Chronique de Littéraflure

« Le barman du Ritz » de Philippe Collin : secrets de comptoir sous l'Occupation

« Le barman du Ritz » (Albin Michel) de Philippe Collin est un livre qui se lit comme on boirait un cognac, un Bourbon ou un dry Martini, qui laisse longtemps sa trace dans les veines de celui qui le consomme.  La chroniqueuse Littéraflure s'est laissée enivrer. Comme nous.

Portrait de Philippe Collin © Roberto Frankenberg/Albin Michel Portrait de Philippe Collin © Roberto Frankenberg/Albin Michel
Le Ritz est un mythe, un monument qui résiste au temps et à la folie des hommes. Théâtre de l’Histoire en marche, il voit se jouer entre ses murs capitonnés drames et comédies, de la galerie au bar où Franck Meier concocte ses cocktails avec maestria (« L’attention au détail, l’art du service, le bon mot pour chacun et la disponibilité pour tous »).

Le Ritz, un biotope premier cru

Sous l’Occupation, le Ritz est un biotope atypique où se croisent toutes les espèces et s’épanouissent toutes les natures de courage, toutes les nuances de trahison (« Le monde du dedans, celui du Ritz, avec son faste, son confort et ses carnassiers, le monde du dehors, celui de la faim, du froid, et de l’humiliation »).

L'illusion du bonheur au comptoir du rêve

Arletty, Guitry, Cocteau, Chanel, Hutton, Jünger, tous les parvenus, tous les officiers de la Wehrmacht s’y offrent une parenthèse enchantée, s’y donnent l’illusion du bonheur (« Telle est la vocation d’un palace : un palais de conte de fées où le rêve ne doit jamais s’interrompre »).

Apparences trompeuses

Il faut se méfier des apparences. Tous portent des masques, et le talent de Philippe Collin consiste à ne les tomber qu’au dernier moment. Le Ritz sous l’Occupation est à l’image de cette France hésitante, tantôt soumise, tantôt rebelle, entre la nécessité de survivre et le sentiment d’œuvrer pour la postérité. Ils sont rares les résistants de la première heure, telle Blanche Auzello, que l’auteur vénère à juste raison.

Secrets et Histoire 

Un récit passionnant et documenté qui nous replonge dans cette sombre période de notre Histoire, révélant au passage quelques terribles secrets (pages 202, 237, 289, 312).

Je n’ai désormais qu’une envie : siroter un Daïquiri au bar Hemingway.

A propos du barman du Ritz 

Juin 1940. Les Allemands entrent dans Paris. Partout, le couvre-feu est de rigueur, sauf au grand hôtel Ritz. Avides de découvrir l’art de vivre à la française, les occupants y côtoient l’élite parisienne, tandis que derrière le bar œuvre Frank Meier, le plus grand barman du monde.
S’adapter est une question de survie. Frank Meier se révèle habile diplomate, gagne la sympathie des officiers allemands, achète sa tranquillité, mais aussi celle de Luciano, son apprenti, et de la troublante et énigmatique Blanche Auzello. Pendant quatre ans, les hommes de la Gestapo vont trinquer avec Coco Chanel, la terrible veuve Ritz, ou encore Sacha Guitry. Ces hommes et ces femmes, collabos ou résistants, héros ou profiteurs de guerre, vont s’aimer, se trahir, lutter aussi pour une certaine idée de la civilisation. La plupart d’entre eux ignorent que Meier, émigré autrichien, ancien combattant de 1914, chef d’orchestre de cet étrange ballet cache un lourd secret. Le barman du Ritz est juif.

Philippe Collin restitue avec virtuosité et une méticuleuse précision historique une époque troublée. À travers le destin de cet homme méconnu, il se fait l’œil et l’oreille d’une France occupée, et raconte l’éternel affrontement entre la peur et le courage.

> Le barman du Ritz de Philippe Collin, Albin Michel, 416 pages, 21,90 euros >> Pour acheter le livre, cliquer sur ce lien

En savoir plus

> Visionner une vidéo de présentation du livre de Philippe Collin :

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