Considéré comme le créateur du roman réaliste Balzac fait partie des classiques de la littérature. Si cet auteur vous en a probablement fait voir de toutes les couleurs durant votre adolescence, il est encore temps de redecouvrir son oeuvre, si surprenante. Vous pourriez avoir des surprises !
Honoré de Balzac est né à Tours le 18 août 1850. Issu d'une famille bourgeoise il fait ses études au collège de Vendôme où il sera pensionnaire. Il fait par la suite des études de droit selon la volonté de sa mère. Néanmoins, en 1818, il avoue à ses parents son envie d’être écrivain. En 1826, Balzac devient éditeur puis imprimeur. Mais son entreprise fait faillite et pour pouvoir rembourser ses dettes l’écrivain devient journaliste dans La Silhouette, La Caricature et La Chronique de Paris.
Balzac fait partie de ces auteurs qui naviguent entre différents genres du roman : le roman historique et politique, avec "Les Chouans", le roman philosophique avec "Le Chef-d'œuvre inconnu", le roman fantastique avec "La Peau de chagrin" ainsi que le roman poétique avec "Le Lys dans la vallée". Néanmoins ce sont ses romans réalistes tels "Le Père Goriot", "Eugénie Grandet" ou "Illusions Perdues", qui lui permettront d’accéder à la gloire mais également de se voir attribuer l’étiquette réductrice d’auteur réaliste. Il doit cette qualification aux détails qu’il apportait à ses descriptions. Ce qui est dommageable car on oublie la plupart du temps le côté visionnaire de son écriture et son imagination débordante.
Balzac a la capacité à identifier les «Espèces sociales» de son époque, d’explorer les tréfonds de l’âme humaine, toutes classes sociales confondues. Pour ce faire , il crée des personnages si précis qu’ils deviendront bientôt des archétypes, tels Rastignac, le jeune provincial ambitieux, Grandet, l'avare tyran domestique, ou le père Goriot, icône de la paternité. De nombreuses courtisanes et grisettes, font partie de ces romans et apparaissent à côté de femmes admirables et vertueuses. Ces dernières ont une place si importante dans l’œuvre de l’écrivain qu’un lectorat féminin va très vite se réjouir de son travail.
Tous les romans de Balzac ont un schéma plus ou moins similaire : ils commencent par une longue exposition des lieux et de l’époque au milieu desquels les descriptions sont nombreuses avec un vocabulaire très riche, qui permet aux lecteurs de ne pas s’ennuyer. Suit l’évolution des personnages, le détail de leurs traits physiques et psychologiques. En parallèle l’action se met en marche et l’intrigue apparait. Les situations découlent, la plupart du temps, des caractères des héros: l’ambition pour Rastignac ou Rubempré, l’amour paternel pour le père Goriot, ou encore la candeur pour Eugénie Grandet.
En 1841 Balzac regroupe ses œuvres sous le nom de La Comédie humaine. Dans un premier temps il regroupe les 70 œuvres déjà existantes depuis 1829 et y ajoute une vingtaine d’autres les années qui suivent. Mais tous les écrits de Balzac n’entrent pas dans La Comédie humaine. Les romans dits "de jeunesse" et toux ceux publiés avant 1829 sous des pseudonymes, les Contes drolatiques, les articles écrits pour les journaux, les essais poétiques, philosophiques ou dramatiques n’en font pas partie. Le but de l’œuvre La Comédie Humaine est d’analyser la société sur la base de la nature. Pour ce faire Balzac propose trois parties :
Les Études de mœurs: Divisées en six ensembles de romans qualifiés de "scènes", elle regroupe les scènes de la vie privée, les scènes de la vie de province, les scènes de la vie parisienne, les scènes de la vie politique, les scènes de la vie militaire et les scènes de la vie de campagne.
Les Études philosophiques : elles cherchent à identifier les causes des aléas de la vie sociale, soit dans les hautes sociétés ou les basses sociétés
Les Études analytiques : elles développent les principes théoriques qui gèrent la vie sociale.
Malgré ces divers thèmes et la vaste fresque de personnages récurrents, le lecteur est libre de parcourir dans l’ordre qu’il souhaite. Bien que l’auteur ait préalablement appliqué un classement précis, ses nombreux changements, remaniements et rééditions, font l’effet d’un ordre assez hasardeux et peu fiable.
Néanmoins La Comédie humaine restera inachevée. L'œuvre devait comprendre cent trente-sept romans. Certaines lacunes sont d’ailleurs relevées dans un catalogue établi par Balzac. Les Études analytiques ne comprennent que la Physiologie du mariage et les Petites Misères de la vie conjugale, les Scènes de la vie militaire ne comportent que deux récits alors que Balzac en voulait 25. De plus, la vie rurale est assez peu présente, ce qui est regrettable lorsque la paysannerie forme l'essentiel de la population française au XIXe siècle.
A Paris, au début du XVIIe siècle, trois peintres devisent de leur art. L'un est un jeune inconnu, promis à la gloire : Nicolas Poussin. Le deuxième, Franz Porbus, portraitiste officiel de feu le roi Henri IV, est, lui, dans la plénitude de son talent et au faîte de la renommée. Le troisième, maître Frenhofer, personnage plein de mystère qui a côtoyé les plus grands maîtres et assimilé leurs leçons, met la dernière main dans le plus grand secret à un bien mystérieux «chef-d’œuvre». Il faudra que Gillette, la compagne de Poussin, en qui Frenhofer espère trouver le modèle idéal cherché en vain depuis des années, soit admise dans l'atelier du peintre pour que, y pénétrant derrière elle, Porbus et Poussin découvrent le tableau dont Frenhofer gardait jalousement le secret. Et cette découverte les plongera dans la stupéfaction.
Cette œuvre de Balzac fait partie d’une catégorie bien à part et loin des classiques dont on connait tous l’histoire. De manière avant-gardiste, voir prophétique, il s’empare des controverses qui agiteront le monde de la peinture au XXème siècle. Alors des questions sont soulevées : qu’est-ce que le beau ? Qu’est-ce qu’une œuvre d’art ? Où sont les limites de cette derniere ? Quelle est la place de l’artiste ? Sa vision poussée est très intéressante et capte le lecteur du début à la fin. Il nous fait réfléchir et cela est fort agréable. Toute personne ayant un lien avec l’artistique et la création retrouvera forcement certaines identifications évidentes. Néanmoins pour les novices l’œuvre n’en ai pas moins intéressante, même si Balzac utilise tout de même un vocabulaire assez technique parfois. Le chef d'œuvre inconnu nous plonge donc au sein d’une histoire fantastique et intrigante sur un fond esthétique. Ouvrez grand les yeux Balzac va vous en mettre plein la vue.
Dans la ville de Saumur vit modestement la famille Grandet : le père ex-tonnelier devenu richissime après de fructueuses spéculations, son épouse, sa fille Eugénie et Nanon la servante. Ces trois femmes vivent sous la terrible coupe du chef de famille, avaricieux maladif. Dans la ville, les beaux partis se disputent l'hypothétique main d'Eugénie dans l'espoir d'épouser la fortune. Mais le cousin d'Eugénie, un dandy parisien, débarque un soir, porteur d'une missive pour son oncle. Sans le savoir, il apporte la nouvelle du suicide de son père ruiné, demandant à son frère de s'occuper de son fils pour l'aider à partir faire fortune aux Indes. L’avaricieux vieillard va se heurter à la candeur et à la générosité d'Eugénie.
Balzac plante le décor de son roman dans un cadre fortement sinistre. L’œuvre est une tragédie qui met en avant une réalité très présente à l’époque, la confrontation de l’argent et de la quête amoureuse. Il juxtapose ici l’avarice du père Grandet au désintéressement de la fille. L’auteur dépeint avec férocité les caractères des personnes detestables qui évoluent en province et dans les milieux parisiens et permet ainsi à Eugénie de sortir grandie de cette œuvre et d’étaler la noblesse de son caractère. Cette jeune femme maintenue dans l’ignorance par son père, éveille son esprit grâce à l’amour et à la force qu’elle y trouve. Eugénie Grandet est un classique incontournable de la littérature balzacienne, ou le pathétique et le drame cohabitent.
Rastignac est un jeune provincial qui cherche à s'insérer dans la société parisienne. Il lui manque les manières et l'argent. Pour parvenir, il côtoie les femmes du monde, mais reste attaché à son voisin de la pension Vauquer, le père Goriot, vieillard malheureux abandonné de ses filles. Vautrin, forçat évadé, Marsay, politicien ambitieux, et Rubempré, écrivain talentueux, sont animés du même désir de pouvoir. Ils apprennent, chacun à leur manière, les complicités et les alliances indispensables dans une société gouvernée par les intérêts. Seules figures du désintéressement : le père Goriot, vaincu par son amour paternel, et Mme de Beauséant, abandonnée du Tout-Paris.
Ce roman n’est pas souvent apprécié à sa juste valeur. Le fait qu’il soit proposé aux collégiens comme première approche de l’œuvre de Balzac, y est probablement pour beaucoup. Néanmoins il ne faut pas rester sur une vision négative. Si ce livre a été d’un ennui mortel lorsque vous aviez 15 ans, il est fortement possible qu’une relecture changerait totalement votre vision de l’œuvre. Avec le temps qui passe l’histoire prend une autre dimension, et les personnages parviennent à toucher davantage le lecteur. Cette œuvre se compose de trois partie distinctes ; l’arrivé d’un jeune ambitieux à Paris, le destin malheureux d’un père qui a tout donné à ses enfants et enfin les mystères autour du personnage de Vautrin. Cette trame narrative complexe et ce style a fait du Père Goriot l’exemple même du roman balzacien où cohabitent : descriptions, passions, femmes du monde, argent et drame. Roman majeur de la Comédie humaine, il témoigne parfaitement de la mutation et de la naissance d’un monde que Balzac se charge de décrire et d’analyser.
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