Où sont donc passés le frisson et le plaisir rencontrés à chaque page tournée des Mondes d’Aldébaran ? C’est ce que nous nous sommes demandé à la lecture de l’épisode 4 du cycle Antarès, sorti en octobre 2011. Alors que nous attendions impatiemment sa sortie dans l’espoir d’y trouver des réponses concernant l’étrange planète Antarès-4 et la mystérieuse disparition de Lynn, fille de l’héroïne Kim Keller, nous restons sur notre faim. Beaucoup de bruit pour rien.
Environnement sauvage et magique, faune et flore extraordinaires, expéditions cauchemardesques sur des planètes étranges et lointaines, il s’agit bien de l’univers fantastique de Leo, alias Luis Eduardo de Oliveira, auteur de la bande dessinée de science-fiction Les Mondes d’Aldébaran, dont le premier album La catastrophe est sorti en 1994. Malheureusement, si les ingrédients sont là, c’est sans le suspense et l’imagination débordante des premiers cycles.
Les Mondes d’Aldébaran, c’est quoi ?
Pour vous rafraîchir la mémoire, nous sommes au XXIIe siècle et les humains, après avoir provoqué des dégâts écologiques irrémédiables sur la planète Terre et découvert une technologie qui leur permet de dépasser la vitesse de la lumière, décident de coloniser les planètes voisines.
Aldébaran, essentiellement composée d’eau, constitue la première planète colonisée. Les colons, sans contact avec la Terre depuis 100 ans, vivent en autarcie et ont développé à Anatolie, la capitale, un régime autoritaire et dictatorial. Les jeunes héros, Marc Sorensen et Kim Keller, se voient obligés de quitter leur village de pêche natal après sa destruction par une étrange créature marine. En route vers Anatolie, ils rencontrent les biologistes Driss Shediac et Alexa Komarova qui étudient, en marge du pouvoir en place, les singularités de cette planète. Ils découvrent ainsi que c’est la Mantrisse qui est à l’origine de la catastrophe et de la perte de contact avec la Terre. Se sentant menacée par l’espèce humaine, la Mantrisse, choisit toutefois d’entrer en contact avec certains humains moins agressifs en leur distribuant des gélules de longévité pour établir une relation de symbiose avec eux. Marc et Kim vont intégrer ce "groupe de la Mantrisse". Le contact avec la Terre va être alors curieusement rétabli et Kim va pouvoir aller sur Terre pour faire des études de biologie.
Bételgeuse, deuxième planète à être colonisée, constitue le décor du deuxième cycle des Mondes d’Aldébaran. Comme dans le premier cycle, forêts luxuriantes, bêtes létales, virus informatique et dangers inattendus tiennent le lecteur en haleine. Cette fois, c’est l’univers fascinants des "Iums", créatures mi-phoques mi-pingouins dotées d’une intelligence incontestable, qui est au cœur du projet de colonisation. On découvre alors l’existence de mantrisses semblables à celle d’Aldébaran. Un soir, Kim va rencontrer Sven, un extraterrestre en mission d’observation, qui va lui dévoiler le lien qui unit la Mantrisse et les Iums. Elle va apprendre également que la Mantrisse a l’intention d’exterminer les humains sur Bételgeuse si ceux-ci n’abandonne pas la colonisation. L’extraterrestre va tomber sous le charme de la belle Kim. De leur union naîtra une petite fille, Lynn.
Cette fantastique épopée humaine aux relents humanistes et écologiques se poursuit avec le troisième cycle, Antarès. Kim, membre de l’expédition à contrecœur, ne sait pas que cette planète est encore plus hostile que les deux autres. Kim est d’autant plus réticente à partir qu’elle a accouché de sa fille Lynn aux yeux de lézard et aux capacités de mutations héritées de son père. Après avoir surmonté les innombrables dangers de cette planète, la disparition de la petite Lynn, sur laquelle se clôt le tome 3 d’Antarès, plonge Kim dans le désespoir. Un rayon lumineux en provenance de la planète voisine Antarès-4 laisse supposer aux protagonistes que celle-ci a quelque chose à dévoiler…
Le tome 4 : beaucoup d’attente pour pas grand-chose…
Arrive donc le tome 4. Si le dessin réaliste de Leo et l’attachante Kim répondent aux attentes du lecteur, il n’en est pas de même de l’intrigue elle-même. On se demande presque s’il ne manque pas des pages. Les paysages hauts en couleur des tomes précédents laissent place à un horizon plat et monotone. Le bestiaire de cet épisode d’Antarès est également limité comparé aux épisodes précédents malgré les herbivores recouverts de piques et les capes volantes venimeuses. Autre chose étrange : où est donc passé l’animal représenté sur la couverture du tome 4 ? Mystère. En somme, la seule surprise de ce tome est une caverne aux parois couvertes de figures animales, dignes des peintures rupestres de Lascaux. Les réflexions philosophiques et humanistes que l’on y trouve, ainsi que les dissensions avec le groupe sectaire qui dirige la mission vers Antarès-4 ne sont pas sans rappeler nos propres préoccupations écologiques et religieuses.
L’épisode 4 d’Antarès semble plutôt faire office de "tome tampon" plutôt que d’apporter des réponses. L’auteur serait-il à court d’idées ? En tout cas, grâce à l’aide inattendue d’Alexa évadée de prison, l’expédition sur la planète Antarès-4 aura bel et bien lieu dans le prochain tome.
Depuis janvier 2010, les fans trépignaient d’impatience pour apprendre la suite. Leo a cru pouvoir rassasier ses lecteurs en leur proposant, en janvier 2011, Les Survivants : Anomalies quantiques, un nouveau cycle créé en parallèle à celui d’Aldébaran et mettant en scène des personnages différents. Que nenni. Kim Keller va-t-elle percer le mystère de la planète Antarès-4 et de la disparition de sa fille Lynn ? Voilà ce que l’on veut savoir. Une chose est sûre, les attentes sont gigantesques quant à la sortie du tome 5 d’Antarès.