Peut-être qu'une partie de moi ne s'est jamais remise du miracle d'être une femme. La façon dont les hommes me regardent m'a donné envie de me regarder. Je me suis aimée. J'ai laissé les hommes faire de moi leur créature, j'ai appris d'eux tout ce que je suis. Ça ne m'a jamais contrecarrée, puisque je leur plaisais. Que je parlais leur langage. On pourrait appeler ça une mentalité d'esclave heureuse, peut-être. C'est assez peu important ; les femmes ne peuvent jamais gagner. On les soupçonne toujours d'avoir poussé en réaction au tuteur, quand elles ont l'air de s'en éloigner. On dit qu'elles jouent ce qu'elles aimeraient être. Pas un de nos choix qui ne soit scruté, décortiqué, analysé. Le sol sous nous se dérobe éternellement, il faut chercher un abri quelque part, et ne jamais s'installer puisque tout tremble. »