Hibou ! Combien de fois tes cris funèbres ne m'ont-ils pas fait tressaillir, dans l'ombre de la nuit ! Triste et solitaire, comme toi, j'errais seul, au milieu des ténèbres, dans cette capitale immense : la lueur des réverbères, tranchant avec les ombres, ne les détruit pas, elle les rend plus saillantes ; c'est le clair-obscur des grands peintres ! J'errais seul, pour connaître l'Homme... Que de choses à voir, lorsque tous les yeux sont fermés ! Citoyens paisibles ! J’ai veillé pour vous ; j'ai couru seul les nuits pour vous ! Pour vous, je suis entré dans les repaires du vice et du crime. Mais je suis un traître pour le vice et pour le crime ; je vais vous vendre ses secrets... Pour vous, je l'ai guetté à toutes les heures de la nuit, et je ne l'ai quitté, que lorsque l'aurore le chassait, avec les ténèbres ses fauteurs... Ô jeune et tendre beauté, qui dors tranquille sous la garde sacrée d'une mère vigilante, tu ne sauras jamais ce qu'endurent les infortunées de ton sexe, de ton âge, de ta beauté, de ton innocence !...
Mais pourquoi ne le saurais-tu pas ? Je veux t'instruire. Je veux que tu frissonnes, en t'applaudissant de ton bonheur !...