Extrait “Lettres d'une femme qui se défend”

Mon ami Guillaume m’a donné rendez-vous ce soir pour passer le temps dans un troquet intimiste histoire d’écouter un bon vieux disque de jazz mais surtout histoire de ne pas être seul dans cette maudite ville.

Je fais semblant de me préparer, absente du simple désir de sortir de ma chambre si paisible. Oui, paisible. Quel dommage que tu ne puisses admirer de ma fenêtre les arbres aux feuilles tremblotantes qui effacent la vue sur la commune grisâtre, du haut des trois étages de l’immeuble dans lequel nous vivons avec Lily. Il pleut à l’extérieur. Dois-je sortir le parapluie ou oser me confronter au temps? Aux risques de tomber malade ou de me protéger de cette morosité décidée !

Dans l’attente de voir un jour un monde meilleur, une humeur glaciale me transcende avec violence en ce samedi de pluie. Chaque jour est un mauvais temps pour les peuples voisins attaqués qui combattent sourds contre cette intempérie. Attaqués par une source soif de diverses richesses et de pouvoir. Dans l’espoir d’une existence meilleure? Qu’on se le dise nous sommes esclaves. Esclaves dans une parfaite illusion, parfaite car personne n’ira se plaindre de ce dit confort mais avoue qu’essayer de se construire une destinée contrôlée par un maitre, c’est moche.

Ça peut te paraitre fou et ça l’est peut-être mais je me permets de continuer dans mes remarques en citant des réalités: les guerres incessantes et une certaine servitude des autres peuples. Il y a bien une raison à tout cela. Mais nous ne sortirons pas dehors, trop confortable dans la sueur du doute. Je ne sortirais pas aujourd’hui: Trop dérangeant le temps?

,2007