Fernando, le narrateur, grammairien comme son auteur, revient à Medellin. Là, chaque jour, les sicaires assassinent sur ordre des narcotrafiquants et la haine engendrant la haine, les meurtres ne cessent jamais. Dans la ville grouillante de morts, de bruits et de lâcheté, Fernando rencontre Alexis, l'ange exterminateur. Jeune et beau tueur qui porte trois scapulaires, "l'un au cou, un autre à l'avant-bras et un autre à la cheville" ; pour obtenir l'affaire, ne pas rater la cible et se faire payer. Et l'ange va réaliser ce que souhaite le plus le narrateur : le débarrasser de tous les gêneurs, mendiants qui implorent les saints, grossiers personnages, badauds trop curieux et même femmes et enfants. Fernando le reconnaît, "on va finir par liquider tout Medellin".
Le roman tourne alors en boucle. Alexis est remplacé par son double, les morts reviennent se faire tuer et les vivants sont en instance de mort. C'est "la loi de Medellin", celle du chaos qui va désormais régir le monde. Vallejo nous entraîne dans un délire à la limite du supportable, un jeu de massacres où l'auteur est la première cible, un chant funèbre et macabre qui n'est pas sans rappeler ceux de Maldoror, du "montévidéen" Ducasse-Lautréamont. Un roman exceptionnel et dérangeant. --Stellio Paris