Tout a été dit ou presque sur Harry Potter. Et pourtant à chaque rendez-vous, livre ou film, le succès est au rendez-vous. Un succès phénoménal, historique, qui force à nous interroger.Pourquoi le petit sorcier déclenche-t-il tant de passions? Comment est-il devenu une idole "worldwide"? Harry Potter est-il devenu le Coca Cola ou la boîte Nivéa de la littérature ? Explications.
La saga Harry Potter ne cesse de défier les lois des records. Chaque tome du livre a déclenché l'hystérie des lecteurs, et chaque film a dépassé les espérances les plus folles de producteurs. Le dernier sorti des studios Warner, Harry Potter, Les reliques de la mort, 1ère partie,ne déroge pas à la règle : il a déjà pris la tête du box-office mondial en engrangeant 330,1 millions de dollars dans le monde au cours du week-end suivant sa sortie. Les reliques de la mort, première partie du dernier volet de la série des aventures du jeune sorcier, a généré 125,1 millions de dollars de recettes rien qu'aux États-Unis, et 205 millions à l'international. Le nouveau film dépasse ainsi de 22 % la performance de Harry Potter et l'ordre du Phénix, lors de son premier week-end de projections en salle (102,6 millions de dollars). Et le succès va se poursuivre pendant les fêtes de fin d'année.
Ce qui fait d'abord l'originalité littéraire des Harry Potter, c'est qu'il s'agit d'une saga en plusieurs parties, avec des thèmes récurrents (le mal, l'abandon, se battre contre plusieurs démons, l'absence des parents, l'enfance...). Harry Potter est construit en plusieurs facteurs ou tiroirs. Il est décliné en film, en livres et en jeux vidéos...L'auteur (J.K. Rowling) et son éditeur ont vendu très tôt les droits des romans (près d'un millions de livres sterling) à la compagnie Warner Bros en 1997. Série de films qui ont rapporté près de 4 milliards d'euros à travers le monde. Le septième tome sera adapté en 2 films, l'un qui vient de sortir en novembre 2010 et l'autre prévu pour juillet 2011. Mais alors pourquoi, tant de succès? Parce que...
Cette saga en 7 tomes comportent ainsi des héros largement identifiables et qui grandissent avec les lecteurs. Le lecteur, comme Harry Potter, comprend manifestement qu'il doit combattre le Mal et ses démons afin de devenir adulte. Ce sont des romans manichéens initiatiques. Plus Harry Potter grandit, plus il en apprend sur lui-même et plus le lecteur s'identifie à ce personnage. Le héros est facilement identifiable, c'est une sorte d'élu qui a perdu dramatiquement ses parents à sa naissance et qui porte au front une marque indélébile de prédestination. Il est écolier à l'école des sorciers, à Poudlard et doit combattre un méchant sorcier Voldemort.
Les livres de J.K. Rowling se caractérisent par un style littéraire dépouillé, avec des phrases courtes, construites de manière simple (il y a très peu d'adjectifs ou de mots compliqués). Unité de lieu, d'action et de temps permettent une lecture facile de ces romans (qui sont pour les 8-11 ans, ne l'oublions pas). Le lecteur sort ragaillardi de la lecture de ces romans, car il a, comme Harry Potter, résolu une énigme rapidement. Harry Potter est un adolescent en construction, marqué par la mort de ses parents. Comme des millions d'adolescents, il est en pleine phase de construction et porte la marque de sa singularité (son originalité?) sur son front. Les "Harry Potter" sont des romans des origines de soi (fantasme universel propre à tous les ados).
Ainsi, derrière les créatures féeriques, les elfes, les Trolls, les magiciens et leurs sorts se cachent une oeuvre à portée universelle, voire politique, pour des ados en voie d'émancipation et en pleine révolte (ainsi, religion, sexualité, racisme et différences sociales sont implicitement évoqués).
Tout lecteur peut facilement s'identifier à Harry Potter; dans les romans, c'est un orphelin, il est maltraité par sa famille d'accueil, rejeté par ses pairs, il a un physique ingrat et il subit bon nombre d'injustices...toutes choses que les lecteurs ont plus ou moins vécu à divers degrés.
Comme dans les romans de J.R.R Tolkien, Rowling a crée son propre monde, ses propres créatures, ses propres codes aussi (vocabulaire spécifique du Mal et de ses démons...), ce qui permet aux fans (aux geeks?) du monde entier de se reconnaître dans cet univers (un peu comme le monde de "Star Wars").
Mais surtout, les romans de JK Rowling sont des romans manichéens, où le Bien doit combattre le Mal (ce sont ainsi deux manières de voir le monde qui s'affrontent, les mondes souterrains contre les mondes des gentils sorciers) et le Bien doit toujours triompher à la fin. Certains exegètes ont même vu dans certains "Harry Potter", un combat flagrant contre le fascisme (exemple du tome 5).
D'autre part, dans les "Harry Potter", la forme (l'expression littéraire") rejoint le fond, à savoir la structure mythique de l'univers (le livre) qui entoure le jeune apprenti-sorcier.
Comme dans tous les livres de mythe, l'histoire d'Harry est d'abord celle d'un parcours existentiel dans un monde symbolique, voire carrément hostile. Dans tous les romans de cette saga, au fond, Harry Potter cherche à rétablir l'équilibre d'une situation originelle destabilisée par l'assassinat de ses parents par le méchant Voldemort.
Ce parcours s'effectuera ainsi dans un univers marqué par des mondes bi-polaires (le monde des sorciers/le monde des Moldus, Poudlard/la forêt, le jour/la nuit...). Les héros des romans se positionnent à l'intérieur de ces systèmes et mondes, ce qui en font bien des romans d'initiation. Bref , Harry Potter est devenu au roman d'initiation ce que le Coca Cola est à la boisson : on sait ce que l'on va trouver et partout dans le monde il y aura quelqu'un avec lequel partager un "Harry Potter".
JK Rowling, Harry Potter, Gallimard
Harry Potter, Les reliques de la mort, première partie, Warner
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