Vladimir Nabokov arrive aux USA en mai 1940.
Il est nommé maître-assistant de littérature russe et européenne à Cornell University en 1948.
Au programme de ses cours, ce qu’il tient pour des chefs-d’œuvre du XIXème et XXème siècles :
Anna Karénine, Les Âmes mortes, Madame Bovary, Mansfield Park, Bleak House, Du côté de chez Swann, Ulysse et La métamorphose.
Il s’attachera à l’analyse du style et de la structure de ces œuvres.
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Lors de la dernière émission La Grande Librairie, des écrivains voulant exprimer leur originalité et leur esprit de rébellion, s’en sont pris à Franz Kafka, et à sa longue nouvelle La métamorphose.
Selon l’une d’entre eux, « l’histoire d’un dépressif, qui, ne voulant pas se lever pour aller au boulot, se transforme en cafard…Une histoire trop longue…
On aurait pu au bout de 2 pages, gazer l’insecte. »
Gazer, oui.
Ça a beaucoup fait rire, le présentateur Augustin Trapenard, ravi que l’on secoue ainsi des idoles.
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Kafka a écrit cette nouvelle en 1912.
Elle sera un des rares écrits qu’il publiera de son vivant.
Pour Nabokov, la structure du récit tourne autour du chiffre 3 : 3 personnages, 3 chambres dans l’appartement, 3 parties. Comme un triptyque dont on ne comprend la signification qu’en dépliant chacun des panneaux.
La plus grande influence littéraire sur Kafka fut Flaubert qui exécrait la prose affétée. Le style de Kafka est précis, sans intrusion de sentiments personnels. Un style limpide sans métaphores poétiques. Une maîtrise parfaite du récit.
Un véritable cauchemar qui paraît réel.
Nabokov dira à la fin de son cours, pour féliciter ses étudiants de leur lecture :
« Si quelqu’un voit d’emblée dans La métamorphose de Kafka quelque chose de plus qu’une simple fantaisie entomologique, alors je le félicite d’avoir rejoint les rangs des bons et grands lecteurs. »
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J’aurais aimé dire aux faux-rebelles, invités d’Augustin Trapenard, que pour se hisser au niveau de Kafka, il ne suffit pas de quelques boutades pas drôles.
Peut-être prendre quelques cours de littérature à la Cornell University ?
Ou tout simplement et humblement relire le Journal de Kafka pour mesurer son génie.