Premier rendez-vous : "Nous nous regardâmes dans le noir. Je la trouvais belle et je lui pris la main." Quelques mots plus loin : "Je l'enlaçais." "Non", dit-elle. Et puis, une gifle et trois dialogues plus loin,
Je l'embrassais violemment en l'étreignant très fort... Elle écarta les lèvres et renversa la tête sous ma main, puis elle se mit à pleurer sur mon épaule.
- Oh, mon chéri, dit-elle, vous serez gentil avec moi, n'est-ce pas ? Et ta soeur, pensais-je. Je lui caressais les cheveux et lui tapotais l'épaule. Elle pleurait.
Si l'on pouvait résumer le livre d'Hemingway, ce serait sur ces modestes dialogues qu'il faudrait méditer. Comment, en quelques lignes, son auteur met en place toute la trame de son roman qui raconte l'inéluctable basculement des êtres confrontés à leur destin, ironiquement, de la vie à l'amour et à la mort.
Ernest Miller Hemingway (1899-1961) a écrit L'Adieu aux armes en 1929. Il est également l'auteur de Pour qui sonne le glas, Le Vieil Homme et la Mer, Le soleil se lève aussi... Il a reçu le prix Nobel de littérature en 1954. --Stellio Paris