En 2011, 74 auteurs voient leur premier roman publiés à l'occasion de la rentrée littéraire. Une mise à l'épreuve, face au lectorat et à la presse, de leurs propositions d'écriture, qui ne se fera sans doute pas sans heurts. Sélection, non exhaustive, des premiers romans qui font eux aussi la rentrée littéraire.
Raymond Radiguet des années 2010? Beaucoup sont prêts à parier sur Marien Defalvard, un mystérieux "jeune prodige" de 19 ans. Il faut bien avouer que son premier roman a de l'ampleur, à mille lieux des habituels romans introspectifs (pour ne pas écrire nombrilistes) présentés par les jeunes premiers. Le jeune homme cite Rousseau, et choisit comme personnage une sorte de promeneur solitaire, qui ne manque pas de rêver non plus - souvent sur ses jeunes années: "Tout cela plus les années épandit sur mon visage de l’époque une déception mauve". Le retour de l'idéal romantique?
>Accéder à la fiche de Marien Defalvard
>Accéder à la fiche de Du temps qu'on existait
Ivan a autrefois été professeur. Il est désormais charpentier. Homo faber et homo sapiens, en somme. L'homme n'est pas statique: il passe de l'Espagne à Paris, puis au continent africain, au rythme des chantiers et des outils qui s'entrechoquent. Un roman attentif aux textures et aux sons, à la forme et à la nature, chaleureux comme le bois et marquant comme le tranchant du burin.
>Accéder à la fiche de Fabrice Loi
>Accéder à la fiche du Bois des hommes
Le personnage principal du premier roman d'Emmanuelle Lambert, Paul, ne comprend plus grand-chose au monde. Il tente, par des artifices, de lui redonner un semblant de sens: "J’ai fait mes courses quotidiennes. Je n’ai acheté que du blanc car c’est ma semaine blanche." confesse-t-il. Il se retire dans une maison de repos, et se consacre à la poésie. Cette vie qui va inonder la sienne, c'est celle d'un amour impossible et presque oublié. Ce journal d'un inadapté est empreint d'un humour triste séduisant.
>Accéder à la fiche d'Emmanuelle Lambert
>Accéder à la fiche d'Un peu de vie dans la mienne
Agrégé de philosophie, Dalibor Frioux s'est tourné vers un genre délicat: l'anticipation. Mais c'est tout en sibtilités que Frioux dresse un bilan de notre planète et de sa relation avec le pétrole, carburant polluant. Brut est un roman ambitieux, qui grise par son audace et frappe par sa noirceur: situé en Norvège, le récit rattrape la réalité, surtout lorsque les agressions xénophobes se multiplient, tandis que la jeunesse se meurt d'un mal mystérieux...
>Accéder à la fiche de Dalibor Frioux
>Accéder à la fiche de Brut
Rarement la conception d'un enfant n'aura été abordée d'une manière aussi franche, au risque de dégoûter, de choquer. L'enfant est bien là, puisque le corps se forme, se déforme. La future mère est seule, François (le prénom, seul indice) est douloureusement absent. Elle s'appuie donc sur les absents, les morts et sur les souvenirs qu'elle conserve d'eux. Organique et naturel ("Un crabe m'habite. Il fait son nid de sable dans mon ventre."), La Fente d'Eau est le témoignage d'une dépossession qui en suit bien d'autres.
>Accéder à la fiche de Pascaline Mourier-Casile
>Accéder à la fiche de La Fente d'Eau
Malgré son titre, L'art français de la Guerre n'est pas un traité militaire façon Sun Tzu: "J'en suis ressorti conquis." assure cependant Patrick Rambaud. Quel est donc cet ouvrage monstre, de plus de 600 pages? Tout commence par une rencontre avec Victorien Salagnon, un ancien soldat des guerres coloniales, puis cela se poursuit à rebours, suivant l'Histoire sombre des offensives nationales: Indochine, Algérie, Seconde Guerre mondiale... Ecrire un roman sur la guerre est un exercice délicat, pour lequel les évidences sont fatales. Alexis Jenni les évite.
>Accéder à la fiche d'Alexis Jenni
>Accéder à la fiche de L'Art français de la Guerre
Cela fait quelques années que le blog de Titiou Lecoq, Girls and Geeks, est en ligne. Mais pour franchir le fameux "fossé" qui sépare la blogueuse de l'auteure, Titiou Lecoq nous livre Les Morues, mélange de Sex & the City et de Social Network, où chaque chapitre possède sa bande-son. Malgré un ton et une trame qui frôlent souvent le lieu commun de la génération "filles et Internet" (cf. le titre de son blog), on appréciera la fraîcheur de ce court roman pour terminer l'été.
>accéder à la fiche de Titiou Lecoq
>Accéder à la fiche des Morues
Hélène et Stéphane reconnaissent respectivement leur mère et leur père sur une photo oubliée pendant de nombreuses années. Un détail: Hélène et Stéphane ne sont pas de la même famille. A partir de cette intrigue assez banale, Hélène Gestern parvient à développer la mémoire comme on développait autrefois une pellicule photographique: les visages s'impriment et se dessinent dans Eux sur la photo, au fil d'une enquête qui dénoue quelques secrets de famille.
>Accéder à la fiche d'Hélène Gestern
>Accéder à la fiche d'Eux sur la photo
Mingus Mood se base sur les sonorités de l'album grandiose Tijuana Moods, du pianiste, compositeur et contrebassiste Charlie Mingus. William Memlouk a donc choisi de mettre en scène l'escapade de Charlie M vers le Mexique: que fuit le musicien? Un manque d'inspiration? Ou bien la rigueur abjecte des lois ségrégationnistes, qui font du jazz une musique injustement considérée? Cet ouvrage, mi-biographie, mi récit, se déroule comme la partition d'une époque pas si lointaine où la musique était encore jugée selon la couleur des mains du musicien.
>Accéder à la fiche de William Memlouk
>Accéder à la fiche de Mingus Mood
Thomas Vinau a emprunté une phrase à Blaise Cendrars pour introduire son récit: "Quand on aime il faut partir". Et il sera bien question de voyage et d'amour dans cet ouvrage poétique, court mais très dense, puisque son personnage principal, Walther, découvrira à l'issu de celui-ci les enjeux et responsabilités d'une vie partagée. En deux parties, "Le dehors du dedans" et "Le dedans du dehors", Nos cheveux blanchiront avec nos yeux est l'une des perles de la rentrée, un "livre du temps", d'après une expression de son auteur.
>Accéder à la fiche de Thomas Vinau
>Accéder à la fiche de Nos cheveux blanchiront avec nos yeux
Les lauréats du Prix Mare Nostrum 2024 vient de livrer la liste de ses lauréats. Chaque lauréat recevra une dotation de 2 000 € pour sa c
Légende photo : en haut de gauche à droite : Deloupy (Les Arènes), Carole Maurel (Glénat), Pierre Van Hove (Delcourt/La Revue Dessinée), Sébast
La Centrale Canine décerne chaque année son Prix Littéraire aux 3 meilleurs ouvrages mettant à l'honneur la relation humain-chien.