L’être humain est une créature proprement extraordinaire qui a découvert le feu, qui a bâti des villes, écrit de magnifiques poèmes, donné des interprétations du monde, inventé des images mythologiques, etc. Mais, en même temps, il n’a pas cessé de faire la guerre à ses semblables, de se tromper, de détruire son environnement, etc. La balance entre la haute vertu intellectuelle et la basse connerie donne un résultat à peu près neutre. Donc, en décidant de parler de la bêtise, nous rendons en un certain sens hommage à cette créature qui est mi-géniale, mi-imbécile. Et dès que nous nous rapprochons de la mort, comme c’est notre cas à tous les deux, alors nous commençons à penser que la connerie l’emporte sur la vertu. C’est évidemment la meilleure manière de se consoler. Si un plombier vient pour réparer une fuite dans ma salle de bain, en me prenant beaucoup d’argent au passage et si, une fois parti, nous découvrons que la fuite est toujours là, je me consolerai en disant à ma femme : 'C’est un crétin, sinon il ne réparerait pas, et fort mal, les baignoires qui fuient. Il serait professeur de sémiologie à l’université de Bologne.' »