Pas de rentrée littéraire sans premiers romans. Cette année, si le volume des livres proposés par les éditeurs est en légère baisse (490 romans dont 345 titres français et 145 ouvrages étrangers), le nombre des premiers romans reste important : 90. Parmi ces nouveaux venus sur la scène littéraire, nous avons retenu 20 talents qui nous semblent particulièrement prometteurs. Découvrez notre sélection.
Quel sujet ? Dix ans que les deux hommes s’étaient perdus de vue et puis, d’un coup, ils se retrouvaient au détour d’une rue, face à face. Le hasard, paraît-il, fait bien les choses. S’il s’agissait de lui, il aurait mieux fait ce jour-là de se mêler de ce qui le regardait, mais il n’y était pour rien. Skender le comprendrait bientôt, ce n’est pas le hasard qui avait mis Max et Madame sur son chemin. Il le comprendrait bientôt.
Pourquoi ce livre marque la rentrée ? Lucas Belveaux signe un premier roman fort en émotion et, fidèle à son métier de cinéaste, très cinématographique. C’est un roman à la fois sombre et lumineux plein d'humanité. Son écriture emporte le lecteur dans un climat sombre. Le réalisateur sait poser un décor et diffuser les émotions. A la fin du livre, nous ne savons plus si nous avons vu un film ou lu un texte, car la fluidité du récit porte et emporte. Une plume à suivre.
Quel sujet ? 1940, au nord de la Crète. La communauté juive célèbre Rosh Hashana. Rebecca écoute les commérages sur le futur mariage de Stella. On s’interroge aussi sur la guerre qui a commencé en Europe. Metaxas, le dictateur au pouvoir à Athènes, saura-t-il résister à Mussolini et à son allié, Hitler ? Bientôt, le bateau de Nikos, le Tanaïs, est réquisitionné par l’armée grecque. Malgré la menace, la vie continue…
Jusqu’au matin du 20 mai 1941, lorsque le IIIe Reich lance sur la Crète une invasion aéroportée. Faut-il fuir ou rester ? C’est l’heure de savoir si l’on est libre de choisir son destin.
Pourquoi ce livre marque la rentrée ? Avec Eleftheria, Murielle Szac nous livre un roman où derrière chaque histoire personnelle se tisse une histoire partagée, celle de femmes et d’hommes ayant vécu en Crète pendant la Seconde Guerre mondiale. Un épisode méconnu de l’Histoire, auquel l'auteure redonne vie avec talent.
Quel sujet ? Les Olympiades. C’est là, autour de la dalle de béton de cet ensemble d’immeubles du Chinatown parisien que s’est installée la famille Truong, des boat people qui ont fui le Vietnam après la chute de Saigon. Victor Truong chérit l’imparfait du subjonctif et les poésies de Vic-to-Lou-Go (Victor Hugo). Alice, sa femme, est fan de Justin Bieber mais déteste Mitterrand, ce maudit « communiste » élu président l’année où est née leur fille Anne-Maï, laquelle, après une enfance passée à rêver d’être blonde comme une vraie Française, se retrouve célibataire à 40 ans, au désespoir de ses parents.
Cette tour de Babel de bric et de broc, où bruisse le murmure de mille langues, est une cour des miracles aux personnages hauts en couleurs. Voilà Ileana, la pianiste roumaine, désormais nounou exilée ; Virgile, le sans-papier sénégalais, lecteur de Proust et virtuose des fausses histoires, qui squatte le parking et gagne sa vie comme arnaqueur. On y croise aussi Clément, le sarthois obsédé du Grand Remplacement, persuadé d’être la réincarnation du chien de Michel Houellebecq, son idole. Tous ces destins se croisent, dans une fresque picaresque, faite d’amours, de deuils, de séparations et d’exils.
Pourquoi ce livre marque la rentrée ? La Tour Melbourne n’a pas existé. Toutefois c’est le portrait de la France cosmopolite du treizième arrondissement de Paris (de 1998 à 2020) que Doan Bui dresse ici. Tout ceci donne un roman vivant, humoristique et instructif. Il met en perspective l'intégration des exilés du Vietnam et l'étrange concentration de ces Tours du 13e. Un monde vertical, comme envolé au-dessus de Paris. Un livre à lire et un auteur à retenir.
Quel sujet ? Dans ce village haut perché des montagnes valaisannes, tout se sait, et personne ne dit rien. Jeanne, la narratrice, apprend tôt à esquiver la brutalité perverse de son père. Si sa mère et sa sœur se résignent aux coups et à la déferlante des mots orduriers, elle lui tient tête. Un jour, pour une réponse péremptoire prononcée avec l’assurance de ses huit ans, il la tabasse. Convaincue que le médecin du village, appelé à son chevet, va mettre fin au cauchemar, elle est sidérée par son silence. Dès lors, la haine de son père et le dégoût face à tant de lâcheté vont servir de viatique à Jeanne. À l’École normale d’instituteurs de Sion, elle vit cinq années de répit. Mais le suicide de sa sœur agit comme une insoutenable réplique de la violence fondatrice. Réfugiée à Lausanne, la jeune femme, que le moindre bruit fait toujours sursauter, trouve enfin une forme d’apaisement. Le plaisir de nager dans le lac Léman est le seul qu’elle s’accorde. Habitée par sa rage d’oublier et de vivre, elle se laisse pourtant approcher par un cercle d’êtres bienveillants que sa sauvagerie n’effraie pas, s’essayant même à une vie amoureuse.
Pourquoi ce livre marque la rentrée ? Dans une langue âpre, syncopée, Sarah Jollien-Fardel dit avec force le prix à payer pour cette émancipation à marche forcée. Car le passé inlassablement s’invite. Sa préférée est un roman sur l’appartenance à une terre natale, où Jeanne n’aura de cesse de revenir, aimantée par son amour pour sa mère et la culpabilité de n’avoir su la protéger de son destin. L'auteure l'écrit avec force. Le lecteur est touché par ce texte rempli de reflets, comme sur "le lac".
Quel sujet ? Comme chaque matin, l'aube grise se lève sur l'immuable routine de la garnison. Mais cette fois, Lulu manque à l'appel. Lulu, le caporal-chef toujours fiable, toujours solide, Lulu et son sourire en coin que rien ne semblait jamais pouvoir effacer, a disparu. Aurélie, sa femme, a l'habitude des absences, du lit vide, du quotidien d'épouse de militaire. Elle fait face, mais sait que ce départ ne lui ressemble pas. Quatre hommes, quatre soldats, se lancent alors à sa recherche. Ils sont du même monde et portent les mêmes fantômes au bord des nuits sans sommeil. Si eux ne le retrouvent pas, personne ne le pourra.
Pourquoi ce livre marque la rentrée ? D'une actualité brûlante, cette intrigue intensément déroulée par la plume de Jean Michelin suit l'enquête de ces frères d'armes. Histoire poignante de camaraderie, de celle qui lie les êtres sous les vestes de treillis, ce roman sans concession se penche sur ce que la guerre fait à ceux qui partent, à ceux qui reviennent. L'auteur, lui-même militaire, connaît son sujet. Mais il surprend aussi par sa force narrative. Alors que la guerre est aux portes de l'Europe, un récit qui résonne avec une particulière acuité.
Quel sujet ? C'est une cité portuaire, verre et béton sur sable, qui se dresse contre un ciel-champ de bataille. Un enfant se volatilise, la ville est amputée d'un morceau de terre mais ne s'en souvient pas. Une "fake news" tourne en boucle sur tous les écrans, la mort d'un guide spirituel, quelque part au fond d'un désert, secoue des mondes lointains, retentit jusqu'au plus proche. L'information attaque la réalité et le vertige saisit chacun différemment, interrogeant la mémoire, la vérité, l'avenir. Dans la tempête, quelques silhouettes se détachent, nous ouvrant le chemin vers une histoire de disparition et d'oubli.
Dans une langue précise et atmosphérique, génératrice d'images en haute définition dont la netteté contraste avec éclat contre le mystère omniprésent, Les sables observe comment les habitants de la cité s'affrontent à cette série de dérèglements. Et nous plonge dans leur trouble.
Pourquoi ce livre marque la rentrée ? Sismographie d'une modernité inquiète où la réalité n'est jamais certaine, ce roman est aussi une expérience d'immersion totale dans l'univers inédit et immédiatement prégnant d'un écrivain qui croit aux pouvoirs de l’imagination. Inquiétant, prégnant.
Quel sujet ? "Dans les mots que la vieille femme déposa au creux de son oreille, Encarnación perçut le murmure d'un oracle lointain : “Éloigne de toi ceux que tu aimes, car la nuit les engloutira et tu porteras leur corps...”"À l'âge de quinze ans, alors que la famine sévit dans son Andalousie natale, Juan Ortega quitte sa famille pour devenir le cuisinier d'Ignacio, un célèbre torero. Dans son sillage, à Madrid, New York et Paris, Juan se laisse happer par l'effervescence des années folles. Il croise la route du poète solaire Federico García Lorca et se consume d'amour pour Encarnación, danseuse de flamenco, muse de toute une génération d'artistes et amante d'Ignacio. Mais déjà la guerre gronde et apporte son cortège de tragédies.
Pourquoi ce livre marque la rentrée ? Hommage passionné à une Espagne légendaire, Les Sacrifiés est un roman d'apprentissage chatoyant qui dépeint la fabrique d'un héros et le prix de la gloire. Un premier roman qui se lit comme une fresque et se déguste en silence, pour mieux entendre le flamenco d'Encarción.
Quel sujet ? Tout le monde l'appelle Harry mais c'est Aurélien Moreau. En attendant la gloire, Aurélien travaille la nuit chez McDo et le jour aux pompes funèbres. Quand il s'échappe de son quotidien, c'est pour repenser à l'enfant qu'il était dans le petit bourg qui l'a vu grandir, le genre d'endroit où, pour tuer le temps, il faut vivre ses premières fois, frôler le danger et se défoncer. Que deviennent nos rêves dans un monde où tout semble figé ?
Pourquoi ce livre marque la rentrée ? Zéro gloire, premier roman au style incisif, met en scène une jeunesse désenchantée tenue de rêver très grand pour s'évader. Pierre Guénard réussit le tour de force de trouver de la poésie dans le tragique ordinaire et de la beauté même quand il y a peu d'espoir. Quand il n'y a plus d'horizon, seuls les rêves peuvent déceler la part d'éternité, même dans l'ordinaire d'un instant fugitif.
Quel sujet ? En 1941, Lola et les siens vivent à Vienne, en Isère. Pour fuir les persécutions contre les Juifs, ils quittent précipitamment la France et se réfugient à Casablanca. Dans cette cité foisonnante, la famille entame une existence d’expatriés, sans vraiment chercher à connaître ses habitants. Sauf Lola, qui profite de l’inattention de ses parents pour traîner dans les rues animées des quartiers populaires, et notamment à Bousbir, un quartier réservé à la prostitution de très jeunes femmes. Elle y fait la connaissance de Shéhérazade, une adolescente marocaine de son âge, avec qui elle noue une intense relation. Cette amitié interdite pousse progressivement Lola à sortir de l’enfance.
Pourquoi ce livre marque la rentrée ? Dans ce premier roman, c’est l’atmosphère du Casablanca des années 1940 qui est magnifiquement ressuscitée, une ville où circulent les fantômes des stars du cinéma hollywoodien et ces deux adolescentes téméraires, en quête d’idéal. C’est un roman sur la guerre mais aussi sur les découvertes adolescentes et l’amour. Clara Benador réussit à redonner vie à ce Maroc des années 40 tout en dressant quelques très beaux portraits de jeunes filles en fleurs, à défaut d'être en pleurs.
Quel sujet ? L’histoire commence en Espagne, par deux naissances et deux abandons. En juin 1943, une prostituée obèse de Bilbao donne vie à un garçon qu’elle confie aux jésuites. Un peu plus tard, en Galice, une femme accouche d’une fille et la laisse aux sœurs d’un couvent. Elle revient la chercher dix ans après. L’enfant est belle comme le diable, jamais elle ne l’aimera. Le garçon, c’est Julian. La fille, Victoria. Ce sont le père et la mère de Maria, notre narratrice.
Dans la première partie du roman, celle-ci déroule en parallèle l’enfance de ses parents et la sienne. Dans un montage serré champ contre champ, elle fait défiler les scènes et les années : Victoria et ses dix frères et sœurs, l’équipe de foot du malheur, Julian fuyant l’orphelinat pour s’embarquer en mer. Puis leur rencontre, leur amour et leur départ vers la France. La galicienne y sera femme de ménage, le fils de pute, gardien du théâtre de la Michodière. Maria grandit là, parmi les acteurs, les décors, les armes à feu de son père, basque et révolutionnaire, buveur souvent violent, les silences de sa mère et les moqueries de ses amies. Mais la fille d’immigrés coude son destin. Elle devient réalisatrice, tombe amoureuse, fonde un foyer, s’extirpe de ses origines. Jusqu’à ce que le sort l’y ramène brutalement. A vingt-sept ans, une tarologue prétend qu’elle ne serait pas la fille de ses parents. Pour trouver la vérité, il lui faudra retourner à Bilbao, la ville où elle est née. C’est la seconde partie du livre, où se révèle le versant secret de la vie des protagonistes au fil de l’enquête de la narratrice.
Pourquoi ce livre marque la rentrée ? Du talent, de l'énergie, de la force... Les gens de Bilbao naissent où ils veulent nous happe dès le premier mot. Avec sa plume enlevée, toujours tendue, pleine d’images et d’esprit, Maria Larrea reconstitue le puzzle de sa mémoire familiale et nous emporte dans le récit de sa vie, plus romanesque que la fiction. Beaucoup d'émotion, mais pas de complaisance. Le flux de la vie, plus fort que tout, malgré les mémoires meutries.
Quel sujet ? Quand la police de Moscou est arrivée, les trois sœurs étaient assises le long du mur à côté du cadavre de leur père. Il avait le poil noir, le ventre gras, une croix dorée autour du cou. Depuis des années, il s'en prenait à elles, les insultait, les frappait, la nuit, le jour. Alors elles l'ont tué.
La Russie s'est déchirée à propos de ce crime, parce qu'il lui renvoie son image, celle d'une violence domestique impunie.
Pourquoi ce livre marque la rentrée ? Trois sœurs est un roman documentaire se basant sur un fait divers qui a bouleversé la société russe. C’est un roman très poignant sur la réalité que constitue les violences conjugales et familiales. La Russie de Poutine, avant la guerre, c'est aussi cela : l'impunité de la violence, une barbarie à visage humain. Alors quand il s'agit de ses ennemis...
Quel sujet ? Tu vieilliras, ma fille, plus vite que tu ne le crois et tu en souffriras pour l'éternité. N'espère pas en moi une alliée qui te raconterait ses secrets de créature et se réjouirait de ta métamorphose. Non, ma fille, je ne te prêterai pas ma baguette magique, ma parure et mes paillettes, pas touche, même pas en rêve. La splendeur ne se partage pas si elle veut régner. Tu ne seras pas une femme, ma fille, tu n'hériteras pas d'une fierté en collier, facile à porter, tu devras conquérir ton sexe toute seule, à la force du poignet, ça fait mal, tu verras, plus mal que tu ne le crois. Tu sueras sang, salive, larmes et cyprine dans le désert, peuple élu abandonné, tu apprivoiseras seule ton destin singulier, armée d'une ardente patience. Je surveillerai de très près ta superbe et je n'hésiterai pas à te mettre des glaçons dans la culotte, comme les hommes, plus tard, pour éprouver ton courage. Tu apprendras seule à nager contre le courant, telle une truite sauvage et tu me remercieras d'en ressortir musclée.
Pourquoi ce livre marque la rentrée ? Ce premier roman de Aurélie Djian peint la difficulté pour une jeune fille de devenir une femme dans cette société patriarcale, et notamment quand la relation avec sa mère est compliquée. C’est un roman brutal mais très juste en sentiments. L'écriture est pleine de lyrisme et de poésie. Aurélie Djian, un nom à retenir.
Quel sujet ? Le Mans, 29 septembre 1933. Maître Germaine Brière prononce les derniers mots de sa plaidoirie. Sur le banc des accusés, les sœurs Papin, les deux bonnes qui ont tué leurs patronnes. Il est minuit passé, les jurés rejoignent la salle des délibérations.
Dans le palais désert, Germaine attend le verdict. Elle se remémore les combats de sa vie. Bientôt, elle sera l’avocate qui a sauvé les domestiques assassines ou celle qui a échoué face à une justice d’hommes et de notables. Le triomphe ou la honte. Ne reste qu’à espérer…
Au cœur d’un fait divers qui ne cesse de fasciner, Julia Minkowski brosse le portrait d’une femme libre et révoltée.
Pourquoi ce livre marque la rentrée ? Dans ce premier roman puissant et vibrant, l'avocate Julia Minkowski fait revivre le temps d’une lecture la justice des années 30. Elle met en lumière sous sa plume, le procès très connu des sœurs Papin et notamment sa consœur Maître Germaine Brière, avocate de la défense. Un livre écrit par une romancière et pensée par une avocate. Ou l'inverse. Instructif et vibrant.
Quel sujet ? Dans un menu enfant, on trouve un burger bien emballé, des frites, une boisson, des sauces, un jouet, le rêve. Et puis, quelques années plus tard, on prépare les commandes au drive, on passe le chiffon sur les tables, on obéit aux manageurs : on travaille au fastfood. En deux récits alternés, la narratrice d'En salle raconte cet écart. D'un côté, une enfance marquée par la figure d'un père ouvrier. De l'autre, ses vingt ans dans un fastfood, où elle rencontre la répétition des gestes, le corps mis à l'épreuve, le vide, l’aliénation.
Pourquoi ce livre marque la rentrée ? Claire Baglin signe un premier roman prometteur et émouvant par le parallèle entre les deux récits. On y retrouve le thème des conditions de travail difficiles dans les milieux populaires, ce qui en fait un roman engagé. Les "usines" d'aujourd'hui n'on rien perdu de leur férocité. Ni l'écriture sociale de son éclat.
Quel sujet ? Au coeur de la Vallée des glaces, une cordée de deux chiens (Moïra, Zéphyr), une femme (Ysé) et trois hommes (Gaspard, Solal et Vik) affronte une tempête de neige pour rejoindre le Reculoir, l’ultime hameau avant le Bord du monde, cette gigantesque montagne dont nul n’a pu voir le sommet. Initialement dépêchée pour une mission de routine, l’équipée découvre que son chef a un autre dessein. Embrasé par le prêche du Père Salomon, un mystique abreuvé de brûle-gorge qui dit connaître le moyen de s’élever jusqu’au sommet de la montagne, Gaspard a décidé de tenter la grande Ascension. Fraîchement recruté, le jeune Solal devra suivre son mentor dans sa quête d’absolu ou écrire son propre destin.
Pourquoi ce livre marque la rentrée ? Dans son premier roman, Le bord du monde est vertical, Simon Parcot dresse un décor montagneux et hostile qui contraste avec sa manière d’écrire: douce, simple et aérienne. Ce récit d’aventure avec une allure de conte philosophique exprime la recherche du dépassement de soi.
Quel sujet ? « Ce que je veux moi, c'est porter le prénom que j'ai reçu à la naissance. Sans le cacher, sans le maquiller, sans le modifier. Sans en avoir peur. » Elle est née Polina, en France elle devient Pauline. Quelques lettres et tout change. À son arrivée, enfant, à Saint-Étienne, au lendemain de la chute de l'URSS, elle se dédouble : Polina à la maison, Pauline à l'école. Vingt ans plus tard, elle vit à Montreuil. Elle a rendez-vous au tribunal de Bobigny pour tenter de récupérer son prénom. Ce premier roman est construit autour d'une vie entre deux langues et deux pays. D'un côté, la Russie de l'enfance, celle de la datcha, de l'appartement communautaire où les générations se mélangent, celle des grands-parents inoubliables et de Tiotia Nina. De l'autre, la France, celle de la materneltchik, des mots qu'il faut conquérir et des Minikeums.
Pourquoi ce livre marque la rentrée ? Insolent, charmant et tendre, ce premier roman est le récit d'une enfance déchirée entre deux pays, entre deux cultures, entre deux langues. L'autrice se re-glisse dans sa peau de fillette, met sa langue imaginative au service des réflexions de celle qu'elle était avant ses dix ans pour le plus grand régal du lecteur. Cette Zazie d'aujourd'hui est pleine d'esprit !
Quel sujet ? Jean et sa petite sœur Ophélie vivent au pied des montagnes de Chartreuse, dans " la vieille maison ", avec leurs grands-parents Euphoisine et Jules, leur grand-tante Séraphie et leur aïeule, Adèle. De leurs parents, l'on ne sait rien, sinon des légendes que racontent les cousins. Quand toute la famille est réunie, pour fêter la fin des fenaisons, des paroles échappent aux adultes, qui baissent la voix en présence de la jeune génération. La maison elle-même, qui a sa géographie particulière, d'en-bas, d'en-haut, comme disent les grands-parents, et ses lieux inquiétants, la cave et le galetas, semble délivrer des messages, aux jours de grand vent. Univers autant que personnage du roman, elle enferme les secrets de la famille, tantôt les dissimule et tantôt les révèle. Au cœur de la Savoie, dans ce milieu pieux et austère de paysans taiseux, où les jours sont rythmés par les travaux, les prières et les rituels religieux, les enfants vont découvrir au galetas une boîte contenant le journal d'une grand-tante dont ils n'ont jamais entendu parler. Et ce sera comme ouvrir la boîte de Pandore. Les adultes ont pris le parti de protéger les enfants en leur cachant les drames de la famille et les liens véritables qui les unissent les uns aux autres. Mais, intimement, les enfants pressentent et souffrent. Les secrets eux-mêmes aspirent à se dire. Quel sera l'impact de ces non-dits sur les plus fragiles ?
Pourquoi ce livre marque la rentrée ? Entre délicatesse et passion, fragilité et violence, Sarah Perret brode et tricote d'une main sûre son ouvrage et conduit le lecteur dans les tours et détours de l'âme enfantine. Ce livre a déjà reçu le Prix Jean Anglade du premier roman.
Quel sujet ? Margot, 17 ans, souffre depuis plusieurs mois de malaises fréquents et peine à se rendre en classe. Divers médecins ont échoué à la guérir. Jusqu'au jour où elle atterrit chez un psychiatre, le docteur Donnelheur. Face à lui, chaque semaine, pendant quarante-cinq minutes, Margot se heurte au silence des mots qu'elle ne trouve pas. Heureusement, le docteur Donnelheur se révèle être un très bon psy. Libérée de son secret, Margot reprend pied. Donnelheur devient un sauveur, un père, un maître à penser... Cependant, au fil des séances, le sorcier bienveillant et malicieux se mue en recteur insatisfait et colérique. Le sauveur serait-il devenu dangereux ? Jusqu'où les règles du cadre analytique seront-elles enfreintes ? Margot parviendra-t-elle à se libérer du piège qui se referme ? À moins que le sujet d'étude ne soit pas celui que l'on croit...
Pourquoi ce livre marque la rentrée ? Nous en resterons là est un roman sur le thème de l’emprise. C’est une restitution minutieuse du processus de la prise en charge psychologique. Chloé Lambert parvient à parler d'un sujet tabou et délicat: l’inceste. Un livre qui est surtout puissant par ses non-dits. On comprend petit à petit ce qu'est un labyrinthe familial et ses loyautés sourdes.
Quel sujet ? Îles du Cap-Vert, années 1960. Fuyant la pauvreté et l’oppression coloniale qui règnent dans cet archipel de sable battu par les vents, Mamé s’exile en France avec sa fille Reine. Alors que Mamé a bientôt le mal du pays et finit par y retourner, Reine s’adapte et trouve un emploi d’aide-ménagère.
De son second mariage naît l’héroïne, Léna, qui vit le sort des immigrés de seconde génération, écartelée entre des origines lointaines et son pays de naissance. Sa passion pour le piano qu’elle cultive assidûment auprès de son professeur de musique, M. Selmach, l’aidera-t-elle à surmonter ses doutes et à s’ouvrir de nouveaux horizons ? Quelles parts de lumière et d'ombre du passé familial, de son héritage, devra-t-elle perdre ou garder pour se réconcilier avec elle-même ?
Pourquoi ce livre marque la rentrée ? Entre fresque générationnelle et roman d’apprentissage, Amélie Fonlupt nous raconte le destin d’une lignée de femmes courageuses, vivant chacune à leur façon l’épreuve du déracinement. Que reste-t-il de la mémoire quand les paysages ont disparu ?
Quel sujet ? « Quel mot ? Quel récit ? Quelle poésie pourrait boucher ce trou dans ma tête ? Mon cahier de vocabulaire s’est vidé, et cela bien avant l’explosion. Je continuerai à faire l’économie des mots. Je choisirai uniquement de vivre, je sais si bien le faire. Je souris, je mange, je danse, je dors et je pleure. Dans cet ordre, comme je l’ai appris, j’organiserai mon existence. » nous confie l'auteure Samar Seraqui de Buttafoco pour parler de son livre.
Pourquoi ce livre marque la rentrée ? Entre Beyrouth, le Sud-Liban, la Palestine, la Côte-d’Ivoire et Paris, Samar Seraqui de Buttafoco entrelace la petite et la grande histoire, l’intime et le collectif. Elle explore ce qui se passe quand on sort de sa condition et restitue la vie sans bruit des femmes – celle de sa mère, la sienne. Dans une langue maîtrisée, puissante et sans pathos, son premier roman est une invitation à se poser la question de ses racines essentielles ( celles du coeur ?) et à cheminer vers notre propre liberté.
Légende photo : Jérôme Garcin, Hervé Le Tellier, Rachida Brakni, Marthe Keller, Gaël Faye, Kamel Daoud, Rebecca Dautremer, Emmanuel Lepag
Avec la saison automnale, le Mois du film documentaire du Territoire de Belfort est l’occasion de se réchauffer tout en explorant une grande divers
Légende photo : Abnousse Shalmani, lauréate du prix Simone Veil 2024, entourée de Pierre-François Veil (à gauche sur la photo) et Jean Vei