Plus d’une fois Elizabeth, en se promenant dans le parc, rencontra Mr. Darcy à l’improviste. Elle trouvait assez étrange la malchance qui l’amenait dans un endroit ordinairement si solitaire, et elle eut soin de l’informer que ce coin du parc était sa retraite favorite. Une seconde rencontre après cet avertissement était plutôt singulière ; elle eut lieu cependant, et une autre encore. Était-ce pour l’ennuyer ou pour s’imposer à lui-même une pénitence ? Car il ne se contentait point dans ces occasions de lui dire quelques mots de politesse et de poursuivre son chemin, mais paraissait croire nécessaire de l’accompagner dans sa promenade. Il ne se montrait jamais très bavard, et, de son côté, Elizabeth ne faisait guère de frais. Au cours de la troisième rencontre, cependant, elle fut frappée des questions bizarres et sans lien qu’il lui posait sur l’agrément de son séjour à Hunsford ; sur son goût pour les promenades solitaires ; sur ce qu’elle pensait de la félicité du ménage Collins ; enfin, comme il était question de Rosings et de la disposition intérieure des appartements qu’elle disait ne pas bien connaître, Darcy avait eu l’air de penser que lorsqu’elle reviendrait dans le Kent, elle séjournerait cette fois au château. Voilà du moins ce qu’Elizabeth crut comprendre. Était-ce possible qu’en parlant ainsi il pensât au colonel Fitzwilliam ? Si ces paroles avaient un sens, il voulait sans doute faire allusion à ce qui pourrait se produire de ce côté. Cette pensée troubla quelque peu Elizabeth qui fut heureuse de se retrouver seule à l’entrée du presbytère. Un jour qu’en promenade elle relisait une lettre de Jane et méditait certains passages qui laissaient deviner la mélancolie de sa sœur, Elizabeth, en levant les yeux, se trouva face à face, non point cette fois avec Mr. Darcy, mais avec le colonel Fitzwilliam. – Je ne savais pas que vous vous promeniez jamais de ce côté, dit-elle avec un sourire en repliant sa lettre. (...)" Début du chapitre XXXIII