Extrait de Le roman noir d'Anaïs de Bernard Coat L

 

Enfant, les psychologues eurent la plus grande peine du monde à diagnostiquer mon mal-être, mon comportement. Celui-ci consistait principalement à m’évader silencieusement  dans quelques rêveries tenaces, délicieuses et impénétrables pour les autres afin de m’isoler pour ne point entendre les geignardises, les réflexions plus stupides et teigneuses que puériles de mes petits collègues de l’école primaire. Ils m'étiquetèrent alors sous le terme générique et flatteur « d'autiste à intelligence précoce » ; ils parlèrent aussi je m'en souviens comme d’avant-hier, du tout nouveau syndrome d'Asperger, sauf que ma motricité fut alors parfaite car je taquinais le piano au conservatoire quasi comme Abdel-Rahman El Bacha attaquant une mazurka de Chopin ; je ne dus mon arrêt intempestif de l’étude de cet instrument qu’à cause des fréquentes fuites urinaires de Madame ma professeure. C’est donc de façon précoce et pour le monde entier que j’élevais bien haut ma pancarte de manifestant silencieux sur laquelle était inscrit : «  Mort aux cons ! ».

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