Avec ‘Les Bienveillantes’, Jonathan Littell nous offre le prototype du roman parfait (peut-être trop?), lauréat du Goncourt et du Prix du Roman de l'Académie française la même année (2006). Le style, d’abord, est élégant, il impose un récit rythmé et accrocheur qui progresse avec une égale constance dans l’ouvrage. Le travail préparatoire ensuite, constitue une véritable mine de détails concernant aussi bien l’administration nazie que les réalités sociologiques de l’époque (tout le roman se passe dans les principaux lieux de guerre nazie, comme l'Ukraine, Stalingrad, les camps...). On suit ainsi la vie et le travail d'un officier SS sous le Troisième Reich, ses doutes, ses réussites...De même encore, l’angle sous lequel le sujet est abordé ne peut que fédérer ; traitant l’un des drames les plus singuliers de l’Histoire (la Shoah, ses origines et sa réalisation), Littell le tire à lui, en mettant en scène l’incapacité existentielle des hommes à s’en défendre. L’habileté de l’écrivain réussit ainsi à transmuer ce sujet en un témoignage d’une universalité troublante. Alors, dans cette perfection, que penser d’un tel roman qui, dès édité, fait déjà figure de “classique” ? Et est même considéré par certains critiques ou journalistes comme un pénible chef d'oeuvre (car trop long, trop dense, en gros trop parfait).
Si l’on ne peut en effet n’être qu’admiratif
devant cette capacité à dépeindre “l’irresponsabilité” des personnages,
si l’on ne peut que sentir ce souffle russe se déverser sur cette
succession de personnages bruts, suivant les ordres de l’Autorité comme
Sisyphe traîne son rocher, sa qualité révèle l’ambiguïté d’une telle
entreprise (voire sa perversité et sa roublardise).
Bien qu’intimement relié à un moment précis de
l’histoire (la Seconde Guerre mondiale), le récit semble déjà s’en extraire et s’impose comme hors du
temps, toujours d’actualité (la fin est apcalyptique, à l'image de cette Seconde Guerre mondiale). Reste qu’une telle qualité devient presque
frustrante et rares sont les moments où l’on sent l’auteur au bord de
l’abîme, où l’on perçoit une véritable prise de risque sinon dans cette
justification un peu lourde à laquelle se livre son héros dans les
premières pages pour légitimer le récit de l’horreur, comme s’il
découvrait, étonné, que l’indicible, l’inimaginable, peut s’écrire, peut
s’étaler et se dire à nouveau.
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