Un chien exceptionnel, on vous dit… Normal, puisqu'il a été créé par deux auteurs de bande dessinée assez exceptionnels. Le premier s'appelle Joann Sfar et on ne le présente plus. On lui doit déjà (entre autres) Le Chat du rabbin, Donjon, Professeur Bell, La Fille du professeur ou Petrus Barbygère. Ici, cet auteur foisonnant s'occupe du scénario. Et c'est son copain Christophe Blain qui dessine. Un garçon à suivre de près, ce Blain : son Isaac le pirate a marqué le Festival d'Angoulême 2002, où il a remporté le prix du Meilleur album. Avec ce premier volume de la saga de Socrate et Héraclès, ils signent un petit bijou de finesse, de drôlerie et d'intelligence. Et prouvent, au passage, que la bande dessinée peut tout faire et tout dire, pour peu que l'on ait du talent. Et qu'elle peut même se piquer de philosophie et de réflexion. Sur un cadre immuable – le fameux "gaufrier", soit six cases par page –, ils plaquent une succession de saynètes servies par des dialogues d'une concision et d'une efficacité exemplaires. Ils parlent du sens de l'existence, de l'amour, des femmes, de la frustration, de l'aventure… Bref, de la vie, quoi. Mais ne cherchez pas : un chien comme Socrate, ça ne doit pas exister pour de vrai. Quoique. Qui sait ? Après avoir refermé le livre (oh joie ! Ce n'est que le premier tome : d'autres suivront), peut-être ne regarderez-vous plus votre fidèle compagnon à quatre pattes avec le même oeil… --Philippe Actère