Les Écrits

"HHhH" de Laurent Binet (éditions Grasset, 442 pages, 2010)

Reinhard Heydrich, ce n’était pas n’importe qui dans la hiérarchie nazie : patron de la redoutable Gestapo, créateur des services de renseignement, artisan en chef de la « Solution finale ».

 

Un bon Aryen:

 

Il est placé à la tête du protectorat la Bohême-Moravie. CV du parfait nazi, physique qui correspond aux canons esthétiques du IIIe Reich, la « bête blonde » s’efforce d’effacer la tache originelle de racines supposément juives. Le titre énigmatique du livre, HHhH, est un acronyme inventé par les SS de « Himmlers Hirn heisst Heydrich », soit « le cerveau de Himmler s’appelle Heydrich ».

 

Il en dit long sur le pouvoir et, donc, la dangerosité du « bourreau de Prague ». C’est à ce personnage majeur de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale que s’est intéressé Laurent Binet, 37 ans, professeur de français, mais aussi et surtout à Jozef Gabčík et Jan Kubiš, les deux parachutistes tchécoslovaques envoyés en mission en 1942 pour l’assassiner.Mission qui sera une quasi-réussite.

 

Le maître à penser de la "Solution finale":

 

Reinhard Heydrich, ce n’était pas n’importe qui dans la hiérarchie nazie : patron de la redoutable Gestapo, créateur des services de renseignement, artisan en chef de la « Solution finale » il est placé à la tête du protectorat la Bohême-Moravie. CV du parfait nazi, physique qui correspond aux canons esthétiques du IIIe Reich, la « bête blonde » s’efforce d’effacer la tache originelle de racines supposément juives. Le titre énigmatique du livre, HHhH, est un acronyme inventé par les SS de « Himmlers Hirn heisst Heydrich », soit « le cerveau de Himmler s’appelle Heydrich ». Il en dit long sur le pouvoir et, donc, la dangerosité du « bourreau de Prague ». C’est à ce personnage majeur de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale que s’est intéressé Laurent Binet, 37 ans, professeur de français, mais aussi et surtout à Jozef Gabčík et Jan Kubiš, les deux parachutistes tchécoslovaques envoyés en mission en 1942 pour l’assassiner.

 

Une problématique fictionnelle:

 

C’est lors de son service militaire passé en Slovaquie que Laurent Binet commence à s’intéresser à Heydrich. Il lui faudra des années et une compilation quasi obsessionnelle de documents pour se lancer dans l’écriture. Une écriture qui, dès le début, s’inscrit dans une volonté prudente de ne pas romancer. Scrupuleux à l’extrême, Laurent Binet s’interroge sur la manière même de raconter l’histoire, sur les rapports entre fiction et réalité. Bien que présenté comme un roman, son ouvrage s’apparente plus à un journal retraçant le processus d’écriture, à un journal d’un roman en train de s’écrire devant nos yeux. Cette immédiateté serait creuse si elle ne s’appuyait sur une recherche honnête et en profondeur dans toutes les archives qu’il a pu trouver. Et c'est là tout l'intérêt de cet ouvrage construit avec la minutie de l'historien et la plume du romancier.

 

Ainsi prend forme son roman, qu’on serait tenté d’appeler essai, hommage aux « auteurs d'un des plus grands actes de résistance de l'histoire humaine, et sans conteste du plus haut fait de résistance de la Seconde Guerre mondiale ». 


   Lancée de Londres, l’opération Anthropoïde devait prouver aux Alliés l’implication des Tchèques et des Slovaques en exil dans la lutte contre le nazisme. L’opération finit par réussir malgré la multitude d’incidents qui l’émaille. Trahis par l’un des leurs, les deux parachutistes connaissent un destin tragique. Heydrich meurt de septicémie à l’hôpital, et les représailles seront terribles : ce sera entre autres le massacre de Lidice, petit village près de Prague qui connaît le même destin qu’Oradour-sur-Glane en France quelques années plus tard.

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