Alors que Jean Rochefort vient de nous quitter, nous revenons sur une de ses dernières pantalonades avec les Boloss des belles lettres, qui ont lancé une série de vidéos qui détricotent les grandes oeuvres de manière ludique. Mais est-ce vraiement utile ? La Bande dessinée s'y met aussi. On ne compte plus les adaptations de classiques sous forme graphique. Que penser de ces versions revisitées ?
Ils s’en sont fait une spécialité. Les Boloss des belles lettres ce sont des émissions durant lesquelles l’acteur français Jean Rochefort interprète des lectures d’oeuvres classiques (comme Molière ou Jean de la Fontaine) de façon totalement décomplexée. Si ces vidéos rencontrent un fort succès, c’est qu’elles ont le mérite de désinhiber l’oeuvre en y intégrant beaucoup d’humour. Il est cependant légitime de se poser la question de la nature de l’oeuvre: est ce qu’en les retravaillant de cette manière, on n'en supprime pas l’essence même ? Ce qui est important dans un livre ce n’est pas forcément son histoire, c’est la façon dont elle a été traitée, c’est ce que l’auteur a transmis à travers ses mots et ses tournures de phrases. Deux textes similaires traités de deux façons différentes ne passeront pas le même message, les mêmes émotions. C’est intéressant de revisiter une oeuvre et de la voir sous un oeil nouveau, mais cela donne-t-il vraiement envie de lire la version originale ? Est-ce que parfois cette démarche ne nuit-elle pas finalement à son objet premier : rendre accessibles les textes de notre littérature. Accessibles ou perdus ?
Les oeuvres classiques ne sont pas seulement revisitées sous la forme de vidéos. Elles sont parfois adaptées à d’autres formats comme la bande dessinée. On pense notamment à l’adaptation du « Portrait de Dorian Gray » d’Oscar Wilde, adaptée sous la forme d’une BD par Enrique Corominas (Daniel Maghen). Ou encore « l’Etranger » d’Albert Camus adaptée en bande dessinée par Jacques Ferrandez (Gallimard). Même la Bible a été adaptée sous forme de bande dessinée. Une adaptation plus qu’une dénaturalisation de l’oeuvre qui plait au grand public. La Bande dessinée semble en général un moyen plus heureux de travailler la déclinaison, car le roman graphique, garde de l'écrit, propose une esthétique visuelle qui est souvent très travaillée. L'objet "livre" est en soi préservé.
Jules, 18 ans, lycéen ; « J’aime bien regarder ce genre de vidéos, notamment lorsqu’on étudie une oeuvre classique à l’école. C’est une façon beaucoup plus ludique et rigolote d’étudier une oeuvre. Ca la rend moins complexe et plus abordable pour ceux qui ne sont pas passionnés de littérature. »
Ophélie, 19 ans, étudiante en lettres : « Je ne trouve pas que ce soit une si mauvaise idée de faire ça. Certaines oeuvres classiques sont assez dures ou assez lourdes à comprendre parfois, ne serait-ce que dans le style d’écriture. Faire ce genre de lecture simplifie énormément les oeuvres. Toutefois, ça retire beaucoup de ce qu’était l’oeuvre au départ, on y retrouve l’histoire mais plus du tout la plume de l’écrivain, je trouve ça dommage. »
> Découvrez les fables de Jean de la Fontaine revisitées par les Boloss des belles lettres:
Légende photo : Jérôme Garcin, Hervé Le Tellier, Rachida Brakni, Marthe Keller, Gaël Faye, Kamel Daoud, Rebecca Dautremer, Emmanuel Lepag
Avec la saison automnale, le Mois du film documentaire du Territoire de Belfort est l’occasion de se réchauffer tout en explorant une grande divers
Légende photo : Abnousse Shalmani, lauréate du prix Simone Veil 2024, entourée de Pierre-François Veil (à gauche sur la photo) et Jean Vei