De François Villon dont on sait si peu de choses, on connaît l'essentiel : son oeuvre. Elle a traversé plus de cinq siècles, et le temps n'a rien pu contre elle. Elle nous habite, elle résonne en nous aujourd'hui comme hier. Ce " mauvais garçon ", ce voleur doublé sans doute d'un assassin, trouve des accents d'une grâce inouïe pour aider sa mère à prier Notre Dame. Ce " maître ès arts " qui ne possède rien imagine en son Testament des legs fabuleux pour ses compagnons et ses complices, des legs odieux ou dérisoires pour ses ennemis. Il embrasse d'une même compassion les miséreux, les proscrits, les filles, les enfants en guenilles, et l'humour, qui chemine tout au long de son uvre un peu rebelle, l'aide à se jouer de la peur, de la pauvreté, et de la mort même. Comment ce compagnon de route des coquillards parvint-il à séduire tant de puissants - procureurs, prélats, hobereaux, et jusqu'au prince-poète Charles d'Orléans ? L'évidence de son talent y fut bien sûr pour quelque chose, mais gageons que ce véritable " gibier de potence " était aussi un luron fidèle dans ses amitiés, qui inspirait à tous indulgence et bienveillance. Cette édition à l'orthographe rajeunie, comme pour Les Essais de Montaigne, permet de goûter au texte original tout en en facilitant l'intelligence.