Poétesse nourrie de spiritualité indienne, Danielle Aurousseau consacre son premier roman à un personnage de libertin cynique et manipulateur dont elle dévoile, par petites touches, un portrait tout en nuances. « Les deux faces de l’éventail » reflète les deux visages de l’amour, entre désir de possession et capacité à donner.
Poétesse nourrie de spiritualité indienne, Danielle Aurousseau consacre son premier roman à un personnage de libertin cynique et manipulateur dont elle dévoile, par petites touches, un portrait tout en nuances. « Les deux faces de l’éventail » reflète les deux visages de l’amour, entre désir de possession et capacité à donner.
Il y a quelque chose de magique dans la résurgence du XVIIIème siècle à travers les lettres qu’imagine la poétesse Danielle Aurousseau. « L’écriture de ces lettres s’est faite en état de grand bonheur. », évoque l’auteure, qui signe avec Les deux faces de l’éventail, son premier roman. « Comme si je retranscrivais ce que cet homme avec qui, surtout au début, je n’avais rien de commun, écrit... Le texte m’ était en quelque sorte soufflé... ».
Ces lettres « à la manière de » alternent avec l’histoire des personnages qui en héritent trois siècles plus tard. Ariane, notamment, une jeune avocate férue de littérature, qui se sent aussi appelée vers un bouquiniste des quais de Seine. Celui-là même qui lui a vendu les « lettres au ruban bleu ». Lorsque ces lettres sont rédigées, dans le feu de la passion, nous sommes à la veille de la Révolution Française. Et très vite, l’intrigue amoureuse se double d’une intrigue politique. Le style fluide et naturel de ce roman épistolaire, tiré d’une histoire vraie, a été inspiré par une passion pour le XVIIIème, son esthétique et son éclat.
D de M, le héros libertin cynique et manipulateur de ce premier roman habilement mené, rédige des lettres d’amour qu’il envoie à l’objet de sa flamme. Qui va les entourer d’un ruban bleu ? L’amour pour lui n’est que jeu de séduction. Affaire de possession. Surpris par la force de ses sentiments pour la jeune duchesse, il imagine aussitôt se venger de ce qu’il voit comme un aveu de faiblesse. Il prépare dans le même temps un jeu de lettres fielleuses, en prévision du jour fatal de la rupture et de la vengeance. Qui les entourera d’un ruban jaune ?
Dans ce roman vif et enlevé, il est question de passion amoureuse et de devoir, de sentiments filiaux et, beaucoup, de relations entre grand-mère et petite-fille. Des sentiments précieux et délicats qui contrastent avec l’univers sophistiqué et dangereux des Libertins et les méandres du monde politique. Toute la subtilité de ce texte repose sur cette ambiguïté, entre les deux faces de l’amour, entre l’intime et le devoir.
Danielle Aurousseau livre une analyse sensible de ces sentiments trompeurs et aisément dangereux des animaux versatiles et cruels que sont souvent les êtres humains. Ceux de la maman de Charles notamment sont à double tranchant. Ceux dont l’amant de Nina rêve se heurtent à la réalité de ses rapports glacials avec ses parents. « Malgré mes quarante-deux ans, je fus aussi blessé que lorsqu’enfant, je me précipitais dans ses bras et qu’elle me repoussait, lissant sa jupe d’un geste appliqué comme si je venais de la froisser, en me disant sans même me regarder qu’elle n’avait pas le temps ». Une autre mère, guère plus commode, joue avec sa fille comme à la poupée.
Danielle Aurousseau évoque tour à tour la plénitude de liens profonds, fondateurs et réconfortants, et les blessures si faciles à réveiller. « Il est impossible de faire le deuil de ce qui n’a pas existé ! » C’est aussi de liberté, de lucidité et d’émancipation qu’il est ici question.
« Ce qui m'intéresse, c'est d'évoquer les rebondissements d'une existence qui permettent aux êtres humains de s'amender avec le temps. », évoque la romancière, passionnée par le XVIIIème siècle et sa littérature épistolaire. « Le XVIIIème siècle est pour moi le dernier siècle de l'élégance, du raffinement et de la mesure. Sa langue, ses coutumes, son art et son architecture en témoignent. Fixée par Racine, Boileau et Molière au XVIIème siècle, la langue du siècle suivant confirme son équilibre et sa beauté. Elle est musique. »
Le personnage de Nina incarne cette quête de paix et de simplicité. « Me retournant quelques instants sur ces années de doute et de souffrance, il apparaît que les pourquoi ont accompagné mes épreuves – Pouvait-il en être autrement ? – en les augmentant. Si le besoin de comprendre ne m’a pas complètement quittée, il est devenu si peu prégnant que je me sens plus libre, plus légère. Si ce n’était ce corps qui nous lâche, ce n'est pas aussi terrible de vieillir qu’on se l’imagine à vingt ans. Les joies de la vie ne disparaissent pas avec les cheveux blancs. » Un joli message lumineux sur la générosité et le don de soi pour bien terminer l’année.
>Les deux faces de l’éventail, de Danielle Aurousseau, Le Lys bleu éditions, 127 pages, 15,20 euros >> Pour acheter le livre, cliquer sur ce lien
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