J'espère avoir retenu ainsi le chant de la mer et des oiseaux, l'aube et le jardin, subconsciemment présents (...). Ce pourraient être des îlots de lumière, des îles dans le courant que j'essaie de représenter ; la vie elle-même qui s'écoule.Dans Les Vagues, s'entrecroisent les monologues intérieurs de ses personnages, comme autant de reflets irisés sur la mer, qui se répondent et frémissent au moindre souffle du vent. Parfois, un scintillement plus fort, plus pur semble-t-il que les autres : c'est une page de poésie (à supposer que le reste ne le soit déjà), écrite en italique, comme une respiration, une méditation sans sujet, dans laquelle se confondraient un instant toutes les autres.
À 47 ans, dix ans avant son suicide, Virginia Woolf se bat contre ses crises successives de désespoir et d'euphorie. Pourtant, sa sensibilité écorchée perçoit la beauté qui perdure derrière le flot des heures. Plus que jamais, les mots lui permettent de cueillir ces "moments de l'être", tels des coquillages nacrés, envers et contre le flux et le reflux du temps. --Laure Anciel