Millénium : Anatomie d'un best-seller mondial
Alors qu'il est annoncé après de multiples rebondissements la sortie d'un nouvel opus de la saga Millenium revenons sur l'oeuvre de Stieg Larsson.
Stieg Larsson est un journaliste et écrivain suédois connu pour son engagement contre l'extrémisme de droite et le racisme. Il doit son succès littéraire à la trilogie Millénium.
Les débuts
Karl Stig-Erland Larsson alias Stieg Larsson, est né le 15 août 1954 à Skelleftehamn, dans la région de Västerbotten où il est élevé par ses grands-parents maternels jusqu'à l'âge de neuf ans.
Pendant son adolescence, Stieg Larsson écrit avec Rune Forsgren deux fanzines, Sfären et Fijagh!. En 1978 et 1979, il fait partie de l'exécutif de la plus grande association nordique de science-fiction, la Skandinavisk förening för science fiction (SFSF) ; en 1980, il en est même son président.
Sa carrière professionnelle débute par de nombreux petits boulots et en 1983, il entre comme graphiste dans la très grande agence de presse suédoise, Tidningarnas telegrambyrå. Il se dirige ainsi vers le métier de journaliste, dans la critique de littérature policière et de bandes dessinées.
Auteur engagé
En 1995, il quitte l'agence et fonde le trimestriel Expo pour dénoncer les manifestations ordinaires du fascisme en Suède.
Son engagement contre le racisme, le fascisme et l'extrême-droite en général le pousse en 1991 à co-écrire Extremhögern (Extrémisme de droite), puis Sverigedemokraterna: den nationella rörelsen (Les démocrates suédois: le mouvement national).
Il donne ensuite des conférences partout dans le monde, y compris à Londres, invité par Scotland Yard. À plusieurs reprises il est menacé de mort.
Stieg Larsson est actif dans le Socialistiska Partiet (Parti socialiste), mais le quitte en 1987, de son propre gré, car il ne veut plus soutenir les régimes socialistes de l'étranger dont il se méfie.
Sur un plan littéraire, ses influences sont à chercher dans la culture populaire : fan de Fifi Brindacier, il est également un grand connaisseur de la science-fiction.
Ses principaux essais sont au nombre de quatre et initialement écrits en suédois : "Extrémisme de droite" en 1991, et "Les Démocrates suédois : le mouvement national" en 2001, ainsi que "Débat sur le meurtre d'honneur : féminisme ou racisme" et "La Démocratie suédoise vue de l'intérieur" en 2004. Deux autres sont sortis en 1998 et ont connu beaucoup de succès sur le territoire français : "Suède" et "Les extrémismes en Europe", respectivement des éditions Jean-Yves Camus et de l'Aube.
Un auteur mondialement connu
Quelques mois avant son décès, il contacte le grand éditeur suédois, Norstedts, et lui livre une série de trois romans policiers, soit près de 3000 pages.
Le premier s'intitule Les hommes qui n'aimaient pas les femmes, paru en suédois en juillet 2005, le deuxième, La fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette, paru en suédois en mai 2006 et le troisième et dernier, La Reine dans le palais des courants d'air, paru en suédois en mai 2007. Le succès est retentissant, malgré l'absence tragique de l'auteur pour promouvoir son œuvre : il meurt le 9 novembre 2004 à Stockholm d'une crise cardiaque.
L'éditeur vend 2,3 millions d'exemplaires en suédois. En 2005. le Prix Clé de verre du meilleur roman policier scandinave de l'année, est attribué pour le premier tome de la saga (Millennium).
Sa trilogie Millénium et sa mort prématurée bouleversent alors l'image du journaliste probe et intègre que l'on avait de lui jusqu'alors. L'événement littéraire fait instantanément de lui un héros littéraire.
La trilogie connaît un succès foudroyant en France et est traduite dans 25 pays. Aux Éditions Actes Sud, Marc de Gouvenain la fait publier dans une collection créée pour l'occasion (Actes Noirs). Près d'un million d'exemplaires sont vendus en un peu moins de deux ans. Aux États-Unis, les droits ont été achetés pour 210 000 $.
Une adaptation cinématographique a été même réalisée (Yellow Bird Films, à Ystad, Suède), en coproduction avec Nordisk Film et des télévisions nationales, sous la direction du réalisateur danois Niels Arden Oplev, et avec Michael Nyqvist (Mikael Blomkvist) et Noomi Rapace (Lisbeth Salander) dans les rôles principaux.
Polémique autour de Millénium
Beaucoup de rumeurs tournent autour d'un supposé Millénium 4.
Stieg Larsson aurait rédigé un testament en 1977 et cédé tous ses droits à la « section d'Umeå de la fédération des travailleurs communistes » alors que jusqu'à présent, les droits d'auteur ont été versés à son père et à son frère.
Sa compagne disposerait d'un début de manuscrit inédit mais les tractations concernant la publication de cet ouvrage n'avaient pas encore abouti en mai 2008.
Les héritiers et sa compagne se sont mis d'accord pour ne pas publier le manuscrit, même s'il réapparaît. La rumeur s'est répandue à la suite d'une interview du père de Stieg Larsson au journal suédois i Dagens Industri (Industrie du jour). Il a déclaré avoir été traversé par l'idée d’éditer son quatrième livre.
Stieg Larsson avait projeté dix volumes pour sa série « Millénium ». À la veille de l’infarctus, il avait écrit les deux tiers du quatrième manuscrit, soit 320 des 440 pages prévues, et les synopsis de trois autres titres.
Alors qu'il est annoncé après de multiples rebondissements la sortie d'un nouvel opus de la saga Millenium revenons sur l'oeuvre de Stieg Larsson.
Solène Goehrs nous livre sa critique libre de "Millénium" de Stieg Larsson. Elle souligne avec conviction ce qui la fascine dans la série et analyse le réalisme comme l'un des moteurs du succès de la trilogie.