Le fou du royaume d'hivers
Au bout du monde là où commence l'aventure, le soleil s'étiole.
Noctambule et insomniaque, Yvons Kerbraz, de nature iconoclaste, celui que les gens dévisageaient, l'arriéré de la bourgade, comme ils disaient, vivait le jour dans une chimère de fin gourmet. Sa fantasmagorie le laissait libre d'imaginer une autre vie que celle des monstres envahisseurs de ses nuits nacrées, Trolls, Sylphes, Elfes qui l'attaquaient de front et sur le fond de sa mémoire. Ces êtres malsains et méchants le poursuivaient jusqu'au levant, et ainsi pour sortir des ténèbres, cet imbécile heureux, dernier d'une famille de sept enfants, surnommé jour après jour l'idiot du village, rêvait de se réincarner en un sorbet à la fraise, à la figue, au citron, au gingembre..., tout en peuplant sa chambre de ses maux doux dodus.
Pour lui, un nuage de lait dans le café était un voile de vapeur. Loin de l'envelopper d'une circonférence d'étoile, il se paraît d'une robe d'indifférence et mangeait beaucoup. Jamais affaibli, ce jeune dinosaure avalait une baguette, de la confiture, des tartines de beurre, du miel, et marchait aussi vite qu'une goélette au prés.
Venait-il d'une île sans verdure ?
Ouessant. Une île au ponant, sans aucun poney, mais en compagnie de meutes de moutons sur un bloc de granit, n'étant point un archipel. Depuis sa naissance, ce jeune Kerbraz se trouvait calfeutré dans un bourg où un puissant qu'en-dira-t-on poussait plus fort qu'une tempête. L'ignorant, ne sachant pas compter, Yvons ne suivait pas le cours des valeurs de la bourse, simplement il voyageait sur un courant d'air et voyait des rochers pâtissiers, des gelées aux raisins que cet humain cueillait à la vigne de ses illusions. Pas un bar en ligne, nulle citronnade, nulle verveine, une navigation virtuelle, ce fou n'était pas sanguinaire, juste un peu extra et tellement ordinaire.
Face à lui, la Manche, l'Atlantique et cet amas de cailloux galactiques, qui devenaient des soufflés à la banane les jours de suroît, lui qui s'inventait des couleurs : du bleu de Sienne, du vert de Terre, du jaune amer, portant fièrement son amie, une rainette, paisiblement posée sur sa solide épaule qui croassait en pleine lune, et son métier de marin de basse mer ne l'aidait pas à sortir de son affaire : celle de ne pas se faire comprendre pourquoi. Et tandis qu'on le révolvérisait du regard, Yvons ne songeait qu'aux Charlottes en robe des cendres. Et puisque ce jeune homme semblait être le seul dans ce cas-là, né saint tétant, sans s'entêter, le sein de sa maman pas hypocondriaque pour un sou ; ainsi, aucune psychose, aucune névrose, aucune schizophrénie, lui n'avait qu'un seul souhait : celui de devenir chef d'un restaurant sucré/salé.
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