Voilà un auteur original à l'univers et au caractère bien trempé. Un auteur qui a reçu le prix Renaudot bien mérité en 2010 pour "Apocalypse bébé" paru chez Grasset.
Une écrivaine féministe:
Virgine Despentes se définit comme une écrivaine militante lesbienne, surtout depuis son essai très original "King-Kong théorie" paru en 2006. Son oeuvre s'intéresse à la condition féminine, s'interroge sur la nature des relations Hommes-Femmes, ainsi que la représentation et du statut des Femmes au sein de notre Société (exemple du cinéma porno à connotation très masculine). Son viol subi à 17 ans à l'intérieur d'une voiture la définit et constitue un trauma fort de ses livres (exemple de "Baise-moi" ou des "Chiennes Savantes").
Pour elle, le viol est la manifestation crue et directe de l'exercice du pouvoir masculin et par là-même du capitalisme dans toutes ses représentations; selon elle, le viol renvoie au caractère intrinsèquement soumis de la femme dans nos sociétés occidentales. Ce qui fait la force et l'originalité de cet auteur, c'est son style direct, cru, non-policé de ses romans ou essais. Elle vient de la petite-bourgeoisie, a exercé des métiers que la bonne morale réprouve plus ou moins, du style prostituée, critique de films pornos ou rédactrice sur Minitel rose...elle en connaît ainsi un rayon sur toute une frange de la sous-culture occidentale et cela revient dans l'univers de ses romans (très violents, super-hardcore et choquant...).
"Apocalypse bébé": un roman-somme
Son dernier roman est aussi bien un road-movie, une enquête policière qu'un tableau apocalyptique de jeunes filles délaissées. Une enquêtrice Lucie cherche à retrouver une lycéenne fugueuse (Valentine), dont la vie privée se révèle particulièrement effarante (Attouchements dans son lycée, galipette sur un parking avec des musiciens d'extrême-droite, squatters puis fuite hors de France pour l'Espagne afin de retrouver sa mère remariée... ) qui a aussi un père écrivain catho de droite (écrivain ignoré d'ailleurs) et une grand-mère très inquiète (cf critique de ce roman sur ce site).
Par ce roman, Despentes décrit comme d'habitude de nombreux laissés-pour-compte de la société, de personnes en marge et les différentes hypocrisies des différentes classes sociales (pouvoir de l'argent, domination masculine) . Elle décrit surtout des portraits de femmes plutôt originaux et acerbes, de chapître en chapître, montrant une Carte du Tendre de la condition féminine assez véridique. Virginie Despentes choque toujours, mais dans le bon sens du terme (elle s'inscrit dans la lignée de romanciers comme Michel Houellebecq ou Vincent Ravalec); bon sens du terme qui lui permet de gagner le Prix Renaudot en 2010, au grand dam d'écrivain comme Marc-Edouard Nabe, qui considère que récompenser le duo Houellebecq-Despentes cette année c'est s'abaisser à récompenser une littérature sensationnaliste et médiatique (pour ma part, je dirai post-moderne). Nabe concourant aussi pour le Prix Renaudot avec son roman auto-édité "L'homme qui arrêta d'écrire". Pour lui, cette non-récompense vient en fait du lobbying des maisons d'édition qui ne veulent pas qu'un écrivain qui a pris en charge la propre édition de son livre puisse recevoir un prestigieux prix littéraire (pour faire jurisprudence?).
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