A propos de l'auteur
Né en 1958, Liao Yiwu, alias Lao Wei, pourrait bien
être le Jack Kerouac chinois. Poète, musicien, reporter, Liao Yiwu a
également été cuisinier, vagabond, chauffeur de poids lourd, et a exercé
bien d'autres métiers encore. Joueur de flûte xiao, chanteur rock à
l'occasion, il aime plus que tout déclamer des poèmes en public.
Personnalité exubérante, qui avait pourtant tout fait pour se tenir à
l'écart de la politique jusqu'en 1989, il s'est trouvé rattrapé par elle
lorsqu'il voulut transformer un poème à la mémoire des victimes du
massacre de la place Tian'anmen en pièce de théâtre. L'affaire connut un
grand retentissement en 1990 et valut à plusieurs dizaines de personnes
d'être arrêtées, interrogées, emprisonnées. Parmi elles, sept furent
condamnées à faire deux ans de prison et plus. Liao Yiwu eut le douteux
privilège d'y rester quatre ans. Ce séjour en enfer transforma sa
personnalité et libéra sa plume. Après avoir côtoyé des violeurs, des
assassins, des condamnés à mort, des souteneurs, mais aussi des
innocents, des fous, de pauvres filles, après avoir connu les pires
tortures (menottes, coups de matraque électrique, coups sur les plantes
des pieds, vingt-trois jours avec les bras entravés dans le dos, deux
tentatives de suicide), Liao Yiwu prétend être "devenu fou". La
littérature lui a permis de survivre : il savait qu'un jour il décrirait
tout cela, non pas son expérience personnelle, non pas un simple récit
de prison, mais une galerie de portraits rédigés sous forme
d'interviews, tous plus saisissants les uns que les autres.