Résumé
Dans ses précédents livres, Patrick Chamoiseau nous a habitués à le suivre dans le temple de la belle langue. Avec Biblique des derniers gestes, c'est le bonheur des retrouvailles : les "ouelele", les "flap" qui surgissent et rythment la phrase, viennent une nouvelle fois nous ravir et nous rappeler que la littérature est avant tout ce travail-là, celui de "la belle ouvrage". Toutefois, se mêlait habituellement à cette jouissance de la langue une nécessité que les Antilles, par la voix de leur maître, jetaient à la face du monde. Cette fois, le message – appelons-le le cri, l'appel –, reste plus flou. On avance dans la vie du vieux rebelle Balthazar Bodule-Jules (être fictif ou non ?) sans trop savoir pourquoi cette vie-là nous est racontée plutôt qu'une autre. Vient un moment où l'on tourne les pages sans émotion, sans besoin. On est nourri bien sûr de tout ce que Patrick Chamoiseau peut avoir à écrire sur le temps passé, la nature, la destinée humaine, l'enfance et sa magie, mais qu'en est-il réellement de ce qu'il veut nous transmettre ?
Balthazar Bodule-Jules est né condamné par le pouvoir mauvais d'une sorcière. Malade, orphelin, il a dû être soutenu par de nombreuses femmes avant de devenir l'homme solide qu'il a été. Mieux vaut naître faible pour tout avoir à conquérir soi-même ? Les femmes sont-elles, finalement, l'avenir de l'homme ? Est-ce cela que Patrick Chamoiseau veut nous faire entendre ? Si c'est le cas, il faut tendre l'oreille un peu trop attentivement. --Isabelle Magnien