« De larmes de rouille et d’acier » de Romane Clessie : steampunk et mondes dystopiques

Les vices d’un monde déchu

À la suite d’une agression horrible, Violette, va devenir une autre personne. Un début de roman terrible qui brise le cœur, où on a assez de détails pour comprendre, mais sans s'attarder de trop sur le pourquoi du comment. Nous sommes plongés par l’autrice dans un monde steampunk peuplé d’automates, un univers où la technologie est avancée et bien présente. Une atmosphère sombre, remplie de vice, où la femme est un objet, qui peut être vendu, choisie pour sa beauté plus qu'autre chose.

Une autrice à la vie mouvementée

Née en 1982, Romane est une maman qui croque la vie à pleines dents avec un planning de folie, des idées plein la tête et des tonnes d’envies. Geek dans l’âme et grande rêveuse, l’écriture est vite devenue pour elle une évidence. Un besoin de sortir toutes ces choses étranges qui sommeillaient en elle, une manière aussi de distiller un peu de magie et d’amour dans ce monde de brutes. De nature éclectique, elle adore Paris et les voyages en tout genre,  elle se passionne pour l’Histoire, la spiritualité, la musique, le piano, dévore les histoires romanesques et s’empiffre de séries télé dégoulinantes de mièvrerie... Sous son véritable nom, elle publie en 2015 le premier tome de sa saga d’heroïc fantasy « Cœur de Lycahan » – aujourd’hui, la saga en 3 tomes est complète. Dans son roman «Jadis, je t’aime », elle allie sa passion pour Paris à l’amour, ses propres croyances et l’Histoire. Et elle embarque au XVIIe siècle avec Élise, sa Princesse Rebelle, à bord d’un galion naviguant sur un océan Atlantique déchaîné. Romane a toujours au moins trois projets d’écriture en cours, elle vagabonde de l’un à l’autre au gré de son humeur et de ses envies. Elle n’a pas de genre à proprement parler ; romance dans tous ses sous-genres, fantasy, fantastique, dystopie, steampunk... elle expérimente. En 2016, on lui diagnostique un cancer du sein. Des traitements lourds s’ensuivent et surtout, beaucoup de peur, de colère, d’incompréhension... L’écriture devient alors pour elle un refuge, une source de paix et de réconfort, une manière de se détacher de la réalité qui l’entoure. Aujourd’hui en rémission, Romane se sent reconnaissante et aime profondément la vie. Sa principale source d’inspiration masculine n’est autre que son mari, dont elle retombe amoureuse à chaque fois qu’elle prête ses traits à l’un de ses personnages principaux. Ce n’est qu’en 2021 qu’elle décide de choisir Romane Clessie comme nom de plume afin de pouvoir dissocier sa vie familiale et professionnelle de sa vie d’autrice. Elle vit en plein cœur de la Normandie, tout près de la ville aux cent clochers...

Une trame dystopique à la Jupiter’s ascending : le mot de l'éditeur

Pour sortir des bas-fonds et assurer un avenir à sa sœur Poly, qui est très malade, Violette a fait le choix de devenir prétendante à l’Institution de Néo-Terra. Dirigée d’une main de fer par madame Bihorel, celle-ci s’emploie à fournir des jeunes femmes convenables à marier aux richissimes Néo-Terriens qui, chaque jour, repoussent les limites de la vieillesse grâce à une biotechnologie mécanique de pointe permettant la transplantation de certains membres ou organes du corps humain. À la suite d’une effroyable agression qui lui laissera de lourdes séquelles, Violette devient une recyclée. Elle se retrouve contrainte de changer d’identité et d’intégrer une branche très secrète de l’Institution chargée de former des espions. Pour sa première mission, on l’envoie au sein d’une des plus puissantes familles de Néo-Terra afin d’en séduire le fils prodigue, d’enquêter sur les activités très controversées du père ainsi que sur une étrange série de meurtres dont les victimes sont destituées de leurs globes oculaires...

Un voyage à la Enola Holmes ?

« Vous êtes ambitieuse, c’est très bien, Rose, et je pense que vous avez compris que j’apprécie les gens qui voient grand. Cependant, veillez à ne pas être trop audacieuse, car si on peut tout entreprendre avec de l’audace, on ne peut pas tout faire non plus et cela ne débouche pas forcément sur l’effet escompté. Voyez-vous, j’ai eu une sœur jadis qui, elle aussi, a voulu s’élever et toucher les étoiles. » -R.C

On a l'impression en lisant cet ouvrage d'être plongé dans le film de Netflix Enola Holmes ! Pour plusieurs points : le style vestimentaire des personnages, les décors, l'ambiance et surtout grâce à notre héroïne qui mène l'enquête incognito pour élucider le mystère de plusieurs assassinats sur Nova-Terra. Ces talents d'espionne et son caractère peuvent ainsi rappeler le jeu de l'actrice, Millie B. Brown. Nous sommes très vite immergés dans un univers orignal et en terminant ce roman, nous avons l'étrange impression de revenir d'un voyage dépaysant !

La recette du page-turner

Dans ce roman, Romane Clessie érige les bases d'un monde steampunk où les inventions sont partout. Son univers est riche et bien construit. L'intrigue est prenante dès les premières pages. On est tout de suite happée par ce récit haletant où rien n'est épargné à Violette (ou au lecteur). La jeune femme évolue dans un monde violent et sans concession. Son enquête va la conduire à des découvertes surprenantes, tant sur la famille qu'elle côtoie que sur elle-même. Elle va aussi lui permettre de se reconstruire et de voir une possibilité d'avenir après tout ce qui lui est arrivé… une belle leçon de persévérance. Evidemment, l'histoire fait également la part belle à l'amour, sans pour autant que la romance prenne toute la place. Un bon dosage entre l'action et l'histoire d'amour, un véritable page turner.

> « De larmes de rouille et d’acier », Romane Clessie, éditions Bookmark collection onirique, 466 pages, 23 euros