Dans « De nos blessures un royaume » (Buchet/Chastel), Gaëlle Josse nous place dans les pas d’une danseuse, Agnès, que la disparition de son compagnon fait vaciller. Littéraflure a été particulièrement émue par ce texte, qui confirme que Gaëlle Josse est l’écrivaine des âmes fragiles et que sa langue est magnifiquement lumineuse.
Gaëlle Josse est l’écrivaine des âmes fragiles et des cœurs brisés. Quand il faut explorer les failles de l’être, en faire jaillir la lumière, elle excelle.
Dans « De nos blessures un royaume » (titre magnifique), elle nous place dans les pas d’une danseuse, Agnès, que la disparition de son compagnon fait vaciller (« Guillaume terrien. Moi le vent, le feu. L’embrasement. Nos sauvageries. Tes mains comme des oiseaux envolés. La vie qui déborde et nous déborde. »)
Pour tourner la page de son amour perdu, elle entreprend un voyage cathartique jusqu’à l’improbable « The museum of broken relationships » à Zagreb, où d’anciens amants, pour cicatriser leurs blessures, ont répondu à la question : « que reste-t-il de nos amours ? »
Elle traverse Milan où l’attend la corbeille de Caravage (« le peintre a saisi ce moment où le cours des choses bascule »), Trieste et son lungomare glacé par le vent bora venu de Slovénie. Elle contourne aussi Venise qui m’écœure comme un fruit trop mûr, et que l’auteure écrase avec style : « Venise cuisses ouvertes, dentelles déchirées, ivre et hilare, sublime et défaite, livrée aux marchands, alors que tout ici fait défaillir de beauté. »
Guillaume, l’homme qui n’est plu, avait un livre fétiche, qui raconte l’amour d’un père pour sa fille retardée mentale et sa vie conjugale qui va s’étiolant (« Tous deux, nous tenons comme nous pouvons, dans des vies qui ne ressemblent pas à nos rêves, mais qui ne sont ni naufrage, ni misère. ») C’est ce livre qu’Agnès déposera au musée de Zagreb.
Un roman sensible, où la poésie affleure à chaque ligne.
7 jours, 1000 kilomètres. Agnès, danseuse, tourne un jour le dos à sa vie. Elle part. Un périple lent, un itinéraire sans logique apparente. Dans quel but ? Dans son sac, il y a un livre. Il est la raison de ce voyage qui la conduit à l'autre bout de l'Europe. Continuer à vivre exige parfois d'étranges détours. Dans ce nouveau roman, on retrouve la sensibilité de Gaëlle Josse.
Elle signe ici un texte bouleversant et lumineux sur la quête de soi. C'est aussi une déclaration d'amour aux livres, à la littérature, et à toutes les vies de papier qui nous rendent un peu plus vivants.
> Gaëlle Josse, De nos blessures un royaume, Buchet-Chastel, 176 pages, 19,50 euros >> Pour acheter le livre, cliquer sur ce lien
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Littéraflure est le pseudonyme de critique littéraire d'une auteure qui a déjà publié cinq romans et dont l'identité est inconnue. Prochainement elle fera paraître ses Confessions d'une chroniqueuse littéraire.
Son credo : « Je porte aux nues et souvent j’érafle pour que vive la littérature ! »
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