Mascarille. - Je ne sais si je me trompe, mais vous avez toute la mine d'avoir fait quelque comédie.
Magdelon. - Eh ! Il pourrait être quelque chose de ce que vous dites.
Mascarille. - Ah ! Ma foi, il faudra que nous la voyions. Entre nous, j'en ai composé une que je veux faire représenter.
Cathos. - Hé, à quels comédiens la donnez-vous ?
Mascarille. - Belle demande ! Aux grands comédiens. Il n'y a qu'eux qui soient capables de faire valoir les choses ; les autres sont des ignorants qui récitent comme l'on parle ; ils ne savent pas faire ronfler les vers, et s'arrêter au bel endroit : et le moyen de connaître où est le beau vers, si le comédien ne s'y arrête, et ne vous avertit par là qu'il faut faire le brouhaha?
Cathos. - En effet, il y a manière de faire sentir aux auditeurs les beautés d'un ouvrage ; et les choses ne valent que ce qu'on les fait valoir.
Mascarille. - Que vous semble de ma petite-oie ? La trouvez-vous congruante à l'habit ?
Cathos. - Tout à fait.
Mascarille. - Le ruban est bien choisi.
Magdelon. - Furieusement bien. C'est Perdrigeon tout pur.
Mascarille. - Que dites-vous de mes canons ?
Magdelon. - Ils ont tout à fait bon air.
Mascarille. - Je puis me vanter au moins qu'ils ont un grand quartier plus que tous ceux qu'on fait.
Magdelon. - Il faut avouer que je n'ai jamais vu porter si haut l'élégance de l'ajustement.
Mascarille. - Attachez un peu sur ces gants la réflexion de votre odorat.
Magdelon. - Ils sentent terriblement bon.