Carnet rouge

C’est un petit carnet rouge. Carnet de route ? Carnet de bal ? Carnet de voyage ? Il sera simplement « le » petit carnet rouge . Unique donc, par son symbole. Sans qualificatif particulier, car ce qui « est » n’a pas besoin de dénomination.

 La soie moirée qui le recouvre y reflète les ondes vibratoires d’un mouvement d’entrelacs. Une image, comme un reflet de la voûte céleste et de son firmament, infini.

L’épaisseur de la couverture ressemble à la douceur d’un repos molletonné. Confortable et subtil. La main caresse la soie aux rondeurs qui respirent sous les doigts.

Un petit insigne brodé en son centre s’inscrit comme au sommet d’un képi. Un ornement niant toutefois l’austérité de l’uniforme. Une fantaisie, comme un éclat de rire.

Le petit ruban jaune qui sert de délimitation me rappelle les missels de mon enfance, les parures des cadeaux . Ici il fonctionne comme un métronome et rythme le temps qui s’écoule au fur et à mesure de ses déplacements dans le livre.

Deux élastiques ouvrent le carnet et le ferment à loisir, sans jamais s’éloigner, ni se rejoindre tout à fait. Deux entités protectrices qui se regardent, parfois se frôlent en s’étirant.

Quant aux pages à la douceur  ivoire, elles commencent une histoire. Une histoire en mouvement, qui s’écrira au fur et à mesure de sa lecture. Ici pas de vide, mais un devenir. Pas de chimères, mais la force d’un désir réel.  Pas de grandes phrases, mais de nombreux intertextes. Entre les lignes.

Celui qui me l’a offert m’a fait ici le plus joli des présents. Ces pages s’ouvrent et n’imposent rien, elles me parlent de demain et non de rêves arides ou d’inaccessibles oublis. Elles sont une réserve intime et secrète, que seuls leurs deux protagonistes sauront comprendre et percevoir.

O.P.