Maïté Defives est l'une des plus puissantes influenceuses littéraires avec son blog MademoiselleLit. Des réseaux sociaux (Instagram, Youtube, TikTok) au livre papier, il n'y a qu'un pas que cette gourmande de lecture a franchi, en publiant son premier ouvrage : « 100 livres qui changent la vie » (Jouvence), dans lequel elle propose une sélection de ses principaux coups de cœur. Rencontre avec une « super-lectrice » suivie par plus de 100 000 personnes, qui porte un regard très personnel sur la littérature contemporaine.
Instagram, Youtube ou TikTok n'ont pas de secret pour elle. Maïté Defives s'est découvert une passion pour la lecture à 22 ans, après avoir lu un livre d'Eric-Emmanuel Schmitt. Et comme elle aimait communiquer via les réseaux sociaux, elle a créé son blog en 2017 : Mademoisellelit. Sept ans après, Maïté Defives est devenue l'une des plus puissantes influenceuses littéraires. Sa communauté suit ses conseils de lecture à la lettre et les éditeurs la courtisent sans relâche pour obtenir le précieux sésame d'un des ses post.
Du blog au livre, il n'y a qu'un pas. Dans « 100 livres qui changent la vie » (Jouvence), Maïté Defives poursuit sur papier son chemin de prescriptrice. Elle propose une sélection éminemment subjective issue des publications des vingt dernière années qui, selon elle, ont le pouvoir d'émouvoir et de transformer un peu, voire beaucoup, la vie de celui ou celle qui lit.
Selon l'influenceuse, qui vit aujourd'hui à Lille, après avoir officié depuis Madrid, les livres ont le pouvoir de bouleverser nos certitudes et de nous inspirer. Les choix de Maïté sont aussi éclectiques que personnels. Ils parlent de l'effet que les livres produisent sur nous. Maïté Defives ne peut parler que des livres qui la touchent. Car elle recherche toujours dans une lecture, une rencontre. Il y a souvent des coups de foudre. Mais parfois aussi, des rendez-vous manqués, qui ne se rattrapent pas. Il y en a d'autres qui se réparent, lors d'une nouvelle tentative. Car il y a des moments pour recevoir un texte. Etre prêt à l'accueillir. Ou pas.
On l'aura compris, Maïté Defives ne se contente pas de lire beaucoup, elle relit abondamment et revient régulièrement sur un texte, pour s'en imprégner ou le réinterroger. Elle n'est pas devenue MademoiselleLit sans un fort engagement. Même si rien ne la destinait à ce destin nourri de fictions. Elle assume désormais avec bonheur son statut de lectrice à plein temps, qui a créé une véritable communauté de lecteurs (souvent des lectrices). Elle ne cherche ni à jouer les femme savantes, ni les professeures. Elle est une amatrice éclairée dont les lumières guident plus de 100 000 « followers » par mois. Une sacrée responsabilité !
100 livres se présente comme une encyclopédie vivante de la littérature des années post-2000, qui peut se parcourir dans l'ordre que l'on souhaite, car l'autrice a fait le choix d'une classification thématique et non d'une approche académique. Citons par exemple quelques grands chapitres : Nos amis les animaux, Invitation au voyage, Héritage et transmission, La vie est belle, Grands frissons, Questions de société, Amour et amitié, Croire en ses rêves, Se reconstruire... Maïté Defives a choisi une présentation facile d'appropriation, comprenant un résumé très vivant de chaque livre, avec ses points saillants, un court extrait, un paragraphe sur l'auteur, ainsi qu'un rappel de sa bibliographie et parfois un encadré sur des éléments à savoir en plus. Défilent des noms bien connus du grand public comme Annie Ernaux, Muriel Barbery, Philippe Claudel, Véronique Olmi, Philippe Jaenada, Elena Ferrante, Catherine Cusset... D'autres plus confidentiels comme Jessie Burton, Carolina de Rubertis, Sophie de Baere, Michael McDowell ou encore Luca Di Fulvio. Manquent étonnamment quelques têtes d'affiche comme Valérie Perrin, Delphine de Vigan ou Mélissa da Costa. Des goûts et des couleurs...
Le résultat global en fait un ouvrage très agréable à parcourir. Parfait à offrir pour Noël à ceux qui aiment lire, mais aussi à ceux qui ne lisent pas... encore. Car les petites formules complices de Maïté Defives ont un fort pouvoir convaincant.
Dans le salon feutré de l'hôtel Nolinski près de l'Opéra, nous rencontrons cette gourmande de livres qui se prête au jeu des questions. MademoiselleLit devient MademoiselleDit.
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
-Maïté Defives : J'ai lu Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran d'Éric-Emmanuel Schmitt, après avoir entendu une interview de lui. Ce livre a changé ma vie. Je l'ai lu d'une traite. Émerveillée. J'ai été profondément émue. Éric-Emmanuel Schmitt a l'art de dire les choses avec des mots simples. Cette lecture m'a fait plonger dans une vie de lectrice compulsive ! Car ensuite, je ne me suis plus arrêtée de lire. Plus tard, j'ai d'ailleurs eu l'occasion de le rencontrer et de lui exprimer ma reconnaissance.
-M.D. : Comme j'avais commencé à me plonger dans la lecture de nombreux livres, j'ai éprouvé l'envie de communiquer avec d'autres. Je vivais alors à Madrid. Les réseaux sociaux étaient la seule manière de me connecter avec les lecteurs Français. Puis très vite, j'ai eu envie de partager mes coups de cœur et c'est ainsi que j'ai créé en 2017 mon blog MademoiselleLit. Je ne m'attendais pas à ce que cette démarche change ma vie à ce point.
-M.D. : Mon postulat de départ : ne parler que des livres qui me touchent et rester libre de mes choix. Je voulais désacraliser la lecture. Aider ceux qui n'osaient pas se lancer et leur montrer qu'ils pouvaient le faire. Je n'ai pas de bagage littéraire. Je n'ai pas honte de le dire. Me donner le droit d'écrire sur les livres sans appartenir à un milieu littéraire, c'était un défi. Mais c'est peut-être aussi pourquoi, de nombreuses personnes se sont mises à me suivre. Elles partagent avec moi ce goût de la lecture accessible. Ce qui ne veut pas dire que je m'interdise des livres ambitieux. Mais il y a une manière de guider un lecteur pour qu'il ose s'emparer d'un texte vis à vis duquel il pourrait avoir un a priori. Le fil rouge sera toujours la sincérité.
-M.D. : Chaque livre est une rencontre. Certaines de ces rencontres sont plus décisives que d'autres. En attendant Bojangles d'Olivier Bourdeaut m'a bouleversée. C'est un roman qui fait aimer la vie, même si une part du livre peut être considérée comme tragique. Il est un formidable récit d'envol vers l'autre côté du miroir. On passe du rire aux larmes. Je suis sensible à toutes les palettes d'émotions que me procure un roman. A l'énergie qui s'en dégage. Je reconnais que mes goûts sont très éclectiques. Il y a des auteurs ou des livres que j'aime pour des raisons très différentes. J'aime Virginie Despentes, pour sa vision si juste de la société. Mais j'aime aussi beaucoup Daphné du Maurier, qui a l'art du récit.
-M.D. : Sans dogmatisme, l'envie de laisser une trace, d'apporter ma touche. De donner mon regard sur ces années de littérature contemporaine. De prendre de la hauteur. Qu'est-ce que je retiens de ce qui m'a marquée ces dernières années ? J'ai relu mes chroniques. J'en ai récupéré quelques-unes que j'ai enrichies, mais il y en a aussi de nouvelles. J'ai assumé de créer mon petit panthéon, subjectif forcément. Avec ce critère du livre qui transforme.
-M.D. : Un livre ne me transforme pas parce qu'il me dit comment je dois changer. Il m'enrichit parce qu'il m'ouvre à un nouvel horizon. Là se trouve le pouvoir de la littérature. Je suis très hermétique à toute une ces fictions dont le propos est une sorte de coaching déguisé. Cela ne me touche pas. C'est pourquoi j'ai voulu parler de la manière dont un livre nous conduit vers de nouvelles vies, de nouveaux savoirs, de nouvelles expériences.
-M.D. : Il y a 66 livres sur les 100 que j'ai sélectionnés qui ont été écrits par des femmes. Ce choix a été à la fois facile et difficile. Facile, car il existe de nombreuses autrices formidables. Difficile, car faire un choix est toujours arbitraire. Or, en privilégiant les signatures féminines d'aujourd'hui, j'ai renoncé à certains écrivains masculins que j'admire aussi. Ce qui me frappe, c'est que les femmes écrivaines interviennent dans des styles et des genres très différents. Je voulais montrer cette diversité et tordre le cou à l' idée d'une littérature dite féminine qui est très réductrice. Je suis une féministe engagée. Je l'assume. Et j'espère que les femmes oseront de plus en plus écrire et lire des femmes qui écrivent !
>« 100 livres qui changent la vie » de Maïté Defives du blog MademoiselleLit, Jouvence. 240 pages, 22,95 euros >> Pour acheter le livre, cliquer sur le lien
>Aller sur le blog MademoiselleLit
Les lauréats du Prix Mare Nostrum 2024 vient de livrer la liste de ses lauréats. Chaque lauréat recevra une dotation de 2 000 € pour sa c
Légende photo : en haut de gauche à droite : Deloupy (Les Arènes), Carole Maurel (Glénat), Pierre Van Hove (Delcourt/La Revue Dessinée), Sébast
La Centrale Canine décerne chaque année son Prix Littéraire aux 3 meilleurs ouvrages mettant à l'honneur la relation humain-chien.