éponyme de Russel Banks (Gallimard).
« Au seuil de la mort, Leonard Fife, célèbre documentariste, accepte une interview filmée que veut réaliser l'un de ses disciples, Malcolm. Fife a exigé le noir complet sur le plateau ainsi que la présence constante de sa femme, Emma, pour écouter ce qu'il a à dire, loin des attentes de Malcolm. Après une vie de mensonges, Fife entend lever le voile sur ses secrets mais, sous l'effet de l'aggravation rapide de son état, sa confession ne ressemble pas à ce que lui-même avait prévu. Puissant, écorché, bouleversant, ce roman testamentaire sur les formes mouvantes de la mémoire pose la question de ce qui subsiste - de soi, des autres - lorsqu'on a passé sa vie à se dérober. »
- Limonov - The Ballad de Kirill Serebrennikov est adapté du roman d'Emmanuel Carrère (P.O.L.)
« Limonov n’est pas un personnage de fiction. Il existe. Je le connais. Il a été voyou en Ukraine ; idole de l’underground soviétique sous Brejnev ; clochard, puis valet de chambre d’un milliardaire à Manhattan ; écrivain branché à Paris ; soldat perdu dans les guerres des Balkans ; et maintenant, dans l’immense bordel de l’après-communisme en Russie, vieux chef charismatique d’un parti de jeunes desperados. Lui-même se voit comme un héros, on peut le considérer comme un salaud : je suspends pour ma part mon jugement. C’est une vie dangereuse, ambiguë : un vrai roman d’aventures. C’est aussi, je crois, une vie qui raconte quelque chose. Pas seulement sur lui, Limonov, pas seulement sur la Russie, mais sur notre histoire à tous depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. »
- Gilles Lellouche réalise L’Amour ouf en référence au roman éponyme de l'écrivain irlandais Neville Thompson (Robert Laffont)
« Jackie et Johnser ont grandi dans le même quartier misérable de Ballyfermot, à Dublin. Lui, Johnser, petit dernier d'une tribu de dix-huit enfants, décide à l'adolescence de devenir bandit. Il trouve que ça sonne mieux que " chômeur ", ce que sont tous ses frères. Elle, Jackie, gamine délurée et dégourdie, tombe amoureuse de Johnser, et entre dans sa bande. Il la repère, ils sortent ensemble et Jackie devient populaire, la reine du quartier : " Être la meuf de Johnser signifiait que tu étais le nombril du monde…, toutes les filles voulaient aller aux toilettes avec toi. " Tout va bien jusqu'au jour où Tara Coyle, l'allumeuse du quartier, entre en scène. Jackie a à peine le temps de comprendre qu'elle s'est fait plaquer pour avoir refusé " d'aller jusqu'au bout " que Tara se retrouve enceinte. Désespérée, Jackie accepte enfin de coucher avec Johnser, mais c'est Tara qu'il épouse, sans savoir qu'il vient de laisser un dernier " cadeau " à son premier amour : un enfant… De dépit, Jackie se marie avec Jeffrey, qui n'a d'autre mérite à ses yeux que d'être fou d'elle et, croit-elle, mieux installé dans la vie. Huit ans passent. Johnser continue ses coups minables qui ne tardent pas à le mener en prison. Sa vie de couple est un désastre (prétexte à des scènes hilarantes dans le genre enfer conjugal). De son côté, Jackie met au monde un deuxième fils, se fait battre par son mari qui finit par ruiner sa famille au jeu, et se voit contrainte de trouver refuge chez ses parents. Là elle reçoit une lettre de Johnser, de prison. À sa sortie, ils se revoient et s'installent ensemble. Par amour pour Jackie, Johnser arrête de dealer. Mais Jackie sent que le passé va les rattraper, que leur histoire est condamnée à finir tragiquement. Un soir, un gangster pénètre chez eux et abat froidement Johnser, d'un coup de fusil, empêchant à jamais Jackie d'avouer à " son homme " que son fils aîné était aussi le sien... C'est le point de départ de ce récit poignant, subtilement construit en flashes-back dans une intensité dramatique croissante. Un romantisme d'autant plus émouvant qu'il est âpre, noir, à mille lieues de toute mièvrerie et de tout misérabilisme facile. Une forme d'humour irrésistible où le rire est la suprême politesse du désespoir. »
- Arnaud et Jean-Marie Larrieu réalisent Le Roman de Jim d'après le livre éponyme de Pierric Bailly (P.O.L.).( Sélection Cannes Première)
«À vingt-cinq ans, après une séparation non souhaitée et un séjour en prison, Aymeric, le narrateur, essaie de reprendre contact avec le monde extérieur. À l’occasion d’un concert, il retrouve Florence avec qui il a travaillé quelques années plus tôt. Florence est plus âgée, elle a maintenant quarante ans. Elle est enceinte de six mois et célibataire. Jim va naître. Aymeric assiste à la naissance de l’enfant, et durant les premières années de sa vie, il s’investit auprès de lui comme s’il était son père. D’ailleurs, Jim lui-même pense être le fils d’Aymeric. Ils vivent tous les trois dans un climat harmonieux, en pleine nature, entre vastes combes et forêts d’épicéas. Jusqu’au jour où Christophe, le père biologique du garçon, réapparaît. La relation entre Aymeric et Jim, l’enfant de Florence, est le coeur de l’intrigue. C’est un roman sur la paternité. Aymeric sera séparé de Jim. Il va souffrir d’un arrachement face auquel il ne peut rien. Mais se donne-t-il vraiment les moyens de s’en sortir ? Aymeric multiplie les contrats précaires dans la grande distribution, les usines de plasturgie ou la restauration rapide. Plus tard, il est même photographe de mariage. Une grande partie de l’histoire se déroule à Lyon. Jusqu’au bout, Aymeric reste obsédé par cet enfant qu’il a vu naître et grandir, et qui lui a été enlevé, avec lequel il ne sait pas toujours observer la bonne distance, ni occuper la bonne place. »
- Daniel Auteuil s'est inspiré pour son film Le fil de Le livre de maître Mô de Jean-Yves Moyart (Les Arènes) (Séance spéciale)
« Les formidables histoires d’un avocat humaniste, talentueux et attachant. 20 récits extraordinaires de la justice ordinaire, parfois drôles, souvent déchirants, toujours étonnants.
Jean-Yves Moyart était avocat au barreau de Lille, sa ville natale. « Avocat provincial », comme il aimait à se décrire, pénaliste dans l’âme, il se donnait corps et âme à son métier. La nuit, il profitait de ses insomnies pour raconter les histoires qu’il avait vécues. Il les publiait sur son blog sous le pseudonyme de Maître Mô. Les récits les plus forts ont été rassemblés dans un livre – Au guet-apens – qui a suscité bien des vocations. Personne n’a su comme lui raconter l’humanité des prétoires. Ses histoires ont la force du réel. Si la fiction a besoin de vraisemblance pour être crue, la vie est capable de tout. La justice ordinaire est souvent extraordinaire. »
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