Discours et rapports

Extrait de Discours et rapports de Louis-Antoine de Saint-Just

Jusqu'à quand serons-nous dupes, et de nos ennemis intérieurs par l'indulgence déplacée, et des ennemis du dehors dont nous favorisons les projets par notre faiblesse ? Épargnez l'aristocratie, et vous vous préparerez cinquante ans de troubles. Osez! Ce mot renferme toute la politique de votre révolution.


L'étranger veut régner chez nous par la discorde : étouffons-la en séquestrant nos ennemis et ses partisans. Rendons guerre pour guerre. Nos ennemis ne peuvent plus nous résister longtemps ; ils nous font la guerre pour s'entre-détruire. Pitt veut détruire la maison d'Autriche, celle-ci la Prusse, tous ensemble l'Espagne; et cette affreuse et fausse alliance veut détruire les Républiques de l'Europe.


Pour vous, détruisez le parti rebelle ; bronzez la liberté ; vengez les patriotes victimes de l'intrigue ; mettez le bon sens et la modestie à l'ordre du jour ; ne souffrez point qu'il y ait un malheureux ni un pauvre dans l'État: ce n'est qu'à ce prix que vous aurez fait une révolution et une République véritable : eh ! Qui vous saurait gré du malheur des bons et du bonheur des méchants ?


Vos Comités vous présentent le décret suivant :


ARTICLE PREMIER. - Le Comité de sûreté générale est investi du pouvoir de mettre en liberté les patriotes détenus. Toute personne qui réclamera sa liberté, rendra compte de sa conduite depuis le 1er mai 1789.


ART II. - Les propriétés des patriotes sont inviolables et sacrées. Les biens des personnes reconnues ennemis de la Révolution seront séquestrés au profit de la République ; ces personnes seront détenues jusqu'à la paix, et bannies ensuite à perpétuité.

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