Les serrements d'amour

Extrait de Les serrements d'amour de Richard Cannavo

« Sa relation avec Mathilde était son secret, et sa défaite. Car cette liaison niait tout ce qui constituait sa vie, elle venait souligner qu’en dépit des apparences Lorenzo n’était pas heureux. Derrière son bonheur en trompe-l’œil il y avait la vie rêvée, le côté de chez-soi : l’archipel des moments perdus commençait sous le porche de la rue du Regard dans une odeur d’encaustique, une lumière jaune projetée dans la cour, une plante en pot anémique et le son aigre d’un carillon. Combien d’hommes, comme lui, hésitant entre deux pôles, dansaient ainsi d’un pied sur l’autre ? C’est une question qu’il se posait souvent. Il songeait aussi que cette fille à l’allure insignifiante devait avoir un secret : cette flamme dans son regard ? Sa faculté d’abandon ? Son émouvante candeur ?  Ou alors – il n’osait pas le formuler – n’était-ce pas, plutôt, cette sorte de vénération qu’elle lui témoignait ? »

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